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Mixité dans la finance et la tech : une progression encore insuffisante

Alors que ce samedi 8 mars 2025 avait lieu la Journée internationale des droits des femmes, le secteur de la finance et de la tech reste encore marqué par un déséquilibre profond en matière de représentation féminine. Les derniers chiffres montrent que les évolutions restent trop faibles, en particulier dans les postes de direction et les fonctions technologiques. Détails.

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Alibaba veut soutenir les femmes entrepreneures.
Alibaba veut soutenir les femmes entrepreneures.

En 2024*, les femmes occupent toujours un tiers des emplois à temps plein dans les Fintech, un chiffre en léger recul par rapport à 2019 (33 %). Cependant, la répartition des rôles révèle un fort clivage sectoriel. Les métiers les plus féminisés sont la communication (73 %), les ressources humaines (67 %) et le marketing (65 %). Le moins féminisé reste la Tech (13,6 %).

Côté gouvernance, la progression reste timide avec 30 % de femmes dans les postes de management et 25 % dans les COMEX et CODIR des Fintech. « Le sujet des femmes dans des postes de direction est crucial, mais il s'inscrit dans une problématique plus large : celle de la sous-représentation des femmes dans la fintech, un secteur situé à la croisée de la finance et de la tech, deux domaines où elles sont encore minoritaires », analyse Anne-Sophie Mathieu, Directrice Générale France chez Ebury.

La mixité dans la finance, une réponse à la quête de sens ?

Aujourd'hui, beaucoup de jeunes recherchent du sens dans leur travail, et une carrière en finance ne se résume pas à la performance financière, mais elle permet d'accompagner des projets, d'aider des entreprises et des particuliers à se développer. « Il n'y a aucune raison que les femmes se détournent de ces carrières si elles aiment les chiffres, l'économie et le contact client. Dès le lycée et dans l'enseignement supérieur, il faut davantage présenter ces métiers, les rendre accessibles et donner envie aux jeunes femmes de s'y projeter. La clé est donc de mieux communiquer et sensibiliser dès le plus jeune âge pour casser ces préjugés et encourager plus de femmes à s'orienter vers la finance », explique-t-elle.

Des freins persistants à l'entrepreneuriat féminin

Un des constats les plus frappants concerne la création d'entreprises dans la Fintech : seuls 8,5 % des fondateurs sont des femmes. Ce chiffre, bien que faible, est en ligne avec les tendances du secteur de la tech dans son ensemble, où 80 % des start-up sont fondées par des hommes, contre 7 % par des femmes et 13 % par des équipes mixtes (Source : Baromètre Sista x BCG 2023).

Autre tendance notable : le travail en freelance, qui se développe fortement dans les Fintech, avec 53 % des entreprises déclarant y faire appel régulièrement. Parmi ces freelances, 44 % sont des femmes, principalement sollicitées pour des missions en marketing et communication (42 %), tech (25 %), RH et juridique (17 %).

Vers une accélération du changement ?

Si le secteur de la Fintech affiche quelques avancées sur la mixité, ces évolutions restent lentes et inégales. La faible présence des femmes dans les fonctions clés et l'entrepreneuriat souligne la nécessité d'initiatives plus ambitieuses en matière d'accompagnement, de financement et de visibilité des femmes dans la finance et la tech.

Alors que l'innovation et la transformation numérique sont au coeur des Fintech, le défi de la mixité doit devenir un véritable levier de performance et de compétitivité pour l'ensemble du secteur. « Ce déséquilibre commence dès la phase de recrutement, avec une très faible proportion de candidates par rapport aux hommes. Je le constate personnellement : sur 50 CV reçus, seuls 2 ou 3 sont ceux de femmes, ce qui réduit naturellement les possibilités de les intégrer dans mon équipe, même en ayant une volonté forte de mixité », décrit-elle.

En effet, cette rareté dès les premières expériences professionnelles a un effet domino : « moins de femmes recrutées en début de carrière signifie mécaniquement moins de femmes accédant à des postes de management, et encore moins à des postes de direction. Il est donc essentiel d'agir en amont, en encourageant plus de jeunes femmes à s'orienter vers ces métiers et en mettant en place des initiatives pour favoriser leur évolution dans la fintech », ajoute Anne-Sophie Mathieu.

Le manque d'information et de communication autour des métiers de la finance joue un rôle clé dans la sous-représentation des femmes dans ce secteur. « Beaucoup de jeunes femmes, même diplômées de bac +5 en école de commerce ou d'ingénieur, s'orientent naturellement vers des métiers de contact comme les ressources humaines ou le marketing, souvent parce qu'elles connaissent mieux ces domaines ou qu'elles préfèrent travailler pour des entreprises connues », souligne l'experte.

*chiffres France FinTech

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