IA, souveraineté, cybersécurité : ce que la transformation digitale change pour les DAF et DRH

« Big is beautiful ». Pour Sébastien Graff, directeur général RH, Communication et projets stratégiques d'Invivo, cette devise résume l'ambition du groupe agricole, passé en une décennie de 1 200 à 14 000 collaborateurs. Mais cette croissance rapide s'est accompagnée d'une profonde mutation numérique, qui a transformé les usages et les métiers. « On ne fait plus de transformation digitale pour la beauté du geste. On le fait pour créer de la valeur, pour nos collaborateurs comme pour l'entreprise », insiste-t-il.

C'est l'un des constats partagés lors d'une table ronde organisée le 17 juin, à Paris, dans le cadre du Cegid Connections Enterprise. Dirigeants du public comme du privé y ont croisé leurs regards sur la transformation des fonctions RH et finance, à l'heure de l'IA, des cyber-risques et d'un besoin accru de souveraineté.

Chez France Travail, Aurélien Fenard, directeur de la transformation digitale et des données RH, insiste sur l'impact social de ces technologies. « L'intelligence artificielle permet de casser des barrières pour des publics éloignés de l'emploi. 85 % des moins de 25 ans en recherche d'un job l'utilisent déjà. Et même 69 % des seniors s'y mettent. »

Pour autant, l'intégration de ces outils dans un environnement fortement normé n'est pas sans complexité. « L'IA évolue si vite que même les plus technophiles peinent à suivre. C'est un vrai défi pour les structures publiques », reconnaît-il.

Dans le monde du transport, le quotidien est tout aussi contrasté. « On doit à la fois moderniser, intégrer des structures acquises, sécuriser les systèmes et embarquer les équipes », estime Thomas Jorland, responsable SI RH et Finance du Groupe Mousset - Je Transporte. Car les appréhensions sont bien réelles. « Certains collaborateurs pensent qu'on va faire disparaître leur métier. C'est notre rôle d'expliquer que les outils évoluent, mais que la valeur humaine reste essentielle », ajoute-t-il.

Dans ce contexte, la relation aux partenaires technologiques évolue elle aussi. « Nous ne voulons pas de vendeurs, mais des partenaires capables de comprendre notre ADN et de co-construire avec nous, affirme Sébastien Graff. Avec Cegid, on a trouvé cette capacité à faire équipe, à s'ajuster dans les moments critiques comme dans les succès. »

Florent Chaussade, Chief Revenue Officer de Cegid, revendique cette posture. « Être partenaire, c'est connaître vos métiers, vous conseiller, parfois vous dire non si c'est dans votre intérêt. On ne vend pas une ligne de code, on s'engage sur la réussite de nos clients. »

La souveraineté est aussi devenue une exigence incontournable. « En tant qu'opérateur public, on doit travailler avec des acteurs français, des données hébergées en Europe, rappelle Aurélien Fenard. Et ce qu'on attend avant tout, c'est d'être écouté, compris, soutenu. »

La cybersécurité, enfin, est sur toutes les lèvres. « Le pire scénario ? Ne plus pouvoir faire rouler nos camions à cause d'un système piraté ou indisponible, résume Thomas Jorland. On est très vigilants sur ce que nos fournisseurs mettent en place pour nous protéger. »

Tous insistent enfin sur la nécessité d'associer les collaborateurs à cette transformation. « Donnez-leur accès à l'info, impliquez-les, partagez avec vos pairs, recommande Thomas Jorland. C'est ainsi que l'on crée un réseau solide et des outils utiles. »

Un message que partage pleinement Aurélien Fenard : « On doit penser impact. Impact social, impact sur l'expérience utilisateur, mais aussi sur les façons de manager. L'IA change tout, y compris le lien entre humains. C'est avec des partenaires solides que l'on pourra répondre à ces défis. »