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Partage de la valeur : demain, tous actionnaires ?

Thématique porteuse, l'actionnariat salarié collectif fait partie des sujets poussés par le projet de loi Partage de la valeur. Et si son impact macro-économique reste pour l'heure très modeste, ses atouts ont de quoi susciter l'intérêt des daf.

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Partage de la valeur : demain, tous actionnaires ?

« Le patrimoine des ménages en France pèse environ cinq fois le PIB annuel du pays, dont 60% en biens immobiliers. Sur les 40% restants, 30% sont investis dans les entreprises, essentiellement via l'intéressement et la participation, pour un total équivalant à 70% environ du PIB annuel. Cette part-ci de l'épargne des ménages augmente depuis une décennie, c'est ma conviction, et elle appelle à faire évoluer dans les entreprises la manière dont on partage les revenus issus du capital. L'actionnariat salarié est aujourd'hui incontournable. Sauf que macro-économiquement, il est insignifiant » , a souligné l'économiste Jean Peyrelevade lors d'une table-ronde organisée le 16 octobre dernier par Equalis Capital sur l'actionnariat salarial.

Paradoxe français

Un paradoxe français en somme, au moment où le projet de loi Partage de la valeur vient d'être adopté par les sénateurs, visant, à côté de l'élargissement des dispositifs de redistribution des bénéfices, le développement de l'actionnariat salarié. « Dans nos métiers du capital-investissement, nous avons eu tendance à pousser l'intéressement, fiscalement attractif, relève Bertrand Rambaud, président de France Invest. L'actionnariat salarié, c'est autre chose, qui s'inscrit dans la durée, sur le partage d'une valeur dont une grande partie est jusqu'à présent partie vers les dirigeants. Il y a une responsabilité collective à rééquilibrer la donne. Les attentes sur le sujet sont fortes, et la boîte à outils pour les adresser est prête. »

Car si, comme le remarque Me Emmanuelle Barbara, associée du cabinet August Debouzy, « l'actionnariat relève moins de l'épargne salariale qu'il ne vise la fidélisation sur la durée des collaborateurs, ce qui ne correspond pas forcément avec la réalité aujourd'hui du rapport au travail », le sujet n'en intéresse pas moins les salariés. C'est d'ailleurs l'un des enseignements du dernier Baromètre de l'actionnariat salarié d'Equalis Capital, mené auprès de 65 entreprises non cotées ayant mis en place un FCPE d'actionnariat, pour un total de 118 000 salariés, dont 38 000 à l'international. En 2023, un collaborateur sur deux travaillant dans l'une des sociétés suivies par l'indice Equalis en est également actionnaire, encouragé par des mécanismes d'aides mis en place par 79% des entreprises du panel.

Un salarié sur deux actionnaire

Et, fait révélateur, pas moins de 28% des sommes investies par les salariés sont issues de versements volontaires, en sus de l'intéressement de la participation, ou de l'abondement. Côté salariés, l'intérêt à l'actionnariat paraît donc solide, ce qui est moins le cas des dirigeants d'entreprise. « Cela reste le frein principal à une diffusion plus large, souligne Jean-Philippe Debas, Président d'Equalis Capital. Les dirigeants aiment choisir qui devient actionnaire et à quelle hauteur. Pour qu'ils basculent vers l'actionnariat salarié collectif, ils doivent y trouver un intérêt évident. » Comme Equalis Capital elle-même, dont les collaborateurs, également actionnaires, acceptent de voir leurs heures au-delà du seuil réglementaire payées en actions de la société de gestion, gains de productivité sans frais de personnel supplémentaires à la clé.

Ou comme certains des quelque 480 dirigeants regroupés au sein de CroissancePlus. « Même s'il reste des sujets, sur le sursis d'imposition ou s'agissant des bas salaires, sur la compatibilité entre actionnariat salarié et accès aux minimas sociaux, il y a aujourd'hui un alignement d'intérêts en faveur de l'actionnariat salarié collectif, appuie Audrey Louail, Présidente de l'association d'entrepreneurs. C'est un facteur-clé de motivation, d'implication des équipes, d'attractivité aussi des entreprises, qui peuvent utiliser l'actionnariat pour prospecter et attirer des profils a priori pas intéressés. » De quoi anticiper une vague d'ouvertures du capital de sociétés à leurs salariés ? « La participation est installée dans toutes les entreprises de plus de 50 employés, observe Jean Peyrelevade. Pourquoi ne fait-on pas obligation aux entreprises distribuant de la participation de proposer, aussi, d'investir ces sommes en capital de l'entreprise ? »




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