Comment préserver la valeur de l'entreprise ?

Alors que le climat économique demeure plus qu'incertain, les entreprises doivent redoubler d'énergie pour rester dans la course. "2023 a été largement marquée par des problèmes d'inflation et d'augmentation des taux d'intérêt. Les entreprises ont aussi rencontré beaucoup de difficultés de recrutement et les tensions géopolitiques ont mis en danger l'économie mondiale", a résumé Carole Dessus, avocate associée chez PwC, lors d'un webcast organisé par le cabinet de conseil le 12 décembre dernier.

Identifier les faiblesses

Concernant une éventuelle vague de faillite, l'experte rappelle que 2023 est une année de normalisation, avec environ 55 000 défaillances (contre 42 000 en 2022). "Mais cela risque de s'accentuer dans les années à venir", estime-t-elle. Certains indicateurs peuvent être symptomatiques de faiblesses, comme la baisse des résultats, une érosion de la marge, des problèmes de financement, des tensions de trésorerie, un climat social tendu, etc. "D'autres facteurs sous-jacents plus mesurés peuvent aussi sous-tendre à des difficultés, telle qu'une hyper croissance qui suppose un BFR à financer très important ce qui peut amener des problèmes de trésorerie. La mésentente et le non alignement entre les actionnaires d'une entreprise est aussi un signal à ne pas négliger", souligne Carole Dessus.

Anticiper les risques

Pour pallier ces faiblesses et limiter les risques, plusieurs bonnes pratiques peuvent être mises en place. A commencer par une bonne gestion des impayés. "Un quart des défaillances d'entreprise sont liées à un impayé client", a rappelé l'avocate. De fait, elle conseille de surveiller les contrats et les clients en réalisant du scoring, d'établir de bonnes conditions générales, d'avoir une facturation rapide et d'être en capacité de recouvrer à l'amiable et judiciairement. "Le point clé est l'anticipation, aussi bien du côté débiteur que créancier. Mettre en place des plans d'action à court terme, cela se prépare", souligne Pascal Gounon, associé Deals chez PwC. Autre point de vigilance : les financements. "Il est nécessaire d'anticiper tous les problèmes qu'une entreprise peut avoir sur les contrats de prêt et notamment sur les covenants", précise Carole Dessus. Les soucis de cybersécurité peuvent aussi bloquer l'activité de l'entreprise et il est nécessaire, selon l'experte, de souscrire à une assurance qui pourra rembourser la perte d'exploitation en cas de cyber attaque.

Renforcer sa résilience sur le long terme

Les entreprises doivent aussi raisonner sur le long terme, ce qui passe notamment par l'ESG. "Les nouvelles normes ESG sont faites pour anticiper les futurs aléas et risques qui peuvent se présenter dans l'entreprise. Cela aura des avantages d'un point de vue concurrentiel mais aussi financier. Demain, je pense que l'ESG sera un critère de renégociation des contrats. Cela donne aussi une image positive auprès des consommateurs et des futurs talents", décrypte Carole Dessus. Une bonne maîtrise de la supply chain est également primordiale pour assurer la durabilité à long terme. "Certaines entreprises ont démarré une vague de relocalisation de leurs activités pour baisser le risque de dépendance", illustre Laurent Deduytsche, associé chez Strategy& (qui appartient à PwC), spécialiste du retournement opérationnel. Avant de pointer toutefois quelques bémols : "Cela peut entraîner une hausse des coûts de production, donc faire baisser la compétitivité de l'entreprise". Relocaliser nécessite aussi de trouver suffisamment de main d'oeuvre qualifiée, ce qui n'est pas forcément évident dans le contexte actuel.