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Les titres restaurant dématérialisés ne font pas (encore) recette

Le choc de simplification voulu par François Hollande autour de la dématérialisation des titres restaurant n'a pas eu lieu. Neuf mois après la publication du décret encadrant le dispositif, les entreprises tardent à passer le pas alors même que le marché des émetteurs se réinvente.

Publié par Marion Perroud le | Mis à jour le
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Les titres restaurant dématérialisés ne font pas (encore) recette

La dématérialisation des titres restaurant. C'était l'une des premières mesures phare du choc de simplification porté par François Hollande. Facilités de gestion et de distribution pour les entreprises, paiement au centime près pour les salariés, sécurisation du dispositif en cas de perte... Le titre dématérialisé sur carte ou mobile avait tout pour plaire... sur le papier du moins.

Neuf mois après la parution du décret encadrant le dispositif, force est de constater que l'engouement pour cette solution n'est pas (encore) au rendez-vous. "Nous ne sommes pas entrés dans une phase de déploiement de masse. Nous comptons plusieurs milliers de cartes en circulation pour le moment avec un objectif de 50 000 d'ici à fin août 2015", avance Jean-Jacques Vironda, directeur stratégie et développement de Sodexo Avantages et Récompenses. Une situation qui ne l'inquiète pas outre mesure. "D'après notre expérience à travers une quarantaine de pays, il faut compter environ 5 à 7 ans pour que plus de la moitié du marché bascule vers la dématérialisation".

Résistance au changement

Du côté d'Edenred, Laurent Delmas son directeur général France, revendique environ 70 000 cartes distribuées dans 500 sociétés clientes, et prévoit de franchir le cap des 100 000 cartes au premier trimestre 2015. "Nous sommes pile poil dans nos prévisions", se réjouit-il. Des chiffres bien loin, toutefois, des 3,5 millions de bénéficiaires des titres restaurant en France.

En cause, une réticence au changement des employeurs mais aussi des partenaires sociaux. Ces derniers verraient notamment d'un mauvais oeil la trop grande traçabilité du dispositif et son manque de flexibilité (blocage du titre dès l'atteinte du plafond, les jours fériés et le week-end, solution nominative...). "Le titre dématérialisé ne fait qu'appliquer à la lettre ce que dicte déjà la loi pour le titre papier, qui souffre aujourd'hui de nombreux abus.", souligne Serge Ragozin, à la tête de Moneo Applicam.

De nouveaux entrants

Cette relative frilosité des entreprises n'a pas empêché de nouveaux acteurs de se positionner sur le marché. Outre Moneo Applicam et sa carte de paiement Mastercard prépayée et Resto Flash, solution de paiement dématérialisée via smartphone, les quatre émetteurs historiques (Edenred, Chèque déjeuner, Sodexo Avantages et Natixis) sont désormais aussi challengés par Digibon et Monetico Resto.

"D'un marché figé on est passé à un secteur très actif, salue Serge Ragozin (Moneo Applicam). Cette dynamisation ne pourra que profiter au client final. D'autant que la gestion de la dématérialisation est intrinsèquement moins coûteuse. Il n'existe selon moi pas de raisons valables que les tarifs aux entreprises et les commissions aux commerçants ne baissent pas." Une affirmation non confirmée chez Edenred et Sodexo Avantages et Récompenses. Les émetteurs historiques n'ayant pas pour coutume de communiquer sur leurs tarifs.

Pour l'heure, le bon vieux titre papier semble donc tout sauf cuit !

Titre restaurant dématérialisé : des règles d'utilisation strictes

Selon le décret du 7 mars 2014, avec les titres dématérialisés, les salariés peuvent payer leur repas au centime près dans la limite d'un plafond journalier de 19€ (l'équivalent de deux titres papier), excepté les dimanches et jours fériés (sauf si les collaborateurs travaillent ces jours-là). Nominatifs, les titres ne peuvent pas être échangés entre bénéficiaires.


Pour aller plus loin :

- Titre-restaurant : des cartes 2e génération sans frais bancaires


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