IA et fonction finance : un écart de confiance persistant sur la sécurité des données
[EXCLUSIVITE] Selon le rapport CFO Survey 2025 de Kyriba, les directeurs financiers misent fortement sur l'intelligence artificielle pour accélérer leur transformation stratégique, tout en se définissant restreints par des inquiétudes persistantes en matière de sécurité et de transparence. Explications.

Dans un environnement économique sous tension, l'intelligence artificielle (IA) s'impose comme un catalyseur majeur de transformation pour les directions financières. C'est ce que révèle l'étude mondiale menée par Kyriba auprès de 1 000 directeurs financiers et décideurs financiers seniors, issus de quatre pays (États-Unis, Royaume-Uni, France, Japon) et de groupes réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 100 millions de dollars.
Près de 96 % des répondants déclarent prioriser l'intégration de l'IA dans leurs opérations, et 86 % l'utilisent déjà dans leurs processus de décision financière. En France, ils sont 95 % à la considérer comme prioritaire, même si seuls 36 % l'ont intégrée dans la majorité de leurs processus, loin derrière les États-Unis (56 %) ou le Royaume-Uni (50 %).
Les applications les plus citées concernent l'analyse d'investissement (39 %), la planification stratégique (38 %), l'aide à la décision (37 %) et la gestion des risques (37 %). Ce positionnement confirme une évolution du rôle du DAF qui dépasse largement la technicité pour s'affirmer comme stratège.
Le fossé de la confiance : un frein majeur à l'adoption
Malgré cet engouement, l'étude met en lumière une fracture inquiétante : 76 % des répondants expriment des préoccupations quant à la sécurité et à la confidentialité des solutions d'IA, constituant ce que les auteurs de l'enquête nomment le « trust gap ». Pour 41 % des DAF, la fuite d'informations sensibles est la première inquiétude, suivie par les problèmes de conformité (37 %) et d'exactitude des résultats (37 %). Un tiers évoque également des questions éthiques et de transparence. En France, 82 % des CFO interrogés déclarent que la sécurité et la confidentialité des données constituent leur préoccupation majeure vis-à-vis de l'IA, chiffre qui illustre l'ampleur du fossé de confiance.
Ces inquiétudes sont renforcées par la perception de l'IA comme une « boîte noire ». Les DAF réclament des outils transparents, audités et compréhensibles. C'est d'ailleurs à cette condition que l'IA pourra s'imposer comme outil de pilotage légitime au coeur des organisations financières, analyse les auteurs de l'étude.
« À une époque où la confiance est indispensable au leadership financier, la réussite dépend du développement conjoint de compétences solides en IA et de solutions robustes. Une IA responsable - à l'image du portefeuille Trusted AI de Kyriba - s'affirme comme partenaire stratégique des CFO et des équipes de trésorerie, offrant non seulement la technologie, mais aussi le cadre de développement des compétences nécessaires pour combler le fossé de confiance », souligne Morne Rossouw, Chief AI Officer, Kyriba.
Une transformation des rôles et des compétences
Plus de la moitié des DAF (53 %) estiment que l'IA sera le principal moteur de transformation de leur métier d'ici cinq ans, devant les mouvements RH (44 %) ou les successions dans les équipes dirigeantes (41 %). Une majorité d'entre eux identifient désormais la maîtrise technologique et l'aisance avec les outils d'IA comme des compétences clés du DAF de demain (59 %).
Cette mutation s'accompagne d'un repositionnement stratégique : l'IA permet aux équipes de se concentrer sur l'innovation, le pilotage du cash et la résilience de l'entreprise. Elle change aussi les critères de recrutement : 50 % des répondants affirment que l'IA influence les profils recherchés à l'embauche.
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Des bénéfices attendus... à condition d'agir avec méthode
Les DAF attendent de l'IA des gains concrets : économies de temps (53 %), précision accrue (50 %), simplification de la conformité (48 %). Toutefois, seuls 46 % d'entre eux se disent pleinement confiants dans la robustesse des solutions actuellement disponibles sur le marché.
Pour combler le « trust gap », le rapport préconise un déploiement progressif avec des pilotes ciblés, une gouvernance renforcée, des audits réguliers, et une collaboration étroite entre la direction financière, la DSI et les fonctions juridiques. L'enjeu est clair : poser les bases d'une IA fiable, transparente, et véritablement au service de la performance financière.
CFO et IA : entre prudence et opportunité
L'étude conclut que les directions financières sont à un tournant. Si l'IA cristallise de nombreux espoirs pour relever les défis de performance, de volatilité économique et de compétitivité, elle soulève en parallèle des interrogations fondamentales sur la sécurité, la maîtrise des outils et la gouvernance des données.
Pour les DAF, le défi est désormais double : adopter l'IA avec discernement, mais sans retard, sous peine de perdre un avantage stratégique déterminant. Dans un monde où la rapidité et la fiabilité des décisions sont clés, l'IA apparaît non plus comme une option, mais comme une exigence à apprivoiser avec confiance. « En adoptant cette approche globale - alliance des compétences fondamentales en IA et de solutions dignes de confiance - les organisations peuvent exploiter, en toute confiance, le potentiel transformateur de l'IA tout en préservant la sécurité, la conformité et la transparence essentielles aux opérations financières modernes », conclut Morne Rossouw.
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