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Détresse psychologique des salariés : une situation qui ne s'améliore pas

La santé mentale des salariés demeure très dégradée avec 41% d'entre eux qui se déclarent en détresse psychologique et 2,5 millions de personnes en burnout sévère, selon le 10e baromètre du cabinet Empreinte Humaine. Un mal-être qui pourrait entraîner dans les prochains mois une augmentation des arrêts maladie et une grande vague de démissions.

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Détresse psychologique des salariés : une situation qui ne s'améliore pas

Les perspectives de vacances et la fin de plusieurs confinements et mois de restrictions auraient pu apaiser le moral des salariés. Ce n'est pourtant pas la perception livrée par le 10e baromètre du cabinet « Empreinte Humaine », spécialisé dans la prévention des risques psycho-sociaux et la qualité de vie au travail, jeudi 7 juillet 2022. Les indicateurs de l'état de santé mentale des salariés demeurent très inquiétants. La détresse psychologique des collaborateurs s'établit à 41% dont 14% élevée. C'est un point de plus que mars 2022. Ce sont au total 34% des salariés qui sont en burnout dont 13% en burnout sévère soit 2 500 000 personnes. C'est trois fois plus que le niveau d'avant crise. « Ces troubles engendrent une hospitalisation et un suivi psychologique », rapporte Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d'Empreinte Humaine. Une situation qui ne s'améliore pas.

Ces chiffres reflètent même une dégradation de la santé mentale des salariés deux fois plus importante que dans d'autres pays comme le Canada. « Les actions pertinentes n'ont pas encore été mises en oeuvre dans les entreprises. L'incertitude de la guerre en Ukraine, les problématiques de pouvoir d'achat sont source de détresse psychologique pour les salariés. La fatigue est très présente, l'expérience de travail pas optimale. Les arrêts maladies pour motifs psychologique risquent de continuer à augmenter dans les prochains mois avec un coût pour l'entreprise mais également pour la société dans son ensemble », ajoute Christophe Nguyen. Un tiers des travailleurs confient que le télétravail n'est pas encore bien installé dans leur entreprise et la moitié d'entre eux pense qu'il reste pas mal de choses à régler pour bien mettre en place le télétravail dans leur organisation.

Un climat de travail plus difficile

Les jeunes de moins de 29 ans (60%), les femmes (46%) et les managers (43%) sont les plus touchés. « Le télétravail est un vrai sujet pour les managers. Au-delà du fait qu'on incite à manager avec plus de confiance, la crise les a bousculés dans leurs repères managériaux. Beaucoup sont décontenancés, ne savent plus comment poser des cadres, n'osent plus recadrer leurs équipes, par peur de passer pour quelqu'un d'autoritaire. Il faut donc les accompagner, envisager des formations », constate Christophe Nguyen. Les managers évoquent par ailleurs dans cette étude une montée de l'individualisme et un effritement des collectifs de travail. A cela s'ajoute la question de l'augmentation de la charge de travail, parfois favorisée par le télétravail et le contexte de crise. 59% des salariés déclarent qu'on leur demande de plus en plus en termes de charge de travail. Ils sont par ailleurs 39% à confier qu'on leur donne des objectifs sans donner le sens ni l'utilité.

Les candidats au départ de plus en plus nombreux

Des insatisfactions et un mal-être qui pourraient entraîner une grande vague de démissions. Selon l'étude, 4 salariés sur 10 veulent quitter leur entreprise, soit 5 points de plus par rapport en mars 2021. « Ceux qui veulent partir sont plus en détresse psychologique que les autres. La crise a doublé les intentions de départ. L'enjeu pour les entreprises est donc de travailler sur ces sujets, d'agir sur les conditions de travail », commente Christophe Nguyen.

En dépit de cette flambée des risques psychosociaux, les salariés estiment qu'il existe encore trop peu d'implication sur des actions de prévention de la part de leur direction générale. 2/3 des personnes sondées déplorent qu'elles ne prennent pas la mesure de l'état de fatigue générale de leurs troupes. Au-delà de la documentation de la détérioration de la santé mentale, par des bilans ou des diagnostics, les collaborateurs attendent des actions d'accompagnement adaptées. Pas de simples rustines, mais des actions concrètes sur l'organisation et les conditions de travail.

Etude réalisée par Opinionway du 20 au 30 juin 2022, auprès d'un panel de 2016 salariés français

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