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Discriminations en entreprise : les managers encore peu impliqués et formés

De nombreuses discriminations sont encore présentes au sein du monde du travail. DRH et managers peuvent être de véritables alliés pour faire évoluer l'ensemble de l'entreprise sur ces questions. Marque employeur, compétitivité, engagement... retour sur les résultats du dernier baromètre international Diversité et Inclusion 2025 publié ce mardi 23 septembre par Cegos, organisme reconnu de formation.

Publié par Christina DIEGO le | mis à jour à
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Discriminations en entreprise : les managers encore peu impliqués et formés
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Les discriminations en entreprises ont la vie dure alors que de nombreuses règlementations et chartes existent pour les contraindre. En France, près de 85 % des collaborateurs ont été témoins d'une forme de discrimination et 97 % des RH en ont connaissance. Ces résultats témoignent de la persistance des discriminations en entreprises, que les résultats de la dernière étude internationale Cegos* révèlent en détail.

Si la diversité et l'inclusion (D&I) sont désormais largement connues dans les organisations (90 % en France), près de deux salariés sur trois s'estiment avoir été victimes de discrimination sur leur lieu de travail. En tête, l'apparence physique et l'âge. Arrivent ensuite les discriminations liées au racisme, en forte progression (18 %) et le sexe (26 %), en l'ocurrence les femmes.

Des formes de discriminations qui détériorent le climat social

De leurs côtés, les RH ont connaissance en grande majorité (97 %) de formes de discriminations, mais beaucoup moins quand il s'agit de leur propre organisation (47 %). Isabelle Drouet de la Thibauderie, manager de l'Offre et de l'Expertise Ressources Humaines chez Cegos s'étonne de ce résultat, « y-a-t-il un manque de lucidité, de clairvoyance à penser que ces discriminations se passent à l'extérieur de leur entreprise ? ».

Toujours selon les DRH, les formes de discriminations diffèreraient de celles vécues par les collaborateurs. Tout d'abord, arrivent en première position l'état de santé et la longue maladie, viennent ensuite l'âge, les activités syndicales et le niveau scolaire. « Etonnamment, en comparaison avec les déclarations des victimes, le racisme se positionne en dernière position », souligne Isabelle Drouet de la Thibauderie. Les marqueurs périphériques au racisme sont quant à eux bien présents dans les résultats, ajoute-t-elle. Les résultats des DRH pointent également des impacts négatifs dus aux remarques sexistes que subissent les femmes au sein de leur lieu de travail (48 %).

Impacts sur la performance collective

78 % des RH en France souhaitent accélérer ou poursuivre leurs politiques diversité & inclusion, portées par la conviction que ces démarches contribuent non seulement au bien-être, mais aussi à la performance collective et à la compétitivité de l'entreprise. Près de deux tiers des salariés (65 %) estiment que la politique D&I a un effet positif sur la performance globale de leur organisation ; le chiffre est encore plus élevé chez les jeunes femmes, qui voient dans l'inclusion un moteur d'engagement et d'innovation.

Le rôle primordial des managers

Une grande proportion de managers (85 %) se déclarent soutenus et accompagnés par leur organisation sur ces sujets. Cependant, un décalage de perception apparaît dans les résultats. Seul un salarié sur trois (34 %) estime que son manageur est véritablement moteur sur le sujet. Quant aux manageurs, ils sont 50 % à se considérer véritablement formés sur les biais qui conduisent aux discriminations, résultat assez faible.

Pour embarquer toute l'organisation, 63 % des professionnels RH déclarent que les dirigeants s'impliquent directement sur ces enjeux et 46 % ont signé une charte d'engagement D&I, confirmant que le leadership de la direction générale est primordial.

Manque d'indicateurs clés pour des résultats tangibles

Si la politique de diversité et inclusion est largement plébiscitée pour ses vertus d'attractivité et de performance, sa réussite passe par l'adoption d'indicateurs de suivi, encore peu fréquents aujourd'hui (seulement 10 % des salariés évoquent la mesure objective des progrès).

Pour les directions d'entreprise, il s'agit d'un axe de progrès majeur. En effet, il devient primordial de piloter, mesurer et valoriser les dynamiques inclusives, en s'assurant que l'engagement s'incarne à tous les niveaux de management et dans les actes du quotidien. Les directions d'entreprise qui investissent pleinement les enjeux de diversité et d'inclusion disposeraient d'un avantage concurrentiel. Au-delà des impératifs de conformité, la D&I s'impose aujourd'hui comme un levier de transformation, de mobilisation interne et de marque employeur puissants pour attirer de nouveaux talents.


*Méthodologie : l'étude a été réalisée entre avril et mai 2025 en ligne auprès de 5537 salariés de 10 pays européens (France, Allemagne, Espagne, Italie, Portugal et Royaume-Uni), en Asie (Singapour) et en Amérique latine (Brésil, Mexique, Chili) et 438 DRH travaillant dans des organisations de plus de 50 salariés.

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