Les salariés "boomerang" de plus en plus nombreux dans la finance
Après avoir démissionné, certains cadres décident de retourner dans leur entreprise initiale. Cette tendance RH, appelée salariés "boomerang", se développe et concerne notamment les cadres de la finance.
Alors que le phénomène de "Grande Démission" a pris de l'ampleur après le Covid, une autre tendance RH semble gagner du terrain, celle des "salariés boomerang". Concrètement, il s'agit des collaborateurs regrettant leur démission et revenant chez leur ancien employeur. Selon une récente étude* menée par le cabinet de recrutement Robert Walters, 6 cadres sur 10 souhaiteraient retourner chez leur précédent employeur, mais sous certaines conditions. 35 % d'entre eux ne le feraient que si le management change et 21 % avec une meilleure rémunération. Par ailleurs, 48 % des cadres démissionnaires reconnaissent que leur employeur actuel ne répond plus aux besoins pour lesquels ils ont quitté leur précédente organisation.
Des cadres de la finance regrettent leur démission
Du côté de la finance, cette tendance semble également se confirmer. "Nous constatons que certains cadres de la finance nous sollicitent car ils regrettent leur démission et souhaitent se remettre à l'écoute du marché. Certains d'entre eux retournent même chez leur ancien employeur", explique Ilann Boukais, senior manager de la division finance et banque d'investissement chez Robert Walters. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce revirement de position. "Depuis le covid, les process de recrutement sont beaucoup plus rapides car la plupart des entretiens sont réalisés en visioconférence. Certains candidats, qui postulaient parfois par simple curiosité, se prennent au jeu, acceptent un peu trop rapidement un nouveau poste et regrettent ensuite leur décision", décrypte Ilann Boukais. Par ailleurs, l'inflation pousse également certains cadres de la finance à aller chercher une hausse de salaire à l'extérieur.
Un impact positif pour la marque employeur
L'expert RH est également mandaté par des entreprises pour intégrer d'anciens candidats dans des process de recrutement. "Cela est assez nouveau. Désormais, certains clients accordent beaucoup d'importance à l'offboarding, accompagnent au mieux le départ de leur salarié et gardent contact avec lui pour le reprendre au cas où cela ne se passerait pas bien", souligne-t-il. Selon l'étude de Robert Walters, 72 % des répondants ont d'ailleurs déclaré garder des relations avec leur précédent manager, que ce soit pour ses conseils professionnels, dans l'éventualité de revenir ou simplement parce qu'ils s'entendaient bien avec lui.
Du côté des managers, 85 % ont indiqué envisager de recruter un ancien collaborateur, s'il s'agit d'un bon élément. Et pour cause : réintégrer un ancien employé a un impact positif pour la marque employeur et peut contribuer à retenir les talents. "Cela peut être un outil de promotion en interne et une fierté pour une entreprise qu'un salarié souhaite revenir", confirme Ilan Boukais. Avec toutefois un point de vigilance. "Les salariés qui retournent chez leur ancien employeur obtiennent souvent des avantages. Il ne faut pas que ce soit perçu par les autres collaborateurs comme un levier de promotion car cela pourrait les encourager à faire la même chose", souligne-t-il. Face à la pénurie de talents dans la finance, réintégrer d'anciens collaborateurs déjà formés aux process de l'entreprise reste toutefois une piste intéressante pour les directeurs financiers.
* Enquête menée auprès de plus de 1600 cadres en France, au cours du second trimestre 2023.
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