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Comment la RSE peut-elle soutenir la croissance ?

Pour continuer de croître dans les années à venir, les entreprises n'auront pas d'autres choix que d'intégrer pleinement la RSE dans leurs modèles d'affaires . Dans ce chantier, le Daf sera un acteur majeur.

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Comment la RSE peut-elle soutenir la croissance ?

La RSE fait désormais partie du quotidien des directions financières. Si cet engagement peut apparaître comme une contrainte pour les entreprises, au vu des multiples réglementations existantes sur le sujet (loi Pacte, DPEF, CSRD), elle peut, sur un certain nombre de points, se révéler être source d'opportunités pour les sociétés, et même soutenir la croissance.

Cette image vertueuse de l'entreprise aura tout d'abord un impact certain sur l'image que celle-ci renvoie, notamment auprès de ses collaborateurs. « Dans un contexte de fidélisation et de recrutement délicat, ces valeurs sont extrêmement importantes, détaille Céline Glandor, product marketing manager chez Sage. Les salariés attendent, en tant que citoyens, des actes forts de la part de leur employeur. C'est une des conditions de leur propre engagement au sein de l'organisation. »

Des financements plus intéressants

Sur bien des points, la RSE peut aider les entreprises dans leurs quêtes de croissance et dans la réduction de leurs coûts. À commencer par les répercussions que cela peut avoir sur les financements. « Les opérations de financement sont de plus en plus adossées à des critères ESG, indique Frédéric Saunier, directeur général de Diapason, éditeur de progiciels de gestion de trésorerie. Cela s'explique par un appétit grandissant des investisseurs pour s'orienter vers des financements verts. » Il en existe aujourd'hui de plusieurs natures : green bonds, crédits à impact... Avec ces financements verts, les entreprises pourront profiter de bonifications sur leurs prêts. « À partir du moment où la trajectoire d'enga­gement ESG prise par les entreprises est respectée, elles peuvent prétendre à des bonifications variables, pouvant aller jus­qu'à 20 % de l'ensemble des commissions et frais financiers d'une transaction » poursuit Frédéric Saunier.

De bonnes pratiques RSE peuvent également aider les sociétés à gagner en productivité, avec notamment l'exemple de la dématérialisation, comme le décrit Céline Glandor. « Toutes les entreprises peuvent se doter d'outils digitaux qui vont se retrouver être au service de leur engagement. » Frédéric Saunier complète : « La numérisation des processus de trésorerie - et la digitalisation de manière plus large - a un double intérêt. D'une part, un moindre impact environnemental, parce qu'il n'y a plus de papier, et d'autre part, une automatisation avec des processus beaucoup plus sûrs, beaucoup plus contrôlés, beaucoup plus sécurisés. »

Propager dans l'entreprise et en dehors

Si la RSE peut permettre d'accompagner la croissance à certains niveaux, encore faut-il diffuser cette culture de la RSE au sein de l'entreprise. « Aujourd'hui, lors­que l'on pense RSE, ce sont des actions qui sont poussées par le terrain vers la direction générale. Or, le seul moyen d'embarquer l'entre­prise dans une démarche collective est d'avoir le sponsoring de la direction générale et du board. Ils doivent être les ambassadeurs des enjeux sociaux et environnementaux pour permettre à chaque direction de se les approprier et, ainsi, de les infuser à l'ensemble des collaborateurs. Je dirais également qu'aujourd'hui, c'est un sujet qui doit être au coeur des missions du directeur financier » relate Najat El Khallouqi. Effectivement, le Daf va avoir un rôle clé dans la propagation de cette culture RSE. « Il va être important de s'attacher à optimiser la contribution de la fonction finance à la performance économique de l'entreprise. La gestion des collaborateurs aussi est essentielle, le Daf va alors devoir encourager l'autonomisation de ses collaborateurs et favoriser la diversité des talents au sein de son équipe » affirme Céline Glandor.

Pour poursuivre dans la mise en place de cette démarche vertueuse, il convient de la diffuser auprès de ­l'ensemble de sa chaîne de valeurs. « Les entreprises ont désormais cette responsabilité de porter ces enjeux RSE en interne, mais également à travers le tissu des entreprises avec lesquelles elles travaillent, que ce soit en matière de clients ou de sous-traitants. Ce levier de croissance qui, pour certains, est un motif devient, pour d'autres, un prétexte d'engager l'entreprise dans une démarche RSE. Dans ce cadre-là, on voit bien que la contrainte du réglementaire des uns devient l'opportunité des autres » développe Najat El Khallouqi.

Il est aussi possible de mettre en place des mesures dissuasives ou incitatives pour travailler avec ses fournisseurs. « Un fournisseur non vertueux, on ne travaillera peut-être pas avec lui, ou avec des conditions de paiement dégradées, toute une série de mesures dissuasives de ce style. Le trésorier, ou le Daf, peuvent avoir un rôle intéressant ici en mettant en place de l'affac­turage inversé "vert". Concrètement, cela consiste à proposer un commissionnement réduit dans le cadre d'un affacturage inversé pour des fournisseurs vertueux ou au contraire plus de commissions pour un fournisseur non vertueux » témoigne Frédéric Saunier.

Mettre en place des KPI verts

Concernant le travail avec leurs fournisseurs, les entreprises peuvent même aller jus­qu'à relocaliser, afin de se séparer de fournisseurs éloignés physiquement et d'être plus vertueux en limitant le transport, et d'avoir des process de production à plus bas coût. « On se rend compte qu'une production locale sur de nouveaux produits va avoir un impact sur les marges, puisque le coût des matériaux ou le coût des technologies va forcément être réduit » reprend Najat El Khallouqi.

Enfin, outre son rôle dans la diffusion de cet esprit RSE en interne, le Daf va être indispensable, notamment, de par le besoin de mesurer tout ce qui peut être mesurable, afin de guider les métiers dans cette démarche. « La RSE est passée de l'affi­chage d'un engagement clair au besoin d'un résultat réel qui doit être durable et surtout mesurable, note Céline Glandor. Il faut être capable de donner des repères sous forme d'indicateurs pour baliser les progrès réalisés, et surtout démontrer l'intérêt et la transversalité des enjeux RSE à tous les collaborateurs. Il faut ensuite accompagner les métiers dans une meilleure compréhension des ressorts de l'action pour pouvoir identifier de nouveaux défis. » La mise en place de ces KPI extra-financiers est encore quelque chose de relativement peu répandu, mais bel et bien nécessaire, à en croire Frédéric Saunier. « Je connais assez peu de trésoreries qui ont mis en place des KPI verts. Ces indicateurs vont pourtant permettre aux entreprises de se soumettre à la CSRD, dès l'année prochaine, et donc d'éviter le greenwashing. » Car effectivement, les réglementations, notamment européennes, vont rapidement pousser les entreprises qui ­n'auraient pas pris les devants et saisi ces opportunités.

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