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Le cloud fait trembler le marché des logiciels

De plus en plus plébiscités par les entreprises, les logiciels dans le cloud ont le vent en poupe, créant une véritable révolution du côté des éditeurs. Ces derniers n'ont pas eu d'autre choix que de s'adapter ou disparaître. Jusqu'à la prochaine révolution...

Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
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Le cloud fait trembler le marché des logiciels

44 milliards d'euros: c'est le poids du marché des logiciels (en revenus globaux des éditeurs) en Europe sur l'année 2015. Un joli pactole que se partagent un grand nombre d'acteurs: il existe 400 éditeurs sur le marché français rien que pour les logiciels de ressources humaines et 1300 pour les ERP... Malgré cette multitude d'acteurs, le marché est toujours dominé par des mastodontes: SAP, n° 1 européen selon le classement Truffle 100, et surtout les éditeurs américains tels qu'Oracle et Microsoft. Même si les éditeurs français tirent leur épingle du jeu: ils ont pour leur part réalisé un chiffre d'affaires de 12,4 milliards d'euros en 2015, réalisant une croissance de 35% entre 2013 et 2015.

Malgré cette hégémonie qui semble durable, les gros acteurs du marché doivent de plus en plus souvent compter avec des acteurs plus récents, mais également plus innovants. L'exemple de Salesforce est de ce point de vue édifiant: née en 1999, proposant des logiciels 100% SaaS dès sa création, la société est aujourd'hui un sérieux concurrent. Nous pouvons également évoquer des éditeurs plus récents tels que Workday (créé en 2005) ou Anaplan (2006), qui mettent à mal la domination des acteurs historiques.

Les logiciels "on premise" perdent du terrain

Car le marché des logiciels est en pleine révolution. Celle du cloud. Si l'apparition des logiciels en mode SaaS n'est pas récente, leur adoption s'accélère. L'étude ERP Survey présentée par le CXP à l'occasion du salon ERP révèle que 17% des entreprises ont désormais leur ERP dans le cloud, contre 12% en 2015. Et 53% des entreprises interviewées ont émis l'hypothèse de le faire migrer dans le cloud un jour. Si bien que le cloud tire de plus en plus les revenus des éditeurs. Le Syntec parle d'une croissance de 20% par an sur le cloud contre une croissance à peine positive pour les logiciels "on premise".

Même si ces derniers sont toujours majoritaires, ils perdent du terrain par rapport au cloud. Une autre étude, de Flexera Software (août 2016), révèle que seuls 43% des éditeurs déclarent que les licences perpétuelles représentent la moitié de leurs revenus ou plus. "Tous les nouveaux éditeurs proposent des solutions dans le cloud", constate Olivier Beugnet, associé chez BearingPoint. Une tendance qui s'accélère pour plusieurs raisons: les éditeurs proposent des offres de plus en plus matures et les clients ont de moins en moins d'appréhension à basculer en mode SaaS.

S'adapter ou mourir

(mis à jour le 22/11/2017)

Si les gros éditeurs ont eu les moyens d'évoluer grâce à des achats multiples, certains acteurs ont tout bonnement disparu, n'ayant pas réussi à opérer leur mue. Patrick Rahali, director et market leader ERP au CXP, cite par exemple Generix, qui a dû revendre son activité ERP à Aurea.

Notons par ailleurs que les gros éditeurs historiques bénéficient également d'une position de puissance par rapport aux entreprises, même les plus grosses.

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Comme le souligne Christian Hindre, directeur commercial Europe de Flexera Software, "changer d'éditeur est difficile car beaucoup d'investissements ont généralement été réalisés et la migration ne peut pas se faire d'un coup". Et les éditeurs profitent de cette position dominante pour réaliser des audits sur l'utilisation des licences de leurs clients, audits qui leur rapportent plusieurs millions d'euros.

Sur quels éditeurs parier?

Pour tirer leur épingle du jeu face aux mastodontes historiques et aux nouveaux acteurs ultra-innovants, certains éditeurs ont choisi l'hyperspécialisation. Manon Ribes, responsable marketing Celge, comparateur de logiciels, cite ainsi des éditeurs spécialisés dans une branche. "Dans l'agroalimentaire, ces éditeurs hyperspécialisés peuvent par exemple proposer des solutions qui permettent de suivre les dates de péremption", indique-t-elle. Et demain? Quelle va être la prochaine révolution qui va encore bouleverser le marché des logiciels? Les ruptures technologiques sont en effet nombreuses, presque quotidiennes. Les experts parlent unanimement de l'Internet des objets. En effet, de plus en plus d'entreprises proposent des objets connectés à leurs clients pour leur apporter encore plus de services: voiture connectée, bâtiments intelligents... Des objets bourrés de logiciels.

Comment vont s'adapter les acteurs historiques à cette nouvelle révolution? Auront-ils encore les moyens d'acheter des acteurs innovants? Et les éditeurs qui sont aujourd'hui innovants, sauront-ils évoluer? Face à ces changements majeurs, et surtout récurrents, la question est de savoir sur quels éditeurs parier. "La difficulté pour les Daf est de savoir si les partenaires sur lesquels ils misent vont réussir à survivre à la prochaine rupture technologique", pense Frédéric Charles, directeur stratégie digitale et innovation chez Suez Smart Solutions, qui donne des cours sur la mise en place des ERP à l'Essec et aux Mines. Il conseille de faire partie d'un club utilisateurs pour échanger entre pairs et sentir les tendances. S'il y a de moins en moins de personnes présentes aux réunions du club, c'est qu'il est peut-être temps de partir...

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