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R&D : et si vous recrutiez des jeunes docteurs (PhD) au lieu d'ingénieurs ?

Pour une entreprise innovante, le recrutement en R&D passe par plusieurs solutions : des ingénieurs classiques, des docteurs français ou des docteurs étrangers. Mais selon sons ecteur d'activité et sa stratégie de développement, notamment à l'international, tous les recrutements ne se valent pas.

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R&D : et si vous recrutiez des jeunes docteurs (PhD) au lieu d'ingénieurs ?

Opter pour un profil d'ingénieur, de docteur français ou de docteur étranger dans le cadre d'un recrutement en R&D, n'aura pas la même finalité pour une entreprise innovante car tous n'apportent pas la même valeur à l'entreprise. À l'heure où la " start-up nation " facilite le recrutement des " cerveaux " venus de l'étranger avec les French Tech Visa, faisons un petit point sur le sujet.

Freiner le doux déclin des docteurs en France

En France, en 2017, près de 15.000 personnes ont décroché un doctorat (PhD), dont la moitié dans les domaines scientifiques, selon le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Si le nombre de doctorats délivrés reste stable, celui des étudiants inscrits en doctorat (73 508 en 2017) est en baisse continue depuis 2009.

Un climat général favorable (la promotion du doctorat, la reconnaissance symbolique via par exemple la médiatisation, etc), des conditions attractives pour conduire sa thèse et des perspectives favorables (rémunération, débouchés professionnels) rendraient le doctorat plus attractif et permettraient de ralentir son déclin, voir de relancer l'intérêt pour le doctorat en France.

Cédric Villani, député de l'Essonne et médaillé Fields regrettait d'ailleurs la faible reconnaissance du doctorat, en particulier dans le monde de l'entreprise. Alors que le titre de docteur est "quelque chose que l'on arbore fièrement, et qui est pris en compte à l'étranger", il existe selon lui une sorte d'exception française qui donne la primauté au diplôme d'ingénieur.

Pour maintenir son leadership en terme d'innovation, la France a tout intérêt à encourager les entreprises à recruter de jeunes docteurs.

Docteur ou ingénieur ?

L'un des premiers éléments à prendre en compte est que " docteurs " et " ingénieurs " ne sont pas interchangeables. De par leurs formations, les ingénieurs sont immédiatement prêts à s'insérer dans l'entreprise. Ils ont depuis leurs études une démarche classique de travail proche du monde professionnel.

La vocation des docteurs, quant à eux, est de faire de la recherche fondamentale, de la recherche appliquée, ou des développements expérimentaux, dans le secteur public ou dans le privé, sur des sujets voisins de ceux de leur thèse. Ce travail de thèse, fait en grande autonomie, leur a permis d'affiner leurs capacités à assimiler des sujets variés en ayant des idées propres. Traditionnellement, par rapport à l'ingénieur, plus formaté dans ses études, le docteur apporte un regard plus innovant, un petit grain de folie... Il est donc capable d'aller chercher des solutions en prenant des chemins de traverse par rapport aux procédures habituelles. ?

La frontière entre le monde universitaire des docteurs et le monde entrepreunarial plus habitué aux ingénieurs a également évolué. L'université s'est ouverte à l'entreprise par le biais de partenariats (comme des chaires sponsorisées) et les entreprises bénéficient d'aides pour intégrer de jeunes docteurs au sein de leurs R&D.

Ainsi le statut de " Jeune Docteur " permet de reprendre dans le calcul de l'assiette du Crédit Impôt Recherche (CIR) quatre fois la charge salariale pour l'entreprise dudit docteur. Sachant que c'est à partir de cette assiette que le CIR est calculé, à hauteur de 30 % de la dépense R&D, le coût du jeune docteur est couvert... et au-delà !

Un jeune docteur payé 100 € (salaire brut chargé), et affecté intégralement aux projets de R&D, rapporte à l'entreprise 120 € de CIR ! (100 x 4 X 30 % = 120). À deux conditions toutefois : que ce soit le premier CDI dudit docteur depuis la date de sa thèse, et que l'effectif de l'entreprise affecté à la R & D n'ait pas baissé par rapport à l'année précédente. De plus ce statut très privilégié de Jeune Docteur ne s'applique que pendant 24 mois à compter de l'embauche.


Recruter à l'étranger ?

Toutes ces dispositions s'appliquent aux docteurs français comme étrangers. Mais, dans certains secteurs en pénurie de main-d'oeuvre, les ressources intellectuelles dont vous avez besoin se trouvent peut-être à l'étranger. Avec le French Tech Visa (également connu sous le nom de Passeport Talent Entreprises Innovantes), les démarches pour recruter un docteur étranger sont nettement simplifiées.

En tant qu'employeur vous pouvez en faire bénéficier vos futurs employés si votre société est enregistrée en France et qu'elle remplit au moins l'une des conditions suivantes : être éligible au statut de JEI (jeune entreprise innovante), avoir reçu des aides aux titres de l'innovation (comme le Crédit Impôt Recherche) dans les cinq dernières années, être en partie détenue par une structure française de Venture Capital, ou avoir été accompagnée au cours des cinq dernières années par une structure d'Incubation ou d'Accélération française. Si vous répondez à ces critères, vous pouvez faire une demande de visa en ligne gratuitement. Les docteurs étrangers (et même les ingénieurs !) que vous embaucherez devront eux disposer d'un contrat de travail d'au moins trois mois et d'un salaire brut équivalent à au moins deux fois le SMIC.


Larry Perlade, CEO et fondateur de NÉVA. Après 12 années d'expérience dans les domaines de l'art et du luxe, il a créé NÉVA en 1995 et accompagne les PME dans leur recherche de financements publics depuis plus de 20 ans. Larry Perlade est diplômé d'HEC, de l'Université de UC Berkeley (Californie) et de l'ESADE (Barcelone).

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