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Lever des fonds en 2021 : la sélection des start-ups risque d'être plus sévère

Si l'argent est toujours disponible en masse du côté des investisseurs, la crise les engage à sélectionner plus rigoureusement les entreprises innovantes dans lesquelles elles investissent. Décryptage avec Virginie Lazes, associée gérant de Rothschild & Co.

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Lever des fonds en 2021 : la sélection des start-ups risque d'être plus sévère
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> Quel a été en 2020 l'impact de la crise sanitaire sur les levées de fonds opérées par les start-ups ?

Virginie Lazes : 614 millions d'euros ont été levés en 2020 contre 641 en 2019 sur le segment du capital risque. L'année a donc finalement été assez active, même si les process de deals n'ont pas été épargnés par le premier confinement. Tout avait été mis en pause pendant deux mois. Les investisseurs ont, pour la quasi-totalité, demandé des budgets révisés. Mais finalement, dès le mois de mai, les discussions ont repris et plusieurs situations se sont présentées : soit rien n'a été modifié dans le deal, soit des renégociations ont été menées, soit des investisseurs de premier rang ont disparu et ont laissé la place à d'autres investisseurs qui avaient été écartés dans les phases initiales des opérations. Tout cela s'est conclu par une phase de communication importante en juin, juillet et août. La deuxième partie de l'année a, en revanche, enregistré moins d'opérations car nombre de start-ups, jugeant la période incertaine, ont préféré attendre un peu pour se positionner en 2021.

> Comment s'annonce 2021 ? Les capitaux-risqueurs ont-ils été effrayés par cette année 2020 ubuesque ?

V.L : Non, les investisseurs sont toujours là. Et ils disposent de beaucoup d'argent. Ils ont d'autant plus soif d'investir qu'ils n'ont pas pu le faire autant qu'ils le souhaitaient en 2020. En revanche, ils seront certainement plus précautionneux.

> Il sera donc plus difficile de lever des fonds pour une entreprise innovante en 2021 ?

V.L : Sur certains secteurs très impactés par la crise, comme le tourisme ou la culture par exemple, très probablement oui. Pour les autres, ils pourront attirer des VC mais il faut s'attendre à des process de sélection encore plus rigoureux. Que l'année 2020 ait été mauvaise pour la start-up, ou au contraire très bonne, ne signifie pas d'emblée un oui ou un non. Les fonds vont étudier en détail la situation et comprendre si la contre-performance ou l'excellent résultat sont étroitement liés à cette année 2020 exceptionnelle. Les start-ups qui vont se mettre sur le marché de la levée de fonds sur ce premier semestre vont être soumises à un examen de " normalité " très poussé. Pour le second semestre 2021, ce sera moins vrai, elles pourront faire état d'un premier semestre plus " normal ". Du moins, on peut l'espérer.

> Critères de sélectivité plus rigoureux, cela signifie que les start-ups vont devoir se rendre plus attractives ?

V.L : Oui, c'est certain. Et puis, je crois que cela va en amener un certain nombre à revoir leur modèle. Il y a encore peu de temps, la rentabilité d'une start-up n'était pas un sujet dans le venture capital. Depuis 2019, et surtout depuis 2020 avec la crise, les investisseurs attendent désormais qu'on leur montre un chemin vers la rentabilité à une échéance de trois ou quatre ans. Cette donnée doit être désormais intégrée intrinsèquement dans le modèle de l'entreprise. Il n'est plus possible d'annoncer une rentabilité à 10 ans.

> Malgré tout, est ce que les jeunes entreprises en recherche de fonds peuvent se payer le luxe de choisir leurs investisseurs ?

V.L : Tout dépend évidemment de leur niveau d'attractivité, mais il est certain qu'il y a aujourd'hui beaucoup d'argent sur la table, beaucoup d'argent à investir. Celles qui le souhaitent peuvent donc se tourner vers la smart money si elles le souhaitent. Il n'y a pas de bon et de mauvais argent. Le meilleur est celui qui correspond le mieux au projet de l'entreprise : besoin de liquidités, ou d'ouvrir des portes, de compétences etc.





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