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5 - Le haut de bilan, de la contrainte à la ressource ?

La dette et les actifs immobilisés peuvent constituer des contraintes sur le pilotage du cash. Dans un contexte d'optimisation de ce dernier, le rôle du Daf est (aussi) de veiller à ce que le haut de bilan devienne une source d'approvisionnement de trésorerie pour l'entreprise.

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Le premier réflexe, pour optimiser la trésorerie de l'entreprise, est de jouer sur les actifs les plus liquides : gestion des stocks, créances clients, ou encore dettes fournisseurs... Pourtant, il importe de ne pas négliger le haut de bilan.

Premier impératif : trouver un équilibre entre l'endettement bancaire et l'apport de capitaux frais par des actionnaires extérieurs. Cette solution présente notamment l'intérêt de ne pas peser sur le cash. Elle implique, cependant, une dilution du capital. " Il faut également savoir qui entre au capital. Les actionnaires professionnels sont plus intrusifs que les petits porteurs ", fait remarquer David Brault, fondateur d'Objectif Cash. " La dette bancaire pèse toujours sur le cash, puisqu'elle implique le remboursement du capital et des intérêts. Elle est inscrite au bilan, et pose une contrainte ", ajoute-t-il.

Pour limiter le poids du remboursement sur le cash, une possibilité : négocier au mieux les modalités de la dette, ce qui revient in fine à étendre sa capacité de négociation avant que d'éventuelles tensions de trésorerie ne surviennent, et par conséquent à anticiper les risques.

Le Daf doit devenir un (mauvais) scénariste

" Le rôle du Daf est d'acquérir du cash dans les meilleures conditions ", remarque Yves Peccaud, dirigeant de Culture Cash. " Il doit travailler dans un souci de volume, de maturité et de coût. Si on va chercher la dette en période de crise ou après un mauvais bilan, elle coûte plus cher ou bien on ne la trouve pas. " Il est donc essentiel d'établir un "worst case scenario" de façon à anticiper en amont l'ensemble des risques - risque pays, risque technologique, risque client... - auxquels l'entreprise pourrait devoir faire face, et obtenir des facilités de financement à même de les couvrir.

Face à la nécessité de présenter l'équivalent de trois mois de frais fixes et de BFR en trésorerie accessible, le Daf doit aussi procéder à des simulations fondées sur une hypothèse pessimiste, tel le cas d'une chute brutale du chiffre d'affaires sur plusieurs mois. Si ce scénario débouche sur un manque de trésorerie, le fait de ­disposer d'une solution pour mobiliser du cash sera identifié, et donc plus facilement mobilisable. Mais cet argent n'a pas nécessairement besoin d'être présent en trésorerie : il peut s'agir, par exemple, d'une ligne de crédit, d'un découvert, d'un Dailly ou d'un contrat d'affacturage.

Ne pas refuser de l'aide

En premier lieu, acceptez de l'aide pour modéliser et analyser la génération de cash dans l'entreprise, en prenant notamment en compte les différents éléments du haut de bilan via certains logiciels de prévision et de simulation. La société CashSolve, leader sur ce marché, propose ainsi le logiciel Cash Modeling, qui permet de suivre l'évolution des ratios de covenants sur une journée, un mois ou un an. " En un coup d'oeil, le Daf peut consulter les prévisions d'exploitation et déterminer si la société risque un bris de covenants, et à quel horizon ", détaille Thomas Rubio, directeur du pôle conseil de la société.

En second lieu, n'hésitez pas à recourir à l'aide de certains organismes d'État pour limiter votre emprunt bancaire. C'est la démarche de la société Olea Medical, spécialisée dans les logiciels dédiés à l'imagerie médicale. " En cinq ans, nous avons bénéficié de trois avances remboursables de la part d'Oséo pour un montant d'un million d'euros. Elles ont été accordées pour un projet de R & D bien défini, et sont remboursables à taux zéro en cas de succès. Les paiements ont commencé cette année et sont inférieurs à 15 000 euros par trimestre ", relate Christine Grasset, la Daf de la société.

Faire des choix d'investissements, et donc d'immobilisations pouvant être cédées, et aider au choix du "bon" fonds monétaire est aussi un moyen pour agir sur la génération de cash via le haut de bilan.

Le Daf doit savoir choisir

Le choix des investissements peut (doit) nécessiter la mise en place de processus de sélection des projets : équipement, usine, rachat de concurrent... Pour Yves Peccaud (Culture Cash), " plusieurs facteurs sont à prendre en compte : le placement idéal est un projet rentable, à risque maîtrisé, qui présente un payback rapide ". " Il ne faut sélectionner que les investissements pour lesquels on a l'assurance qu'ils permettront de rembourser le capital tout en conservant une marge de manoeuvre liée aux aléas de l'entreprise ", ajoute David Brault (Objectif Cash).

Le rôle du Daf consiste, en outre, à identifier les immobilisations qui ne revêtent pas d'importance stratégique pour l'entreprise, et qui peuvent faire l'objet de cession pour générer de la trésorerie. " Il s'agit d'abord de valider que la rentabilité de chaque filiale ou segment stratégique délivre bien celle prévue (ROCE). Si tel est le cas, le cash doit remonter à la holding, indique Yves Peccaud. Dans le cas inverse, il faut regarder leur cession qui va générer du cash lors de la vente. " Ce raisonnement peut également concerner la partie immobilière des assets lorsque des bâtiments sont détenus en propre. Il faut ensuite vérifier si de petites immobilisations non utilisées peuvent faire l'objet de cessions. Selon Yves Peccaud, " il y a toujours de tels équipements ou biens qui peuvent alors être cédés pour accroître aussi la trésorerie ".

Antoine Pietri

Antoine Pietri

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