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Entreprises en difficulté, c'est le bon moment pour céder vos activités peu rentables

Vendre aujourd'hui ou après la crise, cette branche d'activité en difficulté ? Beaucoup de dirigeants et leurs directeurs financiers sont face à ce dilemme. Pour Numa Rengot, avocat associé du cabinet Franklin, spécialiste du restructuring, il faut profiter des opportunités de vente dès à présent.

Publié par Stéphanie Gallo le | Mis à jour le
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Entreprises en difficulté, c'est le bon moment pour céder vos activités peu rentables

Si le nombre de défaillances est en baisse, en raison du dispositif massif de soutien déployé par l'Etat, il n'empêche que la crise actuelle place de nombreuses entreprises en difficulté. Les aides se tariront un jour ou l'autre et les prêts devront être remboursés.

> Dans cette perspective, ces entreprises doivent-elles envisager dès à présent la cession de de leurs branches d'activité en difficulté ?

Si une activité n'est plus stratégique pour une entreprise ou si son rendement n'est plus satisfaisant, mieux vaut la céder avant que les difficultés se transmettent au reste de l'organisation. Lorsque le risque d'insolvabilité se rapproche, il vaut toujours mieux vendre in bonis plutôt qu'en redressement judiciaire, même si cela peut être une stratégie ou une alternative.

De plus, paradoxalement, il y a en ce moment beaucoup de liquidités sur le marché, notamment grâce aux PGE, et beaucoup d'acheteurs, en quête de bonnes opportunités. Ces deux éléments permettent de maintenir des prix de cession raisonnables.

> Si c'est possible, ne vaut-il pas mieux attendre des jours meilleurs et une meilleure valorisation de son activité ?

C'est toujours un dilemme. Vendre maintenant à un prix un peu abaissé ou attendre demain un prix potentiellement plus haut mais aussi éventuellement beaucoup plus bas ? L'horizon est incertain. Dans ces conditions, et dans un contexte de liquidités disponibles à un niveau élevé, je conseille de privilégier une vente dès à présent des activités problématiques.


> Quel est le rôle des directeurs financiers dans cette décision ?

Les directeurs financiers sont au premier plan sur ce sujet. Ils sont les mieux placés pour repérer les activités peu performantes ou en perte. Ils doivent en alerter le comité de direction dès qu'ils relèvent une baisse de performance.

> Comment bien " habiller la mariée " ?

Les CFO doivent s'attacher aux indicateurs stratégiques, ceux-ci dépendent de chaque secteur d'activité. Un acheteur ne va pas regarder les mêmes lignes s'il s'agit d'une activité industrielle ou d'une activité informatique par exemple. Si certains indicateurs ne sont pas bons, l'idéal est d'anticiper la cession au moins 18 mois avant pour avoir le temps de bien préparer une revalorisation de ces indicateurs. Il est possible par exemple de vendre des actifs pour injecter du cash dans l'entreprise et présenter des comptes plus reluisants.

Ensuite, il faut opérer un détourage efficace. La branche cédée doit être parfaitement autonome par rapport à la maison mère : en termes de management, de trésorerie ou en encore de propriété d'actifs immobilier par exemple. Un détail, mais qui a son importance : mieux vaut éviter que les sociétés cédées soient tenues par des baux commerciaux dont l'échéance est trop lointaine. Je conseille de les renégocier avec le propriétaire en amont de la cession, afin de laisser les mains libres au repreneur. Ce qu'il appréciera et valorisera. La démarche doit être la même concernant la restructuration sociale. Les acheteurs apprécieront de reprendre une entreprise où les efforts en termes de réduction d'effectifs ont déjà été faits.

> Comment mettre en avant ses atouts ?

Il faut déjà être attentif à l'environnement concurrentiel. S'il y a beaucoup d'offres sur le marché dans le même secteur, cela fera forcément baisser le prix. Il faut donc bien choisir le moment de la mise en vente.

Il est également essentiel de bien retravailler son business plan en retraitant l'impact Covid, afin que les acheteurs puissent identifier plus aisément le potentiel.


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