[Tribune] Pour des paiements internationaux (vraiment) accessibles à toutes les entreprises
Le commerce international, levier de croissance important, ne doit pas devenir un casse-tête pour les entreprises. Comment sécuriser et piloter les paiements internationaux et gérer le risque de change ? L'éclairage de Frédéric Simon, de Western Union Business Solutions
Pour 49% des entreprises, le commerce international s'avère indispensable à leur croissance1. Une dynamique qui s'observe en France ces dernières années, où les sociétés vont plus facilement (et plus rapidement) à la conquête du monde. En effet, la "petite" taille ne représente plus un frein pour se développer hors des frontières de l'hexagone. Plus que jamais, l'esprit start-up a introduit une volonté systématique de toucher de nouveaux marchés, et ce dans les meilleures conditions possibles.
Si les entreprises vont souvent naviguer à vue (recrutement local, adaptation culturelle du produit/service, nouveaux réseaux de distribution...), l'aspect des paiements internationaux ne doit pas devenir un casse-tête coûteux. Entre la volatilité des taux de change qui fait peser des risques sur la profitabilité et les marges mais aussi la difficulté pour certaines banques traditionnelles de gérer des flux complexes ou des devises exotiques, des solutions plus dynamiques sont désormais accessibles à un plus grand nombre d'acteurs économiques privés.
D'après notre étude, seulement 36% des entreprises internationales reconnaissent être en mesure d'évaluer l'impact de la fluctuation des devises sur leur activité et prendre les mesures nécessaires pour gérer les risques associés1. En d'autres termes, la couverture de change est un enjeu majeur ! Les entreprises ont non seulement besoin de sécuriser leurs paiements internationaux (vers leurs fournisseurs ou intra-groupes) mais aussi de pouvoir piloter, finement et de manière flexible, le risque de change.
A monde complexe, stratégie dynamique !
Avec un monde économique et géopolitique complexe, la volatilité des taux de change reste une constante. En ce début du mois d'octobre 2018, nous avons évidemment les incertitudes liées au Brexit : entre coups de bluff et pronostics hasardeux, les prédictions selon lesquelles le Royaume-Uni devait s'effondrer s'avèrent pour le moment inexactes. En effet, même après l'annonce du Brexit, il reste l'un des pays d'Europe où le taux de chômage est parmi les plus bas et la consommation des ménages parmi les plus élevées. Cependant, cela n'enlève rien aux risques monétaires et donc à la volatilité potentielle de la livre, d'où la nécessité pour les entreprises de se couvrir malgré tout. Autre point : Londres demeure la seconde place financière mondiale et pourrait, à tout moment, notamment en cas de "hard Brexit", décider d'assouplir la fiscalité des entreprises pour conserver son rayonnement international.
D'autres évènements introduisent de l'incertitude, qu'il s'agisse des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, des élections parlementaires européennes à venir ou encore des anticipations de première hausse de taux en Europe depuis 2011 et du développement de partis anti-européens et nationalistes dans de nombreux pays de l'Union Européenne. Il convient aussi de prendre en compte la remontée continue des taux de la Fed qui soutient la demande en dollar et qui pourrait donner lieu, sur un horizon à 3 à 6 mois, à de nouvelles fortes fluctuations sur la parité euro/dollar.
Ceci dit, la volatilité des taux de change n'est pas une géométrie basée sur une vérité à un instant T, mais bien un ensemble de postulats qui varient dans le temps et face auxquels les entreprises signant des contrats à l'étranger ont besoin de se couvrir. Alors, comment naviguer dans ces eaux troubles, à la fois pleines de risques et d'opportunités ?
Nouvelles manières de piloter !
L'idée pour les entreprises est de pouvoir s'appuyer sur une plateforme de paiements et de gestion de trésorerie qui offre le meilleur environnement possible pour comprendre les risques de change, les maîtriser et effectuer les paiements de manière parfaitement sécurisée et transparente.
S'il est toujours appréciable de pouvoir échanger au téléphone avec son chargé d'affaires, nous constatons une vraie recherche de souplesse et d'agilité. En effet, les entreprises veulent pouvoir bénéficier d'une expertise depuis une plateforme en ligne. Ainsi, elles vont suivre les tendances, réaliser des simulations, comparer les couvertures proposées, et être rapidement conseillées. En d'autres termes, en matière de paiements internationaux, les entreprises ont besoin de pouvoir s'appuyer sur un outil leur permettant de gagner en fiabilité et en compétitivité afin de réduire leur exposition à la volatilité des devises.
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À mon sens, les entreprises aspirent à gérer leurs paiements internationaux de trois manières :
· à travers des outils de Business Intelligence, de data-visualisation directement connectés à leurs systèmes d'information et d'aide à la décision, pour mieux appréhender la réalité d'une situation et simuler des opérations financières ;
· à travers des solutions de paiements efficaces et transparentes. Par exemple, le client accède aux cotations en temps réel pour apprécier l'évolution d'une devise par rapport à une autre ;
· à travers la mise à disposition d'une salle de marchés et l'accompagnement d'experts qui vont apporter leur regard et leur connaissance des risques et opportunités liés à une situation monétaire dans un contexte particulier à un moment précis.
Ouvrir cette intelligence aux entreprises de toutes tailles
Un des grands avantages de la digitalisation voire de la "plateformisation" de l'économie tient à la baisse du coût de certaines opérations. Le domaine des paiements internationaux vit actuellement une transformation positive pour les entreprises, notamment celles de taille plus modeste qui peuvent désormais accéder à des solutions autrefois réservées aux grandes structures.
En s'ouvrant plus largement, le marché devient plus efficient et les tarifs d'accès aux solutions de paiement et de couverture (parce que plus dynamiques et évolutifs) deviennent plus attractifs.
Spécialiste de l'industrie du paiement, riche de 20 ans d'expérience, Frédéric Simon est Vice-Président Europe de Western Union Business Solutions, la branche entreprises du groupe.
1CLEAR, Payments Segmentation Sharing, Février 2018
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