RSE : les Daf ont un rôle à jouer !
Un webinaire organisée par l'Essec et PMP a mis en avant le rôle des Daf dans les questions de RSE. Judith Hartmann et Yves Chapot, respectivement directrice financière d'Engie et directeur financier de Michelin, sont venus apporter leur témoignage.
Les Daf ont un rôle à jouer dans les questions de RSE. Depuis quelques temps, les Daf prennent la parole sur ce sujet, mettant en avant la façon dont ils soutiennent la stratégie RSE de leur entreprise.
Ce fut récemment le cas de Judith Hartmann, directrice générale adjointe et directrice financière d'Engie, et Yves Chapot, gérant et directeur financier de Michelin, à l'occasion d'un webinaire organisé par PMP en partenariat avec l'Essec sur le thème "Le rôle du CFO, sustainable business partner".
Valeur à long terme
Pourquoi le Daf doit-il s'intéresser à la RSE ? Pour Judith Hartmann, la prise en compte des objectifs RSE implique l'adoption d'une vision à long terme dans la politique d'investissement. "Sur les 15 milliards d'euros d'investissements que nous allons réaliser les trois prochaines années, près de la moitié sera consacrée aux énergies renouvelables. Et si nous regardons plus loin, cette proportion atteindra deux tiers des investissements", a -t-elle rapporté.
Le Daf permet donc de concrétiser la stratégie RSE des entreprises mais aussi d'en tirer de la valeur, aussi bien à court qu'à long terme. Une vision que partage Yves Chapot : "Chez Michelin, nous visons à ce que tous nos process intègrent les trois dimensions de la RSE que sont la performance économique et financière, l'impact sur l'environnement et la responsabilité sociale et sociétale. Cela nous permet d'appréhender l'évolution des entités dans le futur", a-t-il déclaré.
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Il a ajouté observer un véritable impact de l'engagement RSE de sa société dans la topline, c'est-à-dire le chiffre d'affaires, les consommateurs étant de plus en plus sensibles à la performance environnementale et sociétale des produits achetés.
Répondre aux demandes
Autre élément qui oblige les Daf à regarder de près le sujet de la RSE : la montée en puissance de critères RSE dans la valorisation des entreprises. "Dans le secteur de l'énergie La valorisation peut varier du simple au double entre les entreprises investies dans le renouvelable et celles qui ne le sont pas", a observé Judith Hartmann. La directrice financière d'Engie a également souligné l'importance croissante des green bonds, ainsi que leur compétitivité par rapport aux émissions classiques.
Judith Hartmann parle aussi de la taxonomie européenne, qui va obliger les entreprises à publier l'alignement de leur chiffre d'affaires, capex et opex avec les six objectifs environnementaux définis par la Commission européenne.
Des investissements qui respectent l'environnement
Ces évolutions des demandes des différentes parties prenantes obligent donc les Daf à intégrer la RSE dans leurs décisions d'investissements. Chez Michelin, par exemple, les investissements industriels, la création ou l'agrandissement de sites de production par exemple, prennent en compte l'aspect humain (formation des équipes par exemple) mais aussi environnementaux. "Nous intégrons le prix du carbone dans nos décisions d'investissement, que nous venons de valoriser à 100 euros la tonne au lieu de 50 précédemment, afin de nous inscrire sur le long terme", a précisé Yves Chapot.
"Nous investissons énormément, 15 milliards d'euros sur les trois prochaines années, et prenons en compte des critères financiers comme le rendement ou la génération de cash flow mais aussi les sujets de RSE, par exemple l'impact sur le climat et la biodiversité. Il nous arrive régulièrement de ne pas investir dans un projet financièrement rentable parce qu'il ne respecte pas nos critères RSE", a poursuivi Judith Hartmann.
Indicateurs clés
Le Daf a assurément également un rôle à jouer en termes de reporting extra financier. "Nous publions depuis de nombreuses années nos émissions de gaz à effet de serre aussi bien directes que indirectes. Nous informons également nos consommateurs de l'impact environnemental, de la consommation et du bruit concernant les pneumatiques. Enfin, en 2020, nous avons valorisé certaines externalités auprès de l'externe et de l'interne", a décrit Yves Chapot. Ces externalités sont principalement les émissions de CO2 des scopes 1 et 2, le prélèvement d'eau et la consommation de solvants.
Par ailleurs, le groupe Michelin diffuse aussi bien en externe qu'en interne 12 indicateurs qui recouvrent les trois dimensions People, Planet et Performance économique (4 sur les personnes, 4 sur l'environnement et 4 sur le marché et la finance), afin de mesurer le succès de la stratégie du groupe sur les dix ans à venir.
Chez Engie, ce sont une vingtaine de KPIs qui sont suivis, dont trois qui sont présentés en même temps que les résultats annuels : la part du renouvelable dans le mix énergétique, la réduction des émissions de CO2 et la parité homme/femme dans l'organisation. "Ces KPIs sont utilisés pour calculer le bonus des top managers du groupe. C'est donc quelque chose de concret", a précisé Judith Hartmann. Son seul regret : la difficile collecte des agrégats RSE par rapport aux agrégats financiers ; elle souhaiterait davantage automatiser la production de ces données.
Par ailleurs, il existe aujourd'hui une trop grande hétérogénéité des référentiels RSE. "Il faudrait trouver un langage commun, c'est pourquoi nous soutenons les travaux de standardisation en cours, notamment via la taskforce de l'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group, groupe consultatif européen sur l'information financière NDLR)", a souligné Judith Hartmann. Pour aborder ce problème, Michelin a intégré la Value Balancing Alliance, un groupement d'entreprises qui cherche à développer une méthodologie de valorisation de toutes les externalités, positives ou négatives.
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