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Une entreprise sur deux ne cherche pas à anticiper les crises

La crise actuelle montre en effet combien il est essentiel de mieux écouter les black swan, ces évènements hautement improbables. Pourtant, une entreprise sur deux attend le dernier moment, quand les contraintes sont plus fortes, pour définir une stratégie de réponse à la crise.

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Une entreprise sur deux ne cherche pas à anticiper les crises

Alors que 3 dirigeants sur 4 se sont ouvertement émus de ne pas avoir été suffisamment alertés de l'imminence de la crise sanitaire, la guerre déclarée en Ukraine est précisément en train d'ouvrir à nouveau le même type de débats. Comment avoir un coup d'avance dans une situation de chaos, une crise financière par exemple ? Comment anticiper les black swans, ces événements hautement improbables et imprévisibles ? Bref, comment « penser l'impensable » avant qu'il n'arrive. Un désir d'anticipation qui revient à comprendre les signaux faibles, à piloter les menaces émergentes et à alerter la direction générale. « Il faut se saisir de ces événements pour interroger sa propre résilience à travers la notion de scénarisation, challenger les dispositifs en place, constater dans quelle mesure on peut s'astreindre à être agile. Ce n'est pas donné à tout le monde », constate Clotilde Marchetti, Associée Business Risk Services et responsable de l'offre Risques extrêmes au sein du cabinet Grant Thornton.

Selon l'étude annuelle sur les risques extrêmes publiée le 7 avril 2022 par le cabinet Grant Thornton, un professionnel des risques sur deux admet que les black swans ne sont pas réellement traités dans leur organisation. C'est notamment le cas dans les PME et les ETI. Plusieurs dysfonctionnements sont ainsi identifiés au premier rang desquels figure, pour 60%des professionnels interrogés, l'absence d'une vision claire de l'ensemble des black swans, à travers une cartographie dédiée.

Des événements portés collectivement

73 % des sondés reconnaissent également ne pas disposer d'indicateurs d'émergence et d'alerte des blacks swans, pouvant donner lieu à une qualification opérationnelle qui les projetterait en mode "crise". Selon l'enquête, l'apport d'un tel dispositif de surveillance serait bénéfique pour l'évolution de la stratégie globale de l'organisation. « Il est plus facile de mettre en place une cellule d'anticipation quand les difficultés se présentent plutôt que d'instaurer un processus pérenne quand la crise n'est pas là. Quand la direction des risques, qui a pour mission d'anticiper des situations de crise probables, existe dans les entreprises, elle cohabite avec le crisis management dont les visions sont très différentes », estime Clotilde Marchetti. Selon l'experte, les organisations restent encore trop souvent dans la protection, la réaction et ne s'autorisent souvent pas à être dans l'anticipation. « Il faut donc réussir à mieux coordonner les équipes de la direction des risques avec celles du crisis management. Les différents métiers doivent travailler de façon transversale pour envisager une situation de crise », ajoute-t-elle.

Les principales prérogatives de la cellule Anticipation résident pour près de la moitié du panel dans la production d'intelligence de crise en temps réel pour éclairer la décision. Elle doit être en mesure d'identifier, à partir de ces signaux faibles, des ruptures possibles et des zones d'incertitudes majeures sur lesquelles il est possible de se baser pour faire des hypothèses d'évolution. Elle doit aussi analyser les impacts d'une crise en fonction du contexte spatial, économique, politique voire sanitaire du secteur impacté.

Méthodologie : Etude menée auprès de 5000 professionnels (direction des risques et directions générales) au sein d'entreprises de toutes tailles

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