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Le Daf et la valorisation de l'acquisition d'une start-up innovante ? Suivez l'exemple du capital risque!

Les jeunes entreprises innovantes recèlent un potentiel de relais de croissance très intéressant pour les PME et ETI. Mais comment bien valoriser cette cible si spécifique afin de ne pas surpayer son investissement ? Voici quelques conseils tirées d'une étude menée auprès de capitaux risqueurs.

Publié par Florence Leandri le | Mis à jour le
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Le Daf et la valorisation de l'acquisition d'une start-up innovante ? Suivez l'exemple du capital risque!

Quand on parle de levées de fonds ou d'acquisition de JEI, on pense souvent à des sociétés de capital-risque cherchant un retour sur investissement important lors de leur sortie de capital quelques années plus tard. Cependant, on oublie de parler des PME, ETI qui viennent parfois prendre part au deal.

Intérêt porté pour le concept développé ou le produit commercialisé, acquisition de brevets, implantation sur de nouveaux marchés, l'acquisition d'une part de capital d'une start-up fait partie de ces investissements dont les avantages sont nombreux. Le développement grandissant des nouvelles technologies et les créations d'entreprises multiplient les opportunités en ce sens pour les PME et ETI. Ainsi, le groupe Ginger CEBTP, spécialiste de l'expertise technique dans le domaine de la construction a ainsi acquis en septembre 2015 la start-up Modeliris qui propose une récolte de données sur le terrain grâce à des drones. Du côté de la santé, le groupe français de diagnostic bioMérieux a acquis en octobre 2014 la jeune pousse Advencis, spécialisée dans la microbiologie industrielle lui permettant ainsi de diversifier son portefeuille de produits.

La question qui se pose alors est : " comment bien valoriser cette jeune entreprise innovante afin de ne pas surpayer son investissement ? "

On connait bien évidemment les méthodes d'évaluations traditionnelles que sont les DCF et les multiples qui s'appliquent particulièrement bien pour des sociétés cotées. Mais qu'en est-il réellement pour des sociétés très jeunes dont l'avenir est incertain ? Faut-il alors se baser sur une méthode entièrement " quantitative " ? On peut pour le déterminer s'inspirer des méthodes des capitaux-risqueurs.

Faveur à l'analyse qualitative

Selon les résultats d'une étude réalisée auprès des capitaux-risqueurs entre avril et août 2015, la méthode des DCF sans autre critère n'est jamais utilisée pour évaluer une start-up dont le potentiel de croissance est élevé " Même si cette méthode est intrinsèquement correcte car elle mesure la projection de cash dégagé par l'activité dans le futur, elle ne prend pas en compte les chances de succès des différentes étapes de la croissance de l'entreprise ", témoigne Vladimir Bolze, analyste chez Fa Dièse.

La méthode des multiples quant à elle peut être utilisée dans certains cas à conditions d'être complétée par une analyse qualitative basée sur les caractéristiques de la start-up. De fait, 95% des sondés se réfèrent en priorité aux aspects qualitatifs d'une JEI avant d'appliquer une éventuelle méthode mathématique comme les DCF ou les multiples.

Les critères retenus

L'expérience de l'entrepreneur et le degré d'innovation du produit semblent à ce titre être des critères de premier ordre pour des investisseurs (moyenne de 4,35/5 sur l'ensemble des répondants).

Focus

L'étude demandait aux capitaux-risqueurs de lister par importance les critères qualitatifs soumis selon des notes à attribuées à chaque critère.

0=Abstraction totale du critère

0 < à 2=Très faible importance

2 < à 3=Importance moyenne

3 < à 4=Critère important

4 < à 5=Importance cruciale


La complétude de l'équipe et les possibilités de sorties du capital à un horizon donné (soit par revente à un industriel, soit par entrée en bourse) sont également des critères importants (moyenne de 3,95).

La crédibilité du business plan et le taux de croissance de l'industrie sont aussi scrutés de près. Cependant, ces derniers font l'objet d'une attention différente selon la typologie de l'investisseur et surtout selon le secteur d'activité de celui-ci (une note de 4 ou plus pour 45% des répondants et une note de 2 ou moins pour 30% des répondants). On remarque ainsi que les entreprises investissant dans des start-ups digitales sont plus attentives au taux de croissance de l'industrie que des entreprises investissant dans des JEI dont le secteur est moins volatil.

Même si pour reprendre les termes d'Aude Kermarrec, Directrice Financière de Go Capital, " chaque investisseur a sa propre méthode d'évaluation ", les caractéristiques intrinsèques d'une jeune entreprise innovante et une analyse stratégique en découlant permettent de mieux définir la valeur d'une part de capital.

A l'image des géants technologiques acquérant à tout va de jeunes entreprises innovantes pour des montants exorbitants, une évaluation pertinente basée sur les inputs (caractéristiques) d'une start-up plutôt que sur ses outputs (flux de trésorerie et perspectives financières) permet aux PME de s'offrir un potentiel de croissance à moindre coût et de manière externalisée.

L'étude

Etude réalisée auprès de 20 sociétés de capital-risque française entre avril et août 2015. Échantillon sélectionné à partir de l'annuaire de l'AFIC auquel a été soumis un questionnaire sur les méthodes d'évaluation et les critères retenus lors d'une valorisation d'une jeune entreprise innovante en early-stage et en pre-money (avant investissement).

L'auteur
Romain Tormen est étudiant à l'école de commerce Neoma Business School. Il a réalisé plus d'une année de recherche sur les méthodes d'évaluation des capitaux-risqueurs lors de levées de fonds de jeunes entreprises innovantes auprès de 20 sociétés d'investissement. C'est dans ce cadre que l'étude sur les capitaux-risqueurs a été menée


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