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" Nous constatons des évolutions marquantes des Daf de start-up avec lesquels nous travaillons "

Fanny Picard, créatrice du fonds à impact Alter Equity, partage avec Daf Magazine la façon dont le fonds travaille avec les entreprises qu'il finance et nous livre sa perception du métier de Daf et de son évolution.

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' Nous constatons des évolutions marquantes des Daf de start-up avec lesquels nous travaillons '

> Pouvez-vous nous présenter Alter Equity ?

J'ai lancé Alter Equity en 2007 dans le but de financer des entreprises favorisant la transition environnementale et sociale grâce à des produits ou services utiles à la société. Des entreprises répondant notamment à des enjeux d'éducation, d'accès à l'emploi, de dérèglement climatique, d'épuisement de la biodiversité et des ressources, de qualité de l'eau, de l'air, ou des sols, ou encore d'accès à l'eau... Sujets pour lesquels il est urgent de trouver des solutions.

Nous avons levé un premier fonds de 41.5M€ en 2015 et un deuxième de 110M€ début 2020.

Fin 2020, l'ensemble du portefeuille d'entreprises au capital desquelles nous avons investi ont permis d'éviter l'émission de 2.4 millions de tonnes de CO2, ce qui est considérable : 0.5 % des émissions annuelles de la France de 450 millions de tonnes!

> Comment choisissez-vous les entreprises que vous financez ?

Vous l'avez compris, le critère numéro un est que leur activité ait un impact positif, et le moins possible d'externalités négatives (pollutions, précarisation des salariés, etc.). Le deuxième est qu'elles acceptent d'engager une démarche de progrès en termes de RSE dans leurs pratiques de gestion, formalisée par un plan d'action. La perspective de rendement financier de l'investissement est également un critère fondamental. Pour servir ces objectifs d'impact et de rentabilité, nous portons une attention particulière à la qualité de l'équipe de direction, à sa capacité à rebondir avec agilité en cas de difficultés, son écoute, son ambition et aussi son humilité.

Depuis nos débuts, nous avons analysé plus de 3 000 entreprises. Elles nous contactent directement ou par le biais d'un intermédiaire. Nous les sollicitons éventuellement de manière proactive. Ensuite, nous rencontrons les dirigeants : ils nous présentent leur activité, leur marché, leur positionnement sur ce marché, leur impact, les moyens humains de leur start-up et autres déterminants de leur succès (technologiques, propriété intellectuelle, etc.) et leurs perspectives financières. Nous nous intéressons à des entreprises à fort potentiel de croissance.

> Pouvez-vous nous présenter quelques-unes des entreprises dans lesquelles vous avez des participations ?

Open Airlines est l'une des premières. Elle a développé le meilleur logiciel d'éco-pilotage des avions au monde, qui permet d'économiser 2 à 5 % de kérosène par vol. Murphy répare pour un montant forfaitaire de 85€ vos appareils électroménagers tombés en panne alors qu'ils ne sont plus sous garantie. Ilek distribue de l'électricité et du biogaz 100 % renouvelables. Eficia améliore l'efficacité énergétique des bâtiments. La start-up Les Ripeurs récupère et valorise les déchets, notamment de chantier, et évite les décharges sauvages. Kipli vend des matelas en latex bio avec un double impact social et environnemental : ces matelas sont exempts des perturbateurs endocriniens et COV cancérigènes des matelas en mousse, parfois problématiques en termes de santé publique, et présentent par ailleurs un avantage environnemental considérable en évitant la consommation d'énergie nécessaire à la production de polyuréthane, dérivé de pétrole, formant la mousse des matelas conventionnels.

Ensemble, les entreprises de notre deuxième fonds ont connu une croissance moyenne de 95 % en 2020.

> Avez-vous observé, en 15 ans, un changement de culture chez les Daf des start-up avec lesquels vous travaillez ?

Nous constatons des évolutions marquantes des Daf de start-up avec lesquels nous travaillons. En premier lieu, ils nous semblent avoir intégré la digitalisation et être devenus son ambassadeur et son moteur dans la transformation de leur entreprise. Nous sommes par ailleurs frappés de constater que les Daf sortent de plus en plus de leur dimension technique. Ils soutiennent de plus en plus souvent la vision du CEO, incluant les dimensions stratégique et ESG. Enfin, nous remarquons un changement d'attitude : ils ont intégré des soft skills en communiquant beaucoup plus. Leur poste a pris de l'ampleur ! Dans plusieurs start-up, ils sont le bras droit du dirigeant, se substituant à lui quand il le faut dans différentes situations, notamment de communication ou de prise de décision stratégique.




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