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Manque de sommeil : quelles conséquences pour les managers ?

Accident de travail, arrêt maladie, baisse de productivité... la dette de sommeil des managers et dirigeants peut coûter cher à l'entreprise. Pourtant, le présentéisme reste valorisé en France du côté du top management.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
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Stress au travail
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Stress au travail

Alors que la qualité de vie au travail (QVT) s'est imposée dans de nombreuses entreprises, certaines fonctions restent particulièrement exposées au risque d'épuisement professionnel. C'est notamment le cas des dirigeants et managers. Selon le dernier baromètre du cabinet de qualité de vie au travail Empreinte Humaine, réalisé en partenariat avec Opinion Way*, sur la prévention des risques psychosociaux, les managers font partie des populations les plus à risques de développer un trouble mental. 52 % d'entre eux montrent d'ailleurs des signes de détresse psychologique, dus en partie à la pression sociale liée à leur statut. « Les managers sont entre le marteau et l'enclume, ils doivent prendre en compte les nouvelles attentes des salariés en matière de QVT tout en répondant aux enjeux de productivité et de maîtrise des coûts de l'entreprise », constate Christophe Nguyen, psychologue du travail et fondateur d'Empreinte Humaine. Avant de poursuivre : « Par ailleurs, la charge de travail des managers tend à s'intensifier. La majorité d'entre eux indiquent qu'on leur demande de faire plus, avec moins de moyens. »

Une culture du présentéisme

Le psychologue pointe également une sacralisation dangereuse de l'épuisement par le travail, mis notamment en avant dans la sphère politique. À titre d'exemple, le Premier ministre Gabriel Attal a récemment affirmé ne dormir que quatre heures par nuit, une pratique jugée dangereuse par de nombreux professionnels de santé. « Le manque de sommeil n'est pas un problème lorsque cela n'est pas récurrent. En revanche, lorsqu'il devient chronique, cela représente un facteur de risque pour la santé mentale et physique avec l'apparition de dépression, de burn-out ou encore de maladies cardiovasculaires », met en garde Christophe Nguyen. Reste que travailler de longues heures est encore trop souvent perçu positivement. « Ce sont les restes du présentéisme au bureau, qui est très marqué en France », indique Christophe Nguyen. Or, cette pratique n'est pas forcément synonyme d'efficacité. Plusieurs études pointent d'ailleurs une baisse de la productivité chez les salariés « présentéistes ». « Notre capacité de concentration n'est pas infinie, il ne faut pas négliger le temps de récupération qui est essentiel, tout comme la bonne maîtrise de son équilibre entre la vie personnelle et professionnelle », souligne le psychologue du travail.

Intégrer le bien-être dans la stratégie d'entreprise

Pour lui, le Comex de l'entreprise devrait plus souvent intégrer la question du bien-être au travail dans sa stratégie. « Une bonne pratique pour les managers, et notamment les DAF, est de discuter du bien-être et de la prévention des risques au sein des équipes et de comprendre les attentes des collaborateurs. Cela peut aboutir à une réorganisation du travail ou une amélioration de certains outils », explique Christophe Nguyen. Il est aussi essentiel de montrer l'exemple. « Un manager qui glorifie le fait de passer énormément d'heures au travail envoie de mauvais signaux. Cela fait « vieille école » et ne donne pas envie aux plus jeunes générations de prendre un poste de manager », analyse-t-il. Par ailleurs, il n'est pas forcément rassurant pour les collaborateurs de constater que des personnes ayant un fort pouvoir décisionnaire présentent un risque d'épuisement.

* Étude réalisée du 17 au 27 octobre 2023 auprès d'un panel représentatif de 2 004 salariés français

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