Facturation électronique : ce que les entreprises doivent revoir dès aujourd'hui
La facturation électronique impose une transformation en profondeur des processus comptables. Lors de la Matinale consacrée à la facturation électronique, organisée par le média Daf-Mag, Emmanuel Millard et Nicolas Flouriou ont appelé les entreprises à initier dès maintenant un audit de leurs pratiques et à s'entourer des bons partenaires.

« Ce projet, on ne peut pas le mener seul ». Lors de la Matinale consacrée à la facturation électronique, organisée par le média Daf-Mag, Emmanuel Millard, président de l'International CFO Alliance et secrétaire général du groupe Hendrix, donne le ton d'entrée de jeu. Alors que la généralisation de la facturation électronique approche - avec une première échéance en septembre 2026 pour la réception des factures - les entreprises ont tout intérêt à enclencher sans attendre une refonte de leurs processus comptables et de leurs contrôles internes.
Si les grandes entreprises sont globalement prêtes, nombre de PME et d'ETI accusent encore un retard. « Pour certaines, il ne s'agit pas juste de brancher un connecteur, mais bien de revoir l'ensemble de la chaîne de facturation », alerte Nicolas Flouriou, président de l'AFDCC. Un préalable : mener un audit de l'existant pour identifier les points de friction, les outils disponibles, les volumes traités, la diversité des clients ou encore les délais de paiement. Chez Hendrix, 40 sites et 150 000 factures annuelles ont nécessité une cartographie fine des flux avant tout choix d'outil.
Un projet porté par la DAF... mais pas uniquement « Il ne suffit pas d'installer un nouveau logiciel comptable. Il faut revoir la logique même du traitement de la facture », insiste Emmanuel Millard. D'où l'importance d'un pilotage par la direction financière, en lien étroit avec les équipes IT, les credit managers, mais aussi les fonctions commerciales. Car au-delà de la conformité, c'est bien l'organisation de l'entreprise dans son ensemble qui est concernée. « C'est un projet structurant, voire déstructurant au départ », résume-t-il.
Standardisation des données
L'un des premiers impacts est l'automatisation. Finies les saisies manuelles : la facturation électronique standardise les données, facilite leur transmission, automatise leur intégration comptable. « On se dirige vers des métiers davantage tournés vers le contrôle, la cohérence des flux, l'analyse », note Emmanuel Millard. Pour Nicolas Flouriou, cette évolution « va dégager du temps pour du pilotage, de la gestion des litiges ou des échanges clients à plus forte valeur ajoutée ».
Saisir cette opportunité suppose une gouvernance adaptée. « Il faut impliquer les contrôleurs de gestion, les auditeurs internes, les commerciaux... et intégrer le projet au niveau de la direction générale », recommande Nicolas Flouriou. Car les enjeux vont au-delà de l'émission des factures. Il s'agit aussi d'anticiper les bénéfices potentiels à moyen terme : gain de productivité, meilleure fiabilité des données, efficacité accrue dans les déclarations de TVA. « On va vers une carte d'identité numérique de chaque entreprise », résume Emmanuel Millard.
Mais attention, « il y aura un coût d'installation et une courbe d'apprentissage, comme en Italie ou lors du déploiement de Chorus », prévient Nicolas Flouriou. La prudence est donc de mise pour ne pas sous-estimer l'effort nécessaire.
Pour ceux qui se sentent en retard ? « Il est encore temps, mais lancez-vous avec les bons partenaires », conclut Emmanuel Millard. Un mot d'ordre partagé : pas de panique, mais pas d'inaction.
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