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La RSE : gage de performance des entreprises en 2021 ?

A l'heure où prendre des engagements sociaux et environnementaux est incontournable pour les entreprises, comment mieux mesurer ces efforts en matière de développement durable et les mettre en perspective avec les objectifs business des organisations?

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La RSE : gage de performance des entreprises en 2021 ?

Alors que les entreprises du CAC 40 publient leurs résultats annuels, et à l'heure où les générations Y et Z, arrivées massivement sur le marché du travail, sont en quête de sens professionnel, prendre des engagements sociaux et environnementaux est aujourd'hui incontournable pour les entreprises, d'autant plus que la transition vers une économie durable oriente nos comportements d'achats. Encore faut-il dévoiler des résultats concrets pour donner les bons signaux aux marchés et talents.

Rendre compte de cette contribution sociétale et environnementale s'avère clé, non seulement pour garder une trace des progrès réalisés en la matière, mais aussi pour accroître l'attractivité des organisations, aux yeux des investisseurs. Car en effet, ces derniers devront, dès mars 2021, mieux justifier leurs décisions, en apportant des garanties d'impact environnemental réduit et en mesurant leurs éventuelles conséquences négatives, en vertu du règlement européen " disclosure ".

Dans ce contexte, comment mieux mesurer ces efforts en matière de développement durable et les mettre en perspective avec les objectifs business de l'entreprise ?

Etat des lieux : une mesure de la performance extra-financière imparfaite

En 2020, 75% des entreprises ont formalisé leur démarche RSE pluriannuelle, et 84% d'entre elles se fixent désormais des objectifs quantitatifs, pour leur contribution au développement durable, qu'il s'agisse d'enjeux environnementaux, sociaux ou éthiques.(1) Des chiffres qui témoignent d'une évolution de la place de ces politiques dans la stratégie des entreprises.

Nombre d'entre elles intègrent des KPI spécifiques à la RSE dans leurs rapports annuels. Par exemple, un grand groupe alimentaire français met son rapport intégré en perspective avec les objectifs de développement durable des Nations-Unies, mentionnant par exemple la réduction en intensité des émissions de CO2 de ses activités, ou encore la part d'énergies renouvelables utilisées et d'emballages recyclables.

Depuis quelques années, la tendance se confirme avec une fusion croissante des rapports annuels et RSE, pour constituer un rapport annuel intégré unique mettant l'ensemble de ces données en perspective. Protéger la planète ou lutter contre les inégalités devient alors gage de création de valeur financière. 77% du SBF 120 intègrent même des critères RSE dans le calcul de leur rémunération !

Néanmoins, on peut encore déplorer un processus de reporting très hétérogène et laborieux. Les entreprises communiquent sur des informations qui ne sont pas toujours fiables, comparables ou pertinentes. Le flou qui persiste sur les KPI de référence laisse libre cours aux choix arbitraires des entreprises en matière de cadres et standards de reporting.

Ainsi, tandis qu'un groupe audiovisuel français s'appuie sur le référentiel de laGlobal Reporting Initiative, une grande banque française s'inspire, de son côté, des lignes directrices du cadre de référence publié par l'International Integrated Reporting Council (IIRC). Par ailleurs, l'exercice reste coûteux pour les entreprises et il leur est encore difficile de corréler facilement résultats RSE et performance économique.

Vers un reporting extra-financier harmonisé et intégré ?

Dans ce contexte, les législateurs nationaux et européens ont décidé de faire évoluer les réglementations et faire en sorte que ces dernières reflètent les évolutions sociétales dont nous sommes les témoins.

Pour apporter de la clarté au reporting extra-financier des entreprises européennes, le vice-président exécutif de la Commission Européenne Valdis Dombrovskis a annoncé début 2020 son intention de créer un standard commun. Une révision ambitieuse de la NFRD, directive sur la publication d'informations extra financières, permettrait de favoriser la comparabilité des entreprises et limiter les pratiques d'éco-blanchiment ou greenwashing. A ce nouveau cadre commun s'ajouterait une généralisation du contrôle des publications extra-financières par un prestataire spécialisé et indépendant, pour contribuer à atteindre l'objectif que s'est fixé la Commission Européenne : parvenir à un continent climatiquement neutre en 2050.

Un reporting plus précis, standardisé et intégré permettra aux entreprises non seulement d'attirer de nouveaux financements, mais il sera source d'innovation, de réduction des coûts - eau, énergie...- et de motivation de leurs collaborateurs en quête de sens !

Pour en savoir plus

Laurence Yvon, est VP Regional Director France & UK chez Wolters Kluwer




(1) Déclaration de performance extra-financière : Quelles tendances et évolutions pour la deuxième année de publication ? Septembre 2020, Deloitte, EY, MEDEF


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