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« Il est important d'aller à la rencontre des personnes que l'on souhaite engager »

De nombreuses entreprises font face à des difficultés pour créer de l'engagement auprès de leurs salariés. Décryptage avec Bertrand Coty, président de Business & Content Communication (BCC), un cabinet qui accompagne les entreprises dans une démarche de création d'engagement.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
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« Il est important d'aller à la rencontre des personnes que l'on souhaite engager »

Pourquoi observe-t-on un désengagement des équipes ?

Ce désengagement n'est pas général, il faut sans doute nuancer le propos. Mais en effet, il est plus complexe aujourd'hui d'engager ses parties prenantes. Ceci est en lien avec le contexte actuel : incertitude, anxiété, perte de repères, manque de confiance envers la hiérarchie et plus globalement les élites, etc. Le réengagement des équipes en entreprise est aujourd'hui devenu une notion essentielle. Cette notion a commencé à fleurir en 2008 avec la crise financière. Au départ, il s'agissait essentiellement d'un élément de communication et cela était davantage perçu comme un coût pour l'entreprise. L'utilité de la démarche n'était pas forcément visible au premier abord. Mais à partir de 2017-2018, nous avons commencé à constater, notamment au travers d'études menées aux États-Unis, que les entreprises qui avaient initié des actions d'engagement étaient plus créatives, plus attractives et généraient plus de profits.

Comment créer l'engagement au sein d'une entreprise ?

L'engagement des équipes est très lié à la démarche RSE et aux messages que souhaite véhiculer l'entreprise. Au sein de notre cabinet, nous avons identifié trois points clés. Tout d'abord, il faut que la proposition d'engagement de l'entreprise soit au maximum en cohérence avec sa raison d'être. À titre d'exemple, un constructeur automobile peut travailler sur la mobilité et être sponsor du handisport. Un bailleur social peut être porteur d'un engagement sur le thème de la biodiversité sur le lieu de vie. Ce sont des thèmes cohérents. Il faut ensuite construire une gouvernance interne autour de la notion d'engagement avec la nécessité d'un management transversal. L'engagement n'est pas une démarche hiérarchique. Ceci implique d'associer différents publics dans différentes fonctions au sein de l'entreprise. Enfin, il est important d'aller à la rencontre des personnes que l'on souhaite engager, d'identifier leurs doutes, leurs craintes et leurs freins, mais aussi leurs attentes, leurs motivations parfois secrètes. Si l'on souhaite engager des salariés et plus globalement ses parties prenantes comme des fournisseurs ou les clients, il est primordial d'apprendre à les connaître et à privilégier l'aspect relationnel en direct avec eux.

On parle aussi beaucoup du cadre et de l'organisation de travail comme facteurs d'attractivité des talents. Pensez-vous que les entreprises doivent aussi axer leurs efforts sur ces éléments ?

Le cadre de travail est important, mais ce n'est pas cela qui pousse les collaborateurs à se lever chaque matin pour aller au bureau. Il faut d'ailleurs être vigilant vis-à-vis du télétravail qui soulève plusieurs questions. Comment peut-on réengager des personnes qui travaillent chez elles dans une démarche commune ? Pour engager les collaborateurs, il est important d'axer ses efforts sur leur raison d'être et la raison d'être de l'entreprise et de donner des lignes d'horizon qui dépassent la fonction de l'entreprise. L'entreprise doit donner plus qu'elle ne prend en intégrant une dimension sociétale et environnementale à son action. Pour autant, il ne faut pas oublier la notion de profits derrière tout cela, car une entreprise aura plus de chance de remporter des contrats, de fidéliser ses clients, d'obtenir des investissements et d'être attractive pour de nouveaux salariés si elle est engagée sur des sujets forts et qu'elle réussit à créer un esprit d'équipe ascendant autour de ses valeurs.

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