Recherche

Recrutement : les PME & ETI ne font pas assez rêver les candidats

Une majorité de PME et ETI rencontrent des difficultés de recrutement, ce qui impacte fortement leur chiffre d'affaires, selon une récente étude de Bpifrance Le Lab. Entre autres facteurs explicatifs : leur manque d'attractivité auprès des candidats qui leur préfèrent grands groupes et start-up.

Publié par Carine Guicheteau le | Mis à jour le
Lecture
4 min
  • Imprimer
Recrutement : les PME & ETI ne font pas assez rêver les candidats

57 % des PME et ETI estiment manquer de talents pour grandir, selon l'étude "Attirer les talents dans les PME et les ETI" de Bpifrance Le Lab, rendue publique le 15 janvier 2018. Plus de quatre entreprises sur cinq rencontrent des difficultés de recrutement, et plus de deux sur cinq des problèmes de fidélisation. Pire, pour près de la moitié des entreprises interrogées, la problématique récurrente du recrutement a un impact négatif sur leur chiffre d'affaires.

Le think tank dédié aux ETM de la banque publique avance plusieurs facteurs explicatifs. Certains obstacles ont une source interne. L'étude souligne en effet l'exigence et l'aversion au risque des petites structures en matière de recrutement qui ne peuvent se permettre une erreur de casting ou de prendre en charge des coûts élevés de formation. Résultat, les recrutements sont longs, voire annulés.

Autre frein majeur aux recrutements : le manque de structuration, voire l'absence de fonction RH. Près de 20 % des entreprises de 100 à 249 salariés n'ont ni RRH (responsable des ressources humaines), ni process RH ! Logiquement, les ETI sont mieux loties, même si 5 % d'entre elles ne disposent pas non plus de RRH et 15 % de process RH.

En revanche, les entreprises sont également confrontées à des obstacles externes comme la pénurie de compétences en particulier sur les profils opérationnels (techniciens, ouvriers, chauffeurs...) et commerciaux.

Image des ETM : les préjugés ont la vie dure

Dernière problématique et non des moindres : le manque d'attractivité des PME et, dans une moindre mesure, des ETI, que ce soit au niveau de leur implantation géographique, ou face aux grands groupes et start-up. Ce dernier facteur est à la fois endogène et exogène.

D'une part, les ETM ont du mal à rivaliser avec la notoriété et les avantages proposés par les grands groupes. Et, surtout, elles manquent de savoir-faire pour faire savoir et valoriser leurs atouts.

D'autre part, dans l'imaginaire collectif, les grandes entreprises riment avec prestige, confort, sécurité, rémunération ou encore perspectives de carrière et les start-up avec aventure, modernité, management horizontal ou encore accès au capital. Quant aux PME, le terme ne renvoie pas ou peu une image positive, selon Bpifrance Le Lab. Les préjugés perdurent et les candidats associent encore trop souvent les PME à des modes de management autoritaire ou paternaliste.

Concrètement, voici les points faibles perçus par les diplômés d'école de commerce et d'ingénieurs :

  • Les ETM ne sont pas socialement valorisantes du fait de l'absence de marques, de réputation et de visibilité.
  • Les ETM sont moins-disantes sur les aspects sociaux.
  • Les ETM n'offrent pas de perspectives d'évolution.
  • Les ETM vivent trop dans le passé et ne se projettent pas dans l'avenir.
  • Perçues comme fragiles au niveau économique, les ETM ne sont pas sécurisantes.

Coincées entre les sémillantes start-up et les sécurisantes grandes entreprises, les PME et ETI ont pourtant bien des atouts à faire valoir : convivialité, proximité relationnelle, agilité, autonomie et responsabilisation... Chaque entreprise peut faire rayonner sa marque employeur facilement et sans grands investissements financiers.

Changer les regards sur les ETM

Néanmoins, seules des initiatives d'ampleur et de fond pourront faire évoluer les mentalités. " En France, il n'existe pas de marque employeur PME ", déplore Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. Il est nécessaire de construire collectivement un imaginaire attrayant autour de cette majorité invisible. " Un premier pas a été franchi avec la création et la promotion de la French Fab, considère Nicolas Dufourcq. C'est l'un des moyens permettant de valoriser la marque employeur des PMI tricolores, de les rendre sexy auprès des candidats. "

Et c'est notamment auprès des futurs actifs que des actions doivent être menées. Des initiatives pour rapprocher les ETM des étudiants existent, à l'image du plus beau stage du monde de Bpifrance, mais leur portée est limitée. Changer la perception des candidats sur les PME et ETI nécessite un effort collectif d'envergure.

Sur le même thème

Voir tous les articles RH
S'abonner
au magazine
Retour haut de page