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Quand un CEO recherche un Daf (ou un CFO ou un directeur financier)

Poste convoité, hausse des salaires, futur dg... les annonces positives sur votre fonction n'ont pas manqué depuis la fin 2014. Positives ou optimistes ? Nous avons cherché à savoir ce que les CEO ou dg donnent comme cahier des charges aux recruteurs lorsqu'ils recherchent leur Daf ou CFO.

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Quand un CEO recherche un Daf (ou un CFO ou un directeur financier)

Si, en 2012, le Daf figurait parmi les jobs en or selon Robert Half, tel n'était pas le cas en 2013, ni 2014: "Mais, sur l'année écoulée, nous avons observé une dynamique de recrutement plus forte, avec une augmentation de 15 à 20%", avance Bruno Fadda, directeur au sein de Robert Half. Pauline Magat, manager au sein de la division finance de Robert Walters, estime, elle, que la reprise sur cette fonction a eu lieu en septembre 2014 avec une tendance: la recherche de Daf très opérationnels, capables "de se comporter quasiment comme un commercial vis-à-vis des investisseurs et d'être un lien avec le commercial, le marketing ou l'ingénieur en entreprise". Les communiquées ont fleuri ces derniers temps sur la possibilité des Daf de devenir dg ou bien encore le Daf, poste de direction le plus convoité. En ce début d'année, nous avons voulu faire le point sur la réalité de cette fonction et ce que 2015 lui réserve.


Des postes certes mais...

"La recherche du CFO n'est pas atone, selon Mathieu Blaie, directeur régional comptabilité et finance d'entreprise au sein de Fed Finance, mais plus stable que d'autres fonctions à moyen terme." Moins de postes, bien sûr, et peu de créations. La très grande majorité des CDI à pourvoir sur cette fonction sont des remplacements selon Fed Finance, qui met en lumière des distinctions territoriales dans une étude sur la dynamique du marché de la fonction finance d'entreprise. Les ressentis diffèrent selon les zones: ainsi, le marché est perçu par les candidats comme plus dynamique dans l'Ouest de la France qu'en Île-de-France.

Pauline Magat attire l'attention sur une autre donnée: "C'est typiquement un poste qui évolue en interne: le Daf peut ainsi voir son périmètre s'étendre aux SI, bien sûr, mais aussi aux RH, voire aux achats en PME." Une évolution qui permet de fidéliser le détenteur du poste et qui conduit aussi les employeurs à avoir des exigences encore plus marquées, les lignes de ce poste ne cessant d'évoluer.

Cette dynamique, qui ne devrait pas s'accélérer ni décélérer dans les deux ans si l'on se fie aux prévisions de l'Apec, n'équivaut pas au beau fixe, comme l'indique Sylvie Haldi, senior manager de Robert Half Finance: "Les process de recrutement sont longs, en moyenne six mois. Ils peuvent atteindre huit mois dans certains cas, voire déboucher sur un arrêt du recrutement."


Les entreprises qui recrutent

Toutefois, il est possible de définir les structures qui?offrent le plus de perspectives en termes d'offre de poste. Ainsi, pour Sylvie Haldi: "Les créations sont de plus en plus réservées aux filiales de groupe ou aux start-up, qui représentaient 30% des ­recrutements ex-nihilo en 2013 et 45% en 2014." Et ce qui était vrai en 2012 l'est toujours, les Daf français ont la cote pour assumer la direction finance de filiales dans certains pays spécifiques tels que l'Inde, la Chine, la Russie, l'Argentine ou bien encore le Brésil: "Leur rigueur dans un contexte mouvant et complexe est fort appréciée" souligne Pauline Magat (Robert Walters).


Profils, compétences et expertises recherchés

Daf technique -très expert sur les normes, les process et outils, centré sur le coeur de métier gestion/finance- versus Daf business partner -très opérationnel, stratège, avec une vision plus globale de l'entreprise, de son secteur, de la concurrence?

En prenant un peu de recul, on constate que les lignes de force ne varient guère depuis cinq-six ans. Outre les compétences techniques classiquement recherchées (la fameuse expérience au sein des cabinets d'audit), on recherche "un apporteur de solutions concrètes, avec une vraie demande de Daf ayant travaillé sur la refonte de logiciels et/ ou la réorganisation d'outils SI, décrit Mathieu Blaie (Fed Finance). Très classiquement, on recherche au moins dix ans d'expérience en entreprise et au moins cinq ans sur un poste à management ou à un poste identique", poursuit le recruteur.

Des majeures donc et des mineures. Pauline Magat (Robert Walters) relève un fort intérêt pour des Daf de formation ingénieur, très appréciés dans les groupes industriels. Ici "le parcours classique est le suivant: contrôleur de gestion sur un site industriel, puis Daf du site, Daf de BU et Daf de filiale." Autre profil, les "bancaires", à même d'aller chercher du financement en cas de croissance externe.


Côté filiales de groupe, on note une forte demande d'expérience en matière de délocalisation, de réduction des coûts et de conduite de changement. Quant au Daf souhaité par les secteurs innovation et technologies, très porteurs, il doit savoir accompagner la croissance, externe ou organique, les projets transversaux et avoir managé, voire disposer "d'une expertise en termes de management à distance lorsque l'entreprise dispose d'un CSP, a des filiales ou, plus largement, est en croissance", souligne Mathieu Blaie.

"Des exigences qui qualifient évidemment les Daf expérimentés, notamment ceux qui ont déjà vécu une IPO et qui savent gérer les risques inhérents à une croissance forte", conclut Sylvie Haldi (Robert Half). Ajoutez à cela, l'expérience internationale, une demande récurrente des entreprises à la recherche de leur CFO.

Et gardez à l'esprit que "le périmètre de la fonction de Daf, dans les entreprises entre 350 et 500 salariés, se concentre toujours sur la gestion/finance pour s'élargir souvent aux SI et parfois au juridique. Donc, les responsables du contrôle de gestion et ceux de l'audit interne peuvent prétendre à ces postes", signale Mathieu Blaie.

Un business partner, oui ; un dga pourquoi pas

Ce que confirme Sylvie Haldi pour qui " lors du recrutement, le périmètre défini est somme toute classique : finance, contrôle de gestion, contrôle interne voire SI pour cause d'ERP. Mais il faut que le candidat ait les ressources suffisantes pour que lui soient rattachés à terme l'administration des ventes, les achats, la logistique... Bref pour devenir un vrai dg adjoint. "

Quant à devenir dg en restant au sein de l'entreprise : " Je ne perçois pas cela lorsque le profil recherché nous est décrit, répond clairement Pauline Magat. Demander un Daf business partner ne revient pas à le projeter en dg, d'autant que côté candidat, la projection de carrière se fait à cinq ans et non plus à dix ans comme c'était le cas il y a quelques années. "

Et si passer de Daf de PME à Daf d'une filiale de grand groupe est tout à fait possible, en revanche passer de Daf de PME à Daf d'un grand groupe est très rare, " sauf si l'on peut arguer d'une expérience PME et d'une expérience filiale ", nuance Sylvie Haldi. La raison ? Dans une économie en berne voire chahutée, les dirigeants et investisseurs ont besoin d'être rassurés. Ils vont donc rechercher un profil identique à celui qu'ils avaient ou à tout le moins proche : secteur d'activité, périmètre de la fonction, taille de l'entreprise, l'heure est au copier-coller sauf, indique Sylvie Haldi, " au sein des entreprises à forte dimension interna­tionale qui se montrent plus ouvertes à un candidat hors norme ".

Et le package salarial ?

Pour les postes dont le salaire fixe brut annuel se situe entre 80 et 120 000 euros (dans les entreprises au chiffre d'affaires compris entre 100 et 500 millions d'euros), il n'y a pas de différence marquée entre Paris et province ou inter régions, selon tous les experts interrogés. Un point à nuancer puisque, dans sa grille de rémunérations 2015, Robert Half indique en référence Paris et La Défense, et applique une décote de 16 % de l'échelle salariale dans la région Nord ou encore 12 % pour la région Rhône-Alpes.

Et si la tendance 2015 est à une appréciation salariale globale de 3,1 %, mis à part les entreprises cotées ou sous LBO qui sont plus à même d'étoffer ce package par des dispositifs attractifs (stock-options...), " il n'y a pas de surenchère car, pour une offre, il y a beaucoup de candidats. Ceux qui sont disponibles l'ont bien compris d'ailleurs et se montrent disposés à baisser leurs prétentions à l'embauche, si toutefois ils peuvent parier sur l'avenir de l'entreprise et leur relation avec le CEO. Ceux qui sont en poste acceptent, en pariant aussi sur leur évolution, de ne pas obtenir plus que leur rémunération actuelle ", décrypte Sylvie Haldi. Bref en matière de carrière, le Daf aime le risque. Le variable, qui a pris une nouvelle dimension ces cinq dernières années, lui peut monter jusqu'à 35 %.


Qui dit cooptation dit réseau

Que faire pour garantir son employabilité, son attractivité ? " Dérouler son parcours, montrer sa continuité, savoir décrire une expérience, les Daf savent le faire. Ils peuvent sans doute progresser en se tournant un peu plus vers l'entreprise et son contexte " décrit Mathieu Blaie (Fed Finance). Un bon point vis-à-vis de l'employeur mais aussi un excellent moyen de favoriser la cooptation qui marche bien, parole d'experts !

La cooptation, c'est également miser sur le réseau et notamment les réseaux sociaux. Pour Mathieu Blaie, " les Daf se sont emparés des réseaux sociaux : ils sont présents en nombre et de plus en plus actifs ". Avec tout de même une marge de progression : " Ils n'y sont pas vraiment actifs et, s'ils le sont, ce n'est pas forcément d'une manière propice à se faire remarquer par les recruteurs ", estime Sylvie Haldi.

Un domaine à investir d'urgence car, désormais, la chasse classique que peuvent faire les recruteurs se complète très souvent par une recherche sur les réseaux sociaux.

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