[Tribune] 11 mai : date de "la libération" ou simple étape d'un processus inédit ?
Le 11 mai a été annoncée comme une éventuelle date de fin de confinement. Au-delà de cette annonce symbolique, chacun va continuer à afficher ces certitudes avec d'un côté ceux qui aspirent à un monde meilleur et de l'autre, ceux qui sont convaincus que tout recommencera comme avant.
"Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer" disait Le Taciturne. Aujourd'hui tout le monde sans exception, des leaders politique aux citoyens, ont à faire preuve, chacun dans son domaine, de courage : il est plus facile de repartir comme avant que d'imaginer le futur.
Repartir comme avant c'est nous assurer un suicide collectif ; on aura échappé au virus mais on subira une récession inédite qui ébranlera tous les équilibres mondiaux jusqu'à pouvoir imaginer le pire. La revanche politique pouvant vite devenir guerrière. Trois courages devront cohabiter et se compléter ; trois courages qui nous rendront tous comptables de nos actes.
Le courage, pour éviter les certitudes au profit de vraies convictions
Le courage politique impose de redonner du sens à la Vie, en privilégiant une vision locale et européenne. L'autosuffisance et la collaboration environnementale européenne et internationale deviendront des priorités. Dans quelques mois tout va tourner comme avant le break de la pandémie : usines, transports, consommation... Le ciel bleu va se voiler de nouveau. Sauf s'il y a un acte fondateur tout aussi inédit que le virus. Un acte fondateur d'une conscience universelle dans le respect de chaque vie. Un acte qui jette des ponts là où les plus fous ont élevé des murs.
Le courage économique impose, lui, de stopper la course de l'avoir pour reconquérir l'affirmation de l'être. La question du temps n'est pas celle de travailler davantage, mais de libérer totalement le temps de travail ; la contingence du temps est une forme de robotisation de la pensée. Chacun dans ses choix doit être valorisé à sa juste mesure. Réinventer le système du temps de travail est une réponse post Covid car cela peut mettre chacun devant ses ambitions, ses responsabilités en toute liberté. Il s'agit de remettre l'individu au coeur des réflexions, mais cela ne sera possible que par une éducation repensée, plus ouverte, plus stimulante acceptant l'échec et le doute pour trouver son chemin sans jugement.
Le courage sanitaire ne correspond pas à la diffusion d'un vaccin providentiel mais davantage à l'éducation sanitaire et collective qui doit permettre à chacun de reprendre en main sa santé par une meilleure conscience de soi, de ses énergies, de son corps. Il ne peut pas être que thérapeutique, il doit générer de nouvelles manières de vivre et de prendre soin de soi. Les héros en blouse blanche sont un rempart à la mort, chacun de nous devant être un bouclier pour la vie. Cette façon de vivre prend en compte le rapport aux autres, l'équilibre collectif, l'hygiène et les coutumes.
Mais ces trois courages n'ont d'intérêt que dans l'affirmation d'une justice sociale assumée
Toutes les années de croissance n'ont de sens que dans une justice sociale affirmée. Sans justice sociale, il n'y aura plus d'économie comme il ne peut y avoir de révolution environnementale. Les certitudes locales ne sont rien face aux mouvements du monde.
Quelques mois de confinement planétaire nous ont tendu un miroir sur un ciel plus clair, sur une nature joyeuse, sur nous-mêmes, sur l'universel aussi sans distinctions de races, de sexes, de religions ? Qu'en ferons-nous demain ?
Sans justice sociale, rien. Sans liberté, rien. La réponse est dans le coeur de chacun.
Expert en communication et management, Didier Pitelet a fondé en 2006 Onthemoon, puis a lancé en 2019, une nouvelle adresse, La Maison. Cette dernière rassemble : Henoch Consulting, MoonPress et StudioMP2 dédiées à tous les enjeux de culture d'entreprise et change management. Il est Président du Cercle du Leadership.
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