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DossierReprendre une entreprise à la barre du tribunal

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6 - Construire une offre gagnante

D'après vos diagnostics, l'entreprise repérée semble être intéressante : votre directeur général est décidé à faire une offre. Voici quelques conseils pour préparer un dossier béton, qui fera mouche auprès du tribunal de commerce.

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Faire une offre au bon prix n'est pas suffisant pour convaincre le tribunal de commerce. Il s'agit surtout de décrire sa stratégie à travers un dossier solidement construit.

Première étape : réunir l'information nécessaire

" L'information présente dans la data room ouverte par l'administrateur est insuffisante pour construire un business plan ", rapporte Eric Galdeano, président du cabinet de conseil MCG Managers qui conseille de nouer une bonne relation avec le dirigeant de l'entreprise-cible. " Ne pas hésiter à écouter les cadres de l'entreprise cible. L'objectif étant d'élaborer une offre intéressante pour tout le monde : socialement pour les salariés et financièrement pour le repreneur et le tribunal", ajoute Christophe Callet, associé responsable du pôle redressement d'entreprises chez In Extenso.

L'administrateur judiciaire, le mandataire judiciaire et le juge commissaire sont aussi une intéressante source d'informations. " Il est essentiel de rencontrer les organes de la procédure qui connaissent l'entreprise cible et qui peuvent éclairer les candidats repreneurs sur ses forces et faiblesses et leur en donner une vision complémentaire", confirme Christophe Callet. Un conseil que valide Xavier Huertas, administrateur judiciaire : " L'administrateur judiciaire est là pour que le repreneur ne se retrouve pas dans une mauvaise situation quelques mois plus tard. " Une bonne relation avec l'administrateur judiciaire est d'autant plus essentielle qu'il formule un avis auprès du tribunal, qui est généralement suivi.

Yannick Hoche, Daf de l'Agence pour la création d'entreprise (APCE), conseille de se faire connaitre localement " C'est une question de politesse, souligne-t-il. Il faut se déplacer, prendre contact avec le tribunal de commerce, rencontre les élus de la Chambre de Commerce ". Se faire connaître du réseau économique local permet de paraître impliqué dans la communauté... Mais aussi de glaner des informations supplémentaires !


Faire rêver le tribunal

Ce travail de collecte d'informations permet de construire un dossier solide, apte à convaincre le tribunal. Car ce dernier attend des preuves : business plan, prévisionnel d'exploitation chiffré, tableau de financement... " Bien indiquer dans le business plan comment va être financée la période intermédiaire : il s'agit en effet d'une entreprise en difficulté qui devra reconstituer ses propres créances clients. Il faut donc justifier du mode de financement du BFR : fonds propres, concours bancaires court terme, factor... Cela permet de montrer au tribunal que vous avez déjà les moyens de votre ambition ", indique Me Serge Pelletier, avocat associé en charge du pôle Entreprises en difficulté au sein du cabinet Brunswick.

Pour appuyer cette démonstration, cautions bancaires, bilans et comptes de résultats sont les bienvenus. Serge Pelletier préconise également de se doter d'un chèque de banque qui couvre l'intégralité du prix de cession : " C'est la meilleure garantie de l'exécution de l'engagement au prix : avec un tel instrument, le prix est immédiatement exécutable et exécuté ".

" Le projet présenté doit être cohérent et assurer la pérennité de l'entreprise et de celle du repreneur, insiste Xavier Huertas, administrateur judiciaire. La meilleure offre est celle qui a un projet d'entreprise, qui permet de déployer des synergies et qui assure le sauvetage d'un maximum d'emplois ". Car le tribunal attend des candidats qu'ils détaillent leurs motivations. L'entreprise-cible fait-elle le même métier, apporte-t-elle un savoir-faire particulier, élargit-elle la chaîne de valeur... ? " Les juges sont sensibles à la cohérence du projet économique et aux synergies identifiées ", pointe Serge Pelletier. Yannick Hoche (APCE) conseille de présenter la stratégie à long terme à travers des scénarios : " Il faut faire rêver le tribunal sur ce qui va se passer ".

Eve Mennesson

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