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Interview / Alain Gerbier, directeur des entreprises de la Banque de France : "La nouvelle échelle de cotation permet une plus grande précision".

La Banque de France utilise depuis le 8 janvier dernier une nouvelle échelle de cotation. Plus fine, plus précise, elle doit permettre de mieux refléter la situation réelle de l'entreprise. Les explications d'Alain Gerbier, directeur des entreprises pour la Banque de France.

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Interview / Alain Gerbier, directeur des entreprises de la Banque de France : 'La nouvelle échelle de cotation permet une plus grande précision'.

>En ce début d'année, la Banque de France fait évoluer son échelle de cotation. Pourquoi ?

L'échelle de cotation actuelle est utilisée depuis les années 80. Elle avait été un peu améliorée en 2004 mais n'avais pas évolué de manière vraiment significative depuis 40 ans. Il était devenu nécessaire de la revoir en profondeur. D'une part, pour l'harmoniser avec celles des autres banques centrales et avec celles des agences de notation et, d'autre part, pour disposer d'une cotation plus précise et donc rendant mieux compte de la situation réelle des entreprises. Car n'oublions pas que l'objectif de cette cotation est de refléter le mieux possible la capacité d'une entreprise à honorer ses engagements de crédits à horizon d'un à trois ans. Cette cotation, qui s'adresse aux acteurs du financement de l'économie, a plusieurs finalités. Pour la politique monétaire, elle permet aux banques se refinançant auprès de la Banque Centrale de faire état, en guise de garantie, de prêts à des entreprises solides. Elle permet aussi aux banques d'évaluer la qualité de leurs fonds propres. Enfin, pour les dirigeants, elle leur apporte un regard précis et objectif sur leur situation financière. Elle est établie sur la base d'un traitement algorithmique des éléments comptables et fiscaux que nous recevons, et couplée systématiquement à une analyse à dire d'experts.

>Qu'est-ce qui change exactement ?

D'abord, nous utilisons désormais un outil statistique modernisé incrémentant beaucoup plus de critères financiers, et sur une plus longue période. Il reste néanmoins assis sur quatre axes d'analyse identiques : la capacité bénéficiaire, l'autonomie financière, la structure financière et les liquidités. Ensuite, l'échelle de la cote de crédit est désormais plus longue. Elle passe de 1 à 22 crans avec 10 niveaux de côtes éligibles contre 5 jusqu'ici. Ce nombre plus important de niveaux de cotes permettra une cotation plus fine.

>Pensez-vous que dans cette période de crise, d'abord avec le Covid et désormais avec les conséquences probables du conflit en Ukraine, cette nouvelle échelle de cotation soit plus favorable aux entreprises ?

Il ne s'agit pas d'être plus ou moins favorable à une entreprise mais de refléter le mieux possible sa situation. Pendant cette crise Covid, nous avons voulu lisser les effets, pour l'Ukraine nous essaierons de faire de même mais la cote doit rester plausible, il est important de maintenir un thermomètre fiable.

En revanche, il est certain qu'avec 22 crans, lorsque nous sommes contraints d'abaisser d'un cran une entreprise, la décote est moins douloureuse.

>Quels conseils pouvez-vous donner aux directeurs financiers et aux dirigeants d'entreprise ?

Les 300.000 entreprises réalisant plus de 750.000 euros de chiffre d'affaires vont recevoir début avril un questionnaire. Il est important qu'ils y répondent le plus précisément possible car ces informations qualitatives permettent d'enrichir l'analyse de nos experts. Et puis, tout au long de l'année, il ne faut pas hésiter à dialoguer avec la Banque de France, à prendre rendez-vous avec nos antennes départementales, à communiquer les nouveaux éléments surtout en période d'instabilité comme actuellement. S'ils sont en désaccord avec leur cotation, nous sommes toujours ouverts à la discussion. D'autant qu'avec cette nouvelle échelle, les revalorisations de cote seront plus faciles car les marches entre chaque cran moins hautes.

Dernier conseil très important, et c'est une nouveauté que nous allons appliquer en 2022 : nous allons être très attentifs aux délais de règlements. Les entreprises disposant d'une bonne trésorerie mais dont nous constatons qu'elles n'ont pas réglé leurs fournisseurs dans les délais légaux pourront se voir signifier, après entretien, une décote. Je ne peux donc que conseiller aux directeurs financiers d'être très vigilants sur ce point.

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