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Restructurations : quels effets sur les salariés ?

En lien avec le Covid-19, les restructurations d'entreprise se sont accélérées ces dernières années. Un phénomène qui a des conséquences sur les salariés et qui tend à creuser le fossé entre les différentes catégories d'emplois. Décryptage.

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
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Restructurations : quels effets sur les salariés ?

La crise sanitaire a marqué un tournant dans la transformation des entreprises. Selon Mazars, un salarié sur deux déclare avoir vécu une ou plusieurs restructurations des activités de son entreprise au cours de cette période. Dans ce contexte, le cabinet de conseil a conduit une étude en mai 2022 en partenariat avec l'institut de sondage CSA. Objectif : comprendre comment sont perçus les projets de réorganisation des entreprises par les salariés, tout en les mettant en perspective avec la vision des dirigeants et la situation économique actuelle.

La plupart des restructurations concernent les volets numérique, foncier et managérial de l'entreprise. "La digitalisation de certains process et la nécessité de fédérer son équipe dans un contexte de distanciation sociale et de télétravail impose de nouvelles pratiques managériales", précise Raphaël Bolard, associé chez Mazars.

Des salariés plutôt dubitatifs

Problème : l'étude révèle que la plupart des salariés sont souvent dubitatifs face à ces transformations. Ils leur attribuent une note moyenne de 6/10. Les meilleures notes sont décernées aux transformations liées à une amélioration de l'impact social et environnemental (ce qui concerne 18 % des sondés). "Il est plus facile d'aligner la vision des collaborateurs et celles des dirigeants sur des thématiques RSE qui intéressent, aujourd'hui, tout le monde", constate Raphaël Bolard.

83 % des répondants indiquent être dans une position attentiste vis-à-vis de la ou les transformation(s). Globalement, les répondants sont assez partagés sur ces transformations : 60 % les considèrent comme bénéfiques, 30 % d'entre eux ne parviennent pas à se positionner tandis que 10 % estiment que ce n'est pas une bonne chose. Parmi les effets potentiellement négatifs engendrés par ces réorganisations, 60 % des répondants affirment que cela ajoute du stress dans leur travail et 54 % expriment de l'inquiétude. Cela est particulièrement vrai pour les salariés d'entreprises en difficulté économique ou en pleine réorganisation juridique.

Des objectifs différents

"Nous observons un sentiment d'overdose de certains salariés vis-à-vis de ces projets de réorganisation qui s'enchaînent et se télescopent. Cela va souvent trop vite, or la phase d'adaptation nécessite du temps", analyse Raphaël Bolard. Avant d'ajouter : "La question de l'utilité de la transformation doit se poser, d'autant que certaines études ont montré que 70 % des projets de ce type n'aboutissent pas aux objectifs fixés initialement". A noter que les catégories se sentant les moins concernées par la transformation sont les jeunes et les métiers d'ouvriers et d'employés. En revanche, les managers semblent mieux percevoir les transformations en cours et s'estiment plus investis et motivés. Une situation qui contribue à creuser le fossé entre ces catégories.

Par ailleurs, l'étude révèle une différence entre les objectifs poursuivis par les transformations opérées par les entreprises et les attentes des salariés. Alors que le but d'une restructuration est souvent de générer de la productivité et de la rentabilité, les collaborateurs attendent, eux, qu'elle apporte une meilleure qualité de vie au travail. En outre, la plupart des collaborateurs aimeraient être mieux informés et accompagnés vis-à-vis de ces transformations. 54 % des sondés espèrent davantage de communication et 42 % davantage de transparence. "Il est important de penser les réorganisations avec un oeil beaucoup plus collaboratif", conclut Raphaël Bolard.

Méthodologie de l'étude

Intitulée "la restructuration des entreprises du point de vue des salariés", cette étude a été réalisée par Mazars en partenariat avec l'institut de sondage CSA. Ces derniers ont interrogé un échantillon de 1003 salariés français du secteur privé et public à l'aide d'un questionnaire quantitatif autoadministré en ligne du 9 au 18 mai 2022.

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