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La boîte à outils de la Prise de décision
Chapitre VI : Gérer les biais décisionnels

Fiche 04 : La limitation des croyances et des stéréotypes

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  • Publié le 11 déc. 2017
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La boîte à outils de la Prise de décision

8 chapitres / 59 fiches

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Croyances et stéréotypes


Résumé

Lors du processus décisionnel, la manipulation des informations et des idées demande un effort cérébral permanent. Les croyances et préjugés vont faciliter ces actions en simplifiant leur analyse. Fondés sur une " réalité " non objective souvent généralisée, l'identification de ces croyances et stéréotypes permet à la décision d'être fondée sur des bases solides et donc d'élaborer un choix adapté. Facilitateurs, ce sont des raccourcis qui, s'ils sont consciemment utilisés, accélèrent le processus décisionnel.

Pourquoi l'utiliser ?

Objectifs

Être conscient des biais de croyances et de stéréotypes et les confronter à la réalité et au contexte de la décision apportent au processus décisionnel un angle de vue efficace. Dans le but de faciliter l'identification d'un danger ou d'un risque potentiel, le système cérébral d'alerte a tendance à augmenter et à généraliser les contrastes. Capitaliser sur leurs concours positifs tels que la compréhension d'informations complexes tout en évitant d'intégrer leurs apports néfastes en tant que raccourcis non adaptés aide le décideur en lui apportant des informations fiables.

Contexte

Chez l'humain, le système limbique, siège de la mémoire, joue un rôle clé dans la gestion des risques, déclenchant un système d'alerte pour indiquer un danger potentiel. Plus l'information disponible est incomplète ou complexe, plus le système d'alerte va " piocher " dans nos connaissances les informations utiles pour rendre l'information compréhensible. Ancrage, préjugés, primauté, effet de halo et biais culturel font partis des croyances et des stéréotypes.

Comment l'utiliser ?

Étapes

  • En premier lieu, comme toutes informations utiles au processus de décision, les informations issues de notre système de références doivent être validées. Le décideur pourra utiliser la méthode CQQCOQP en se posant les 7 questions : Comment, Qui, Quoi, Combien, Où, Quoi et Pourquoi.
  • Dans un deuxième temps, la confrontation des alertes issues de ces biais auprès d'individus de cultures et d'expériences différentes permet de réduire leur influence.
  • Enfin, il faut tenir compte des deux critères de validation des informations :
  • La pertinence : peut-on considérer cette information comme reconnue, partagée et acceptée par l'ensemble des acteurs de la décision ? Cette information est-elle issue d'une autorité dans la matière ?
  • La fiabilité : cette information est-elle consécutive à un jugement ou à l'analyse d'une action, d'une situation réelle ? Quels sont les faits réels à l'origine de ce préjugé ou de cette croyance ? Dans quel contexte sont-ils apparus ?
  • Méthodologie et conseils

    • Prévenir ces biais, c'est avoir conscience de leur existence car il est difficile d'en faire abstraction de par leur caractère automatique. Tenir compte des alertes qu'ils apportent tout en remettant en question leur probabilité d'apparition permet au décideur de capitaliser sur les bénéfices de ces raccourcis sans se laisser " aveugler " par les craintes qu'ils induisent.
    • Lorsqu'ils concernent une personne ou un groupe d'individus, rendre les informations anonymes permet de limiter leur apparition.
    • Notre système limbique accentue les différences pour réduire le risque. Gérer les biais décisionnels dus aux préjugés et aux croyances en forçant l'analyse des similitudes est également une méthode efficace.
    Avantages
    • Remettre en question les préjugés et les croyances favorise l'ouverture d'esprit et l'adaptation utile à une prise de décision efficace.
    Précautions à prendre
    • Il faut garder à l'esprit que ce sont des outils intuitifs pour prévenir des dangers potentiels.

    Comment être plus efficace ?

    Le système de valeurs individuelles

    La variété des jugements sur un sujet donné ne vient pas seulement des différences de niveau d'expertise, mais aussi du système de valeurs auquel une personne croit, ce qui rend inefficace toute argumentation rationnelle. Ce système de valeurs ou, plus largement, la culture à laquelle une personne se réfère est construit sur des représentations de la réalité et non sur une perception de celle-ci. Il y a donc une multiplicité des représentations ou illusions de la réalité selon la culture à laquelle chacun appartient.

    Parce que nous devons affronter l'incertitude, nous pouvons avoir besoin d'interprétations opportunes, de croyances pour ne pas rester passif. Mais ce côté pratique, voire un peu paresseux, peut receler des pièges. En effet, certaines croyances peuvent créer un excès de confiance en soi ou en d'autres personnes, une crédulité et une persistance plus ou moins dogmatique. Elles orientent alors le comportement sur des voies stériles, voire nuisibles. Le train mental n'a plus le choix, l'aiguillage est bloqué sur de mauvais rails, les motivations courantes de nos croyances n'étant pas toujours rationnelles.

    Identifier les distorsions

    Les croyances et préjugés tendent à :

    • déformer notre perception et notre raisonnement ;
    • dégrader notre aptitude à prendre de bonnes décisions ;
    • biaiser notre réflexion et notre jugement.

    En se focalisant sur une première information, une première valeur ou un premier élément, l'esprit n'arrive plus à apprécier et prendre en considération les nouvelles informations, les nouvelles valeurs ou à envisager d'autres choix.

    Les croyances et préjugés s'expriment également au travers de l'effet de primauté : l'impression générale que l'on a de quelqu'un ou de quelque chose est davantage influencée par la première information perçue, qu'elle soit bonne ou mauvaise, que par les suivantes. L'effet de primauté a été mis en évidence au milieu des années 1940 par le psychologue américain d'origine polonaise Solomon E. Asch (1907-1996).

    L'effet de halo

    Une autre expression des croyances et des préjugés est l'effet de halo (ou effet de notoriété ou effet de contamination). C'est la tendance à rendre plus positives (ou inversement, plus négatives) certaines caractéristiques d'une personne, d'un groupe, d'une marque, etc., même si on ne les connaît pas, à partir d'une de ses caractéristiques que l'on avait préalablement jugée positive (ou inversement, négative). Il s'agit d'un biais cognitif fondé sur l'interprétation sélective d'informations qui va dans le sens de l'impression première ressentie sur son environnement ou sur une de ses caractéristiques et qui cherche à la renforcer. Mis en évidence en 1920 par le psychologue américain Edward Thorndike (1874-1949), cet effet a été démontré en 1946 par le psychologue américain d'origine polonaise Solomon E. Asch.

    Les croyances et les préjugés peuvent toutefois avoir un effet facilitateur lorsque le décideur n'a pas accès aux informations pour son analyse, mais il devra être conscient que ses datas ne sont pas validées et donc peuvent être remises en cause.

    CAS : L'influence des croyances et des préjugés sur l'estimation d'un marché

    Contexte

    Les croyances et stéréotypes sont parfois à l'origine des échecs de création d'entreprise innovante. Le créateur, en effet, positionne son produit ou service pour résoudre un problème qu'il pense avoir identifié.

    Trop souvent, bardé de ses croyances et stéréotypes, il ne passe pas suffisamment de temps à vérifier l'existence et l'importance de ce problème et passe directement à l'étape suivante qui est de consacrer temps, énergie et ressources à la création de la solution.

    Or il arrive trop fréquemment que ce premier problème ne soit pas correctement formulé ou qu'il n'existe tout simplement pas. L'entrepreneur doit alors reformuler ce problème à résoudre puis ajuster la solution en fonction. Le drame survient lorsque la plupart des ressources ont été consommées lors de la première tentative, et qu'il n'y a plus assez de moyens pour mettre au point la nouvelle version de la solution.

    Résultat

    C'est pourquoi il est fortement suggéré aux néo-entrepreneurs de s'atteler à un problème qu'ils subissent personnellement ET de valider leur marché en s'assurant que suffisamment de personnes font face au même problème.

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