Comment développer sa capacité à innover ? - Entretien avec Sylvie Brémond Mookherjee

>Vous venez de publier un livre sur le savoir-innover chez L'Harmattan. Pourquoi un tel ouvrage ?

J'ai voulu, à travers ce livre, mettre en avant la méthode du savoir-innover, qui s'inspire des meilleures pratiques d'innovation et de coaching que j'ai pu observer tout au long de ma carrière. Après un parcours dans l'innovation et les RH chez Orange et L'Oréal, je dirige depuis 11 ans le cabinet de coaching Innovation Blossom. Cela m'amène notamment à accompagner des dirigeants sur des projets de transformation. J'enseigne également le management de l'innovation à la Sorbonne.

>En quoi est-ce important de développer sa capacité à innover dans le contexte actuel ?

De nombreux métiers et organisations sont aujourd'hui concernés par des transformations. Début 2021, j'ai mené une enquête* auprès de 100 professionnels de l'innovation et du développement personnel. Dans ce cadre, 92 % des répondants ont affirmé que l'innovation permettra de relever les défis du nouveau monde, une prise de conscience qui a été accélérée par la crise sanitaire.

>Quel rôle joue le Daf dans le processus d'innovation ?

Le directeur financier est une fonction régalienne, qui amène une certaine stabilité dans l'entreprise. On ne s'attend pas forcément à ce que ce profil assez analytique fournisse des idées. Néanmoins, il a un rôle clé dans le processus d'innovation. Ce dernier ne se limite pas, contrairement à certaines idées reçues, à la phase d'idéation. Dans mon livre, je détaille les quatre étapes clés du processus d'innovation, à savoir la clarification, l'idéation, la solution et l'action. Typiquement, le Daf apporte sa contribution dans la première phase de clarification du problème mais également dans la phase de solution, qui consiste à prendre les décisions et faire un arbitrage pour se tourner vers la meilleure idée. Ils peuvent également être amenés à intervenir dans la dernière étape de mise en action.

>Comment les Daf peuvent-ils développer cette aptitude de savoir-innover ?

En général, les Daf me sollicitent quand leur entreprise se transforme et qu'ils ne se sentent pas à l'aise avec cela. Une des premières choses que je travaille avec eux est de déceler l'intérêt d'un tel changement car ils n'y adhéreront que si cela fait sens pour eux. Je leur conseille aussi de développer leur créativité par un biais qui sort de la finance, à travers des activités artistiques extérieures par exemple. Il s'agit d'une softskill importante dans le processus d'innovation que les Daf doivent développer car on leur demande de plus en plus de trouver des solutions, et donc d'être plus créatifs.

>En dehors de la créativité, quelles sont les softskills importantes pour le savoir-innover ?

Dans mon ouvrage, j'ai identifié 12 softskills à développer pour chacune des quatre étapes du processus d'innovation. Les DAF apportent principalement leur contribution dans les phases de clarification et de solution qui demandent de développer des capacités d'analyse, de conscience, d'empathie, de courage, de persévérance et de savoir concilier les opposés.

^{*Enquête Innovation Blossom intitulée : "Le leader de demain : soft skills et innovation".}