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1 - Agir sur le BFR, hors postes clients et fournisseurs : 1er levier, les stocks

Hors postes clients et fournisseurs, point de salut ? L'opinion est courante mais fausse, car la maîtrise des stocks, trop souvent délaissée par les directions financières, procure un levier important sur la trésorerie.

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Réduire, ou du moins maîtriser le besoin en fonds de roulement (BFR, l'excès d'actifs circulants sur les passifs circulants) ? C'est le Graal de toute direction financière et assurément, depuis le début de la crise financière et économique en 2008, un impératif pour un grand nombre d'entreprises.

Quels peuvent être les moyens mis en oeuvre pour y parvenir ? On pense d'emblée, quand ce n'est pas exclusivement, aux options traditionnelles employées pour "monétiser" le cycle d'exploitation : recouvrer le plus rapidement possible les créances sur les clients et, à l'inverse, retarder le paiement des fournisseurs, cela dans les limites désormais imposées par le volet "délais de paiement" de la loi dite LME, entrée en application le 1er janvier 2009.

Il existe cependant d'autres leviers pour agir sur le BFR, qu'on aurait tort de considérer comme quantités négligeables : tout d'abord, une gestion avisée des stocks (matières premières, produits semi-finis et disponibles à la vente), mais aussi une attention accrue aux créances non commerciales et enfin, certaines techniques de financement du cycle d'exploitation.

Trouver le bon niveau de stocks

" Agir sur les stocks ? Voilà une piste très intéressante pour réduire le BFR, et dont le pay-back est plus important qu'on ne le pense habituellement ", estime Yves Peccaud, dirigeant de CultureCash.com, qui constate que chefs d'entreprise et Daf sont trop souvent obnubilés par les seuls investissements permettant de doper la productivité.

Mais trouver le bon niveau de stocks relève de la quête perpétuelle. " On a d'un côté les commerciaux et les responsables de la production qui souhaitent des stocks les plus élevés possibles, de l'autre le point de vue financier, qui commande de les réduire au maximum. Un Daf passe son temps à tenter de concilier ces intérêts divergents ", témoigne Hervé Tiberghien, le p-dg d'Alpex Protection - une entreprise de la région Rhône-Alpes, spécialisée dans la fabrication de tissus imperméables, qui réalise environ 9 millions d'euros de chiffre d'affaires -, lequel admet qu'en ce moment, compte tenu des taux de financement historiquement bas, " la priorité va plutôt à la recherche des commandes ".

Il incombe au Daf, même s'il est a priori éloigné des subtilités de la logistique, de se saisir de ce dossier, en tant que "sponsor", c'est-à-dire animateur d'un projet réunissant des opérationnels de divers horizons. Il est en tout cas le mieux placé pour sensibiliser les responsables de terrain aux coûts générés par les stocks (coût de portage ou financier et coûts directs). Mais le recours à des compétences extérieures - la logistique est un domaine expert, qui ne s'improvise pas - mérite d'être considéré, " à condition que cela se traduise par un transfert de compétences ", nuance Yves Peccaud.

Pour obtenir un effet durable sur le BFR, le Daf sera avisé de mettre sur pied une série d'indicateurs et un tableau de bord, destinés à mesurer l'efficacité des actions menées, mais aussi pour en faire partager les résultats. Rappelons qu'en la matière, compte tenu de la cyclicité propre à de nombreux secteurs d'activité, des notions comme le stock moyen ou encore le stock en début ou en fin de période doivent être manipulées avec prudence.

Les stocks, source de cash

Les stocks, matières premières ou produits finis, représentent un casse-tête quand il s'agit d'optimiser leur gestion, mais aussi un actif facilement identifiable qu'on peut transformer en levier pour le financement du cycle d'exploitation.

Le financement (ou avance) sur stock, qui s'adresse en priorité aux entreprises à l'activité cyclique, présente l'avantage d'être moins cher que le crédit de trésorerie classique, car la banque qui l'octroie mobilise moins de fonds propres (le stock gagé ou nanti constitue une garantie de premier rang).

Les organismes de crédit financent en moyenne 50 % du prix de revient du stock et rarement au-delà de 80 %, cela en fonction, principalement, de la fongibilité des marchandises.

Ce crédit plutôt bon marché a un revers : il nécessite un certain formalisme. Il faut en effet mettre en place un double contrat, l'un avec la banque, l'autre avec un prestataire spécialisé (gagiste), qui procède à l'audit du stock, à la mise en place du gage et au suivi des marchandises.

Les outils de communication à distance, qui permettent un suivi fiable et régulier des stocks, facilitent la mise en place de ce type de financement. Les stocks gagés sont de ce fait moins souvent cantonnés (gardés en dehors de l'entreprise).

En tout état de cause, il sera prudent, et même vital, de ne pas se montrer jusqu'au-boutiste : le danger que représente la rupture d'approvisionnement (en amont du cycle de production ou côté ventes) doit toujours être mis en arbitrage avec les gains attendus d'une réduction des stocks.

Attention aussi aux fournisseurs lointains, qu'on choisit avant tout pour leurs prix apparemment imbattables : le long cheminement de la marchandise, le plus souvent réglée à la commande, revient ni plus ni moins à constituer un stock mobile.

Antoine Gendre

Antoine Gendre

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