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Droits de douane de Trump : de nouvelles taxes sur les médicaments, camions et meubles

Le président Trump vient d'annoncer une série de nouvelles taxations qui visent les médicaments, meubles et camions étrangers. De 30 à 100 % selon les produits et ce dès le 1er octobre prochain. Les produits de l'Union européenne devraient être épargnés. Détails.

Publié par Christina DIEGO le | mis à jour à
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Droits de douane de Trump : de nouvelles taxes sur les médicaments, camions et meubles
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La trêve a été de courte durée. Après quelques semaines de calme relatif et un accord arraché de justesse sur les droits de douane des produits exportés vers les Etat-Unis par la présidente de l'Union européenne le 21 août dernier, Donald Trump a relancé jeudi soir une offensive commerciale d'une ampleur inédite. Le président américain a annoncé des droits de douane « à partir du 1er octobre, nous appliquerons une taxe de 100 % sur tout produit pharmaceutique de marque ou breveté, sauf si une entreprise CONSTRUIT son usine pharmaceutique en Amérique », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Une taxe de 100 % qui menace l'industrie pharmaceutique mondiale

Les laboratoires européens, qui craignaient d'être les premières victimes, pourraient finalement être épargnés grâce à l'accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis. La Commission européenne a confirmé que les médicaments européens ne seraient pas soumis à ces surtaxes, une nouvelle rassurante pour des groupes comme Sanofi, Roche, Novartis, GSK et AstraZeneca, qui avaient déjà annoncé des investissements massifs aux États-Unis pour se prémunir contre les foudres de l'administration Trump.

En revanche, l'incertitude plane sur les autres pays exportateurs. L'Inde, premier fournisseur mondial de génériques, pourrait être partiellement épargnée si la mesure ne s'applique qu'aux médicaments brevetés. Mais la formulation floue de l'annonce laisse planer un doute, alimentant la volatilité des marchés. L'Australie, qui a exporté pour 1,35 milliard de dollars de produits pharmaceutiques vers les États-Unis en 2024, a réagi avec virulence. « Nous achetons bien plus de médicaments américains que ce qu'ils achètent chez nous. Ces taxes ne servent pas les intérêts des consommateurs américains », a dénoncé Mark Butler, ministre australien de la Santé, relate Les Echos.

La fédération européenne des industries pharmaceutiques (Efpia) a, quant à elle, tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde contre « la pire des situations » : des coûts en hausse, des chaînes d'approvisionnement perturbées et, in fine, un accès restreint à des traitements vitaux pour les patients.

Camions et meubles taxés entre 25 % à 50 %

L'offensive de Donald Trump ne se limite pas aux médicaments. Le président américain a également annoncé des droits de douane de 25 % sur tous les poids lourds fabriqués à l'étranger, une mesure censée protéger les constructeurs nationaux comme Peterbilt, Kenworth ou Freightliner. Dans le collimateur, les géants européens Volvo et Daimler, dont les titres ont dégringolé après la clôture des Bourses européennes.

Pour justifier cette décision, Trump invoque une fois de plus la « sécurité nationale », un argument déjà brandi au printemps lorsque son administration avait lancé une enquête sur les importations de camions étrangers. Une rhétorique qui laisse présager une escalade protectionniste, avec des conséquences potentielles sur les coûts de transport et la compétitivité des entreprises américaines dépendantes de ces véhicules.

Le secteur de l'ameublement n'est pas en reste. À partir du 1er octobre, les États-Unis imposeront une taxe de 50 % sur les meubles de cuisine, les lavabos et les produits associés, ainsi qu'une taxe de 30 % sur les meubles capitonnés. Une décision qui frappe de plein fouet les importations asiatiques, qui représentaient en 2022 près de 60 % des meubles vendus aux États-Unis, dont 86 % pour les meubles en bois et 42 % pour les meubles rembourrés.

Le retour du spectre inflationniste

Au-delà des secteurs directement visés, c'est l'ensemble de l'économie américaine qui pourrait subir les contrecoups de cette nouvelle salve protectionniste. Les analystes craignent un retour de l'inflation, alors que les droits de douane risquent de se répercuter sur les prix à la consommation. Une perspective d'autant plus préoccupante que la Réserve fédérale pourrait être contrainte de durcir sa politique monétaire pour contenir les pressions inflationnistes.

Par ailleurs, la légalité même de ces mesures est en question. La Cour suprême doit prochainement examiner si Donald Trump a le droit d'imposer ces tarifs douaniers par décret, sans l'aval du Congrès. Une décision défavorable pourrait plonger les marchés dans une nouvelle zone de turbulence, alors que les entreprises ont déjà commencé à s'adapter à ce nouveau cadre commercial.

Une baisse de 15% sur les voitures européennes exportées

Autre annonce attendue du côté européen, la publication au « Federal Register », le journal officiel des Etats-Unis, de la baisse à 15 % des droits de douane américains sur les voitures européennes, ce jeudi 24 septembre. En effet les importateurs américains devaient payer des taxes de 27,5 % sur les véhicules européens. Ils doivent donc être remboursés sur les droits supérieurs à 15 % acquittés après le 1er août.

Comment réagir ?

Pour les groupes pharmaceutiques, il s'agit de vérifier les contrats avec les partenaires américains, d'évaluer les stocks stratégiques et de sécuriser les chaînes d'approvisionnement. Les laboratoires européens, bien que protégés pour l'instant, ne doivent pas baisser la garde, car une escalade des tensions pourrait remettre en cause les exemptions actuelles.

Dans l'industrie, les constructeurs de camions et les équipementiers doivent anticiper une hausse des coûts et une possible baisse de la demande, tandis que les acteurs du meuble doivent revoir leurs stratégies d'approvisionnement pour limiter leur dépendance aux importations asiatiques.

Sur le plan financier, les entreprises exposées aux États-Unis doivent se préparer à une volatilité accrue, avec des scénarios incluant une dépréciation du dollar, des rétorsions commerciales de la part de l'UE ou de la Chine, et un resserrement monétaire de la Fed en réponse à l'inflation.

Enfin, tous les acteurs doivent suivre de près les développements juridiques aux États-Unis. Si la Cour suprême invalide les tarifs douaniers, le choc pourrait être aussi brutal que leur mise en place.

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