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[Enquête] Les normes IFRS ont 10 ans: quel bilan pour les Daf ?

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Investisseurs et IFRS: l'impossible dialogue

"Les normes IFRS, très techniques, soumises à interprétation, ne facilitent pas les décisions ni le management." Philippe Audureau, ex-président du directoire de VM Matériaux

Un point de vue entériné par les réponses données aux autres questions. Ainsi, la lisibilité des comptes s'est dégradée pour 65% des répondants. Dont Philippe Audureau, membre du conseil de surveillance de VM matériaux, qui nuance: " Ce sont certaines normes qui produisent des conséquences gênantes, dont une forte volatilité, plus que le principe même des IFRS. " Et de citer les provisions passées sur un écart d'acquisition: " Sous IFRS, il faut revenir tous les ans sur la valeur de son acquisition pour en mesurer le risque. En cas de sous-performance, cela se traduit par des provisions, à fort impact sur le plan social. "

Logiquement, le dialogue avec le dg, les actionnaires et les banquiers s'est dégradé. " Ces normes, très techniques, soumises à interprétation, ne facilitent pas les décisions ni le management ", confirme Philippe Audureau, ex-président du directoire de VM matériaux, qui donne l'exemple " de décisions envisagées, mais non réalisées, qui peuvent donner lieu à provisions ". Quand la technique prend le pas sur le stratégique...

Surtout, les analystes et gérants, cible prioritaire des IFRS, comprennent moins bien les comptes, puisque, comme le résume Nicolas Fellmann, " il n'y a pas une seule manière d'appliquer les IFRS et il faut décoder les principales transactions pour le lecteur ". Marylène Boyer, dg déléguée de Thermador, au capital détenu à 38% par de l'actionnariat individuel (soit 6336 particuliers), insiste sur la difficulté du dialogue avec ce type d'investisseurs, qui " sont loin d'être novices en gestion financière mais qui ont une culture comptable française ". Des comptes moins lisibles pour la fonction finance d'entreprise et des dialogues plus complexes avec les parties prenantes, donc. Un constat qui n'étonne pas Philippe Lussiez (Egide): " Même les analystes de 25 ans, "biberonnés" aux IFRS, peinent à comprendre les performances actuelles de la structure et à en déduire des prévisions."

Les seuls à aimer les normes IFRS... sont les directeurs comptables

Pour 75 % des directeurs comptables ayant répondu, l'impact des IFRS est globalement positif ou neutre (toutes questions confondues : lisibilité des comptes, compréhension de la performance, dialogue et coûts). Les experts aiment la technicité, rien d'étonnant !

Florence Leandri

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