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Budget : la France moins dépensière que le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni et la France ont, coup sur coup, annoncé de nouvelles mesures budgétaires pour 2023. Dans une note d'analyse, le cabinet de conseil Asterès s'est attelé à les comparer. Décryptage.

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
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Budget : la France moins dépensière que le Royaume-Uni

Le 23 septembre 2022, le gouvernement britannique a dévoilé un cocktail de mesures budgétaires. Objectif : atténuer l'inflation (qui s'établie aux alentours de 10 % au Royaume-Uni) et relancer la croissance, au plus bas. Pour cela, Kwasi Kwarteng, le nouveau chancelier de l'Échiquier, a annoncé un gel des factures de gaz et d'électricité et des réductions d'impôts, qui ciblent notamment les ménages les plus aisées. Pour la tranche supérieure, il envisageait de baisser l'impôt de 45 % à 40 %, ce qui a fait polémique. "Les mesures concernant l'allégement de la facture d'énergie sont plutôt cohérentes. En revanche, il est plus difficile de comprendre le plan prévoyant une baisse d'impôts, en particulier pour les plus fortunés. Cela ne semble pas répondre aux priorités du moment (inflation, crise énergétique), d'où une certaine incompréhension de la part des économistes", analyse Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès. Selon Asterès, le coût total de ces mesures pourrait dépasser les 100 milliards de livres (dont 45 Mrds de livres sur cinq ans pour les baisses d'impôts). "Ces dépenses élevées ne ciblent pas particulièrement les entreprises touchées par la hausse de l'énergie mais sont principalement destinées aux ménages", précise Sylvan Bersinger.

Un vent de panique sur les marchés financiers

Des estimations qui ont plongé les marchés financiers dans la tourmente. La livre sterling a chuté à un plus bas niveau historique et les taux souverains ont brutalement augmenté. Selon Asterès, cette réaction des marchés peut traduire un doute quant à la solidité des finances publiques britanniques. "En général, lorsqu'un pays développé annonce des baisses d'impôts pour les plus fortunés, cela a plutôt tendance à attirer des capitaux", souligne Sylvain Bersinger. De même, des déficits publics élevés laissent, en général, anticiper une hausse des taux d'intérêt de la banque centrale, ce qui, normalement, suscite l'intérêt des investisseurs. "Or ce n'est pas du tout le cas. La réaction des marchés est celle qui accompagne d'ordinaire les annonces de creusement du déficit public dans les pays émergents qui présentent des finances publiques fragiles", constate l'économiste. Dans ces pays, un déficit plus élevé est souvent synonyme de risque de défaut souverain, incitant les investisseurs à retirer leurs capitaux du pays, ce qui provoque une dépréciation de la monnaie nationale.

La France se montre plus prudente

En parallèle, la France a présenté le 26 septembre son projet de loi finances pour 2023. "Si l'on compare à la stratégie britannique, le gouvernement français se montre plus prudent et moins dépensier", note Sylvain Bersinger. Le cabinet de conseil estime cependant que les prévisions du gouvernement sont plutôt optimistes en termes de déficit public. "Il table sur un déficit public de 5 % du PIB en 2022 et en 2023. Ce scénario est basé sur une croissance économique de 2,6 % en 2022 et de 1% en 2023", détaille l'économiste. Asterès anticipe plutôt 2,5 % de croissance cette année et 0,5 % en 2023, au vu de la grande incertitude énergétique et géopolitique. "Pour autant, je ne pense pas que les mesures prises par le gouvernement français entraîneront une crise de la dette publique comme en Angleterre. Si les estimations sont un peu optimistes, elles ne sont pour autant pas hors des clous", indique Sylvain Bersinger. Ces mesures n'ont, de fait, pas entraîné de réaction notable sur les marchés financiers. "Suite à ces annonces, l'euro n'a pas bougé et nous n'avons pas observé une hausse des taux", confirme Sylvain Bersinger. Si la France se montre moins dépensière que son voisin d'outre-Manche, elle devrait rester en mesure de soutenir les entreprises. "Je pense que le gouvernement français, comme anglais, peut tout à fait déployer des mesures d'aide aux entreprises, dans la mesure où elles sont ciblées et judicieuses. Le problème au Royaume-Uni est surtout que bon nombre de dépenses annoncées ne sont pas forcément pertinentes dans la période actuelle", relate Sylvain Bersinger. Pour calmer le jeu, le gouvernement britannique a d'ailleurs décidé de rétropédaler. Il a annoncé, le 3 octobre, renoncer à la baisse d'impôts pour la tranche supérieure.

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