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Comment réussir sa transmission d'entreprise ?

Véritable sujet dans la pérennité d'une entreprise, la transmission est une opération importante permettant de créer de la valeur au sein de l'entreprise. Il faut cependant la préparer correctement en amont, car le cadre juridique et fiscal française reste peu favorable à ces transmissions.

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Comment réussir sa transmission d'entreprise ?
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Sur les 5400 ETI que compte la France, près d'une sur deux sera amenée à changer de dirigeant dans les 10 prochaines années. A l'occasion des 20 ans du Pacte Dutreil, KPMG et le METI ont publié une étude consacrée à la transmission des ETI familiales en France. Cette transmission est une étape clé dans la quête de pérennité des entreprises familiales, la mener à bien est donc un sujet fondamental. « Faire émerger la nouvelle génération de dirigeants d'ETI grâce à une vague réussie de transmissions, c'est se donner toutes les chances de pérenniser nos entreprises et d'apporter une solution concrète à l'équation qui lie souveraineté économique et réindustrialisation, » relate l'étude, la moitié des ETI françaises étant actives dans les secteurs de l'industrie et la construction.

Une opération qui se prépare

Quelles sont alors les clés pour réussir sa transmission dans une ETI familiale ? Il faut tout d'abord avoir conscience que transmettre prend du temps et s'anticipe. Ce processus prend en moyenne 6 à 10 ans selon l'étude. Un chiffre qui s'explique tant par l'environnement juridique et fiscal que par les enjeux relationnels et managériaux d'une transmission. Car la dimension humaine est en effet essentielle dans un processus de transmission et exige de l'anticipation, par exemple pour acculturer une nouvelle génération de dirigeants aux réalités de l'entreprise. Cette relève se prépare, de son côté, bien en amont : 50 % des dirigeants interrogés affirment qu'ils se destinaient à reprendre l'entreprise familiale et parmi eux, 70 % ont choisi leur formation dans ce but. Par ailleurs, dans 60 % des cas, une période d'accompagnement entre le donateur et le repreneur est mise en place avant la transmission.

D'autre part, le successeur se trouve très souvent dans l'entourage proche de l'actuel propriétaire. Pour 60% des dirigeants interrogés qui envisagent la transmission de l'entreprise dans les cinq à dix ans à venir, le repreneur travaille déjà au sein de l'entreprise, presque toujours à un poste de direction ou d'encadrement. Enfin, dans près de 70% des cas, la transmission familiale a été l'unique solution envisagée pour reprendre l'entreprise.

Un levier de création de valeur

Qui dit transmission dit généralement mise en place de nouveaux projets pour l'entreprise. Si la première motivation des repreneurs est d'assurer la pérennité de l'entreprise, la plupart en font également une opportunité pour intégrer dans leur management des grandes orientations stratégiques, avec, par exemple les nécessaires transitions environnementales et digitales. Dans la très grande majorité des cas, la transmission est ainsi bénéfique pour l'entreprise, qu'il s'agisse de création d'emplois, de croissance du chiffre d'affaires ou de développement international. La transmission n'est donc pas seulement un passage de témoin : elle est également une opportunité de régénération de l'entreprise.

Des problématiques juridiques et fiscales

Néanmoins, ressortent également de l'étude des difficultés majeures rencontrées par les entreprises. Le cadre juridique autour de la transmission est jugé à la fois rigide, insécurisant et complexe par les dirigeants interrogés. Le coût de la transmission est, d'autre part, considéré comme élevé par une majorité de professionnels interrogés. 61 % d'entre eux estiment ainsi que l'environnement juridique et fiscal français est encore peu favorable à la transmission des entreprises familiales. Et ce, malgré la mise en place il y a 20 ans du Pacte Dutreil, qui vise à promouvoir la transmission et à pérenniser les entreprises familiales. Ce pacte a été utilisé par 90% des dirigeants interrogés. En revanche, sa mise en oeuvre reste complexe : 34 % des dirigeants interrogés affirment ainsi qu'une réorganisation (séparation des activités, création d'une holding animatrice...) de l'entreprise a été mise en oeuvre en amont de la transmission.

Méthodologie :

Cette étude a été réalisée auprès d'un échantillon ciblé de 73 ETI détenues très majoritairement par un actionnariat familial (plus de 80% des entreprises interrogées ont un actionnariat familial supérieur à 80%), complétée par 14 entretiens individuels de dirigeants ayant pris la tête d'une ETI il y a moins de 5 ans.

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