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IFRS et performance des entreprises : le débat infini

Plus de douze ans après l'introduction des normes IFRS en Europe et dix ans après la crise financière de 2008, les économistes et analystes financiers s'interrogent toujours sur les impacts réels des réglementations financières sur la performance des entreprises.

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IFRS et performance des entreprises : le débat infini
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Des enjeux et des défis techniques

L'entrée en vigueur de l'application des normes IFRS dans l'Union Européenne le 1er janvier 2005 pour les sociétés cotées en bourse a été précédé d'un vif débat. Son objectif était d'harmoniser les différentes règles comptables en Europe et de faciliter la lecture des informations financières pour ainsi rétablir la confiance des investisseurs et améliorer la performance des entreprises ainsi que celle des économies nationales.

Chaque nouvelle réglementation est analysée depuis sa phase d'étude jusqu'à son application. Ses impacts sur la performance des entreprises concernées sont examinés dans les moindres détails et les choix des solutions informatiques la déclinant sont étudiées avec finesse, pour en tirer la meilleure imbrication dans les processus métiers et les cartographies des systèmes d'information de la société.

Des impacts multiples

Les normes IFRS sont connues pour leurs impacts immédiats sur les reporting financiers mais la majorité de leurs effets se ressent sur toute la performance des entreprises concernées, notamment sur :

- Les processus et organisations

Au-delà des besoins comptables, les IFRS influencent grandement l'évolution des organisations et de leurs processus : la plupart des nouvelles normes impliquent une adaptation des processus métiers et une réorganisation des flux d'informations sur des bases collaboratives entres les différents services des Directions Administratives et Financières (Juridique, Trésorerie, Contrôle de gestion...)

L'optique des IFRS est d'accroitre la performance des entreprises en simplifiant l'acheminement externe de l'information financière. Il est nécessaire de ne pas alourdir les processus métiers avec un acheminement interne complexe des informations financières et administratives dans le cadre de la mise en conformité.

- La performance des systèmes d'information

Les systèmes d'information financiers sont régulièrement confrontés aux nouvelles réglementations. Leur rôle stratégique dans la performance d'une entreprise leur confère une attention particulière lors de l'étude du choix de solution dans le processus de mise en conformité.

En effet, une nouvelle réglementation IFRS concerne de toute évidence une nouvelle méthode de traitement de l'information financière et une nouvelle forme de reporting de celle-ci, les systèmes d'informations sont par conséquent les plus impactés par les nouvelles réglementations financières.

A chaque nouvelle norme, les entreprises doivent indispensablement éviter un effet de juxtaposition des solutions informatiques par effet d'accumulation de réglementations financières pour assurer une bonne cohésion entre les différentes applications du système et une cohérence de leurs flux financiers.

La forte évolutivité des métiers et des processus de normalisation ne doit pas impacter négativement le développement des systèmes d'information et leurs valeurs ajoutées dans la performance d'une entreprise. Ceci passe nécessairement par une gestion en mode projet de toute mise en conformité à une nouvelle réglementation.

- Le reporting de la performance

La communication financière est une affaire de synthétisation des différentes informations relatives à l'état de santé d'une entreprise dans un ensemble de tableaux financiers faisant apparaitre les indicateurs de performance clés pour une meilleure compréhension des forces et faiblesses de la société.

Le bilan et le compte de résultats sont les documents de référence les plus répandus dans la communication financière. Les régulations financières, les normes IFRS en particulier, influencent grandement ces états financiers. Ainsi depuis l'adoption des réglementations IFRS et la comptabilisation des actifs à leurs justes valeurs et non plus à leur coût historique, les sociétés dont les bilans se composent en grande partie d'actifs financiers voient leur performance fortement impactée.

Des nouvelles normes à effets imminents sur la performance

Si les normes IFRS impactent directement les valeurs et la composition des postes des états financiers, elles impactent nécessairement le calcul des différents indicateurs financiers basés sur les données comptables et par conséquent le jugement des analystes financiers et investisseurs.

Prenons l'exemple des normes IFRS 9 en vigueur depuis le 1 er janvier 2018 et IFRS 17 qui rentrera en application dès le 1er janvier 2021 : elles concernent en forte majorité les compagnies d'assurance. Celles-ci étant des sociétés dont le bilan se compose en grande partie d'actifs financiers, les calculs de performance et de risque se retrouvent fortement influencés et c'est sur l'ensemble de leur écosystème métier et applicatif que se répercute les effets de ces nouvelles normes IFRS.

Dans un environnement d'incertitude et d'évolutivité, les systèmes d'information, au service des processus métiers, remplissent un certain nombre de missions contribuant à la recherche de la performance. Dans le cadre de la conformité vis-à-vis des normes IFRS, leur rôle clé est la préservation de cette performance dans la déclinaison des nouvelles règles.

Bio

Diplômé d'un Master 2 MIAGE Informatique pour la Finance de l'Université Paris Dauphine, Ahmed Dib a rejoint mc²i Groupe, cabinet de conseil en transformation numérique en avril 2017. Il accompagne de grandes entreprises du secteur privé et public dans leurs projets en systèmes d'information financiers aussi bien en Agile qu'en cycle en V et intervient actuellement au sein de la direction administrative et financière de la branche immobilière d'un grand acteur du transport public.



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