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Bourse et Private equity : faut-il les opposer ?

Si la Bourse et les fonds de capital-investissement ont chacun leurs caractéristiques, ces deux outils de financement n'ont pour autant rien d'antinomique.

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Bourse et Private equity : faut-il les opposer ?

L'exemple de Verallia, entreprise française spécialisée dans l'emballage en verre pour les boissons et les produits alimentaires, aura été concluant. C'est même la seconde IPO la plus importante qu'ait connu le marché boursier parisien en 2019. Racheté en 2015 par le fonds d'investissement américain Apollo Global Management et Bpifrance, ce groupe bicentenaire est devenu deux mois après son introduction en bourse l'une des 120 premières valeurs cotées sur Euronext Paris. Etre cotée en Bourse après avoir bénéficié d'un financement d'un fonds du private equity est un atout non négligeable pour une société, surtout lorsque celle-ci souhaite attirer des investisseurs. Reste que ces opérations sont loin d'être monnaie courante.

Le capital investissement passe le cap des 20 milliards

Le capital investissement, apparu en France dans les années 1980, devance très largement la Bourse pour le financement en fonds propres des PME et des ETI françaises. Ces fonds d'investissement dont la force de frappe est démultipliée par l'abondance du crédit bon marché n'ont jamais eu autant d'argent à dépenser.

En 2019, pour la 4ème année consécutive, les principaux indicateurs de l'activité du capital-investissement français sont en hausse. Selon le rapport d'activité des acteurs du capital-investissement français publié en juin 2020 par France Invest (Association des Investisseurs pour la Croissance) et Grant Thornton, les montants levés franchissent pour la première fois le cap de 20 milliards d'euros. Les capitaux investis progressent d'un tiers en une seule année. La dynamique créée par la French Tech explique pour partie la croissance du nombre d'entreprises financées.

Au global, en 2019, le capital-investissement français a levé 40,7 milliards d'euros, soit 13% de plus qu'en 2018. « Le passage par la case private equity est devenu un passage presque obligé pour les entreprises actuellement. 90% des nouvelles IPO (initial public offering ou introduction en bourse) sont issues de portefeuilles de fonds », estime Louis Victor d'Herbès, fondateur du Listing sponsor IBI (Industrie Bourse International). Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Pour Franck Sebag, associé EY, « c'est plutôt positif car les fonds permettent d'accélérer la maturité des entreprises. Elles bénéficient de davantage de capitaux en amont et accélèrent leur croissance, ce qui est apprécié par le marché ».

Une évolution des comportements

Si les marchés financiers offrent notamment, grâce à la notoriété qu'en retirent les entreprises cotées, une plus importante capacité à lever des fonds et davantage de liquidité, le private equity permet, lui, de mieux préserver la confidentialité de son business et de ne diffuser que très peu d'informations par rapport aux sociétés cotées. Louis Victor d'Herbès, qui a travaillé dans la société de capital-investissement 3I pendant 4 ans, regrette toutefois que les fonds de capital investissement ne jouent pas le jeu. « De nombreuses ETI n'entrent pas en bourse car elles sont préemptées par les LBO. Dans les années 90 et au début des années 2000, beaucoup plus de sociétés à l'image d'Orpea, dans le domaine des maisons de retraite, et Jacquet Metals, un acteur mondial de la distribution d'aciers spéciaux sont entrées en Bourse, et sont de très belles valeurs cotées », explique-t-il.

Autre exemple : en 1996, 22 PME-ETI sont entrées au Second Marché. Il en reste actuellement trois cotées : Ubisoft (sur Euronext réglementé), Delfingen et Lanson BCC transférées sur Euronext Growth. Trop peu pour Louis Victor d'Herbès. Selon l'expert, les comportements et les mentalités ont évolué. « Dans un monde idéal, comme cela a été le cas de l'entreprise Verallia, et aussi pour Orpea, le private equity aide l'entreprise à se mettre sur les rails en lui apportant des fonds appelés Equity qui sont en fait une dette. Les entreprises doivent restituer ces capitaux dans un délai compris entre 5 et 7 ans à un taux d'intérêt capitalisé bien plus cher qu'un taux bancaire classique. Ce financement impose aux dirigeants de vendre la totalité du capital de l'entreprise si le fonds ne trouve pas d'acquéreur pour sa participation. La société est ainsi vendue à un concurrent, ou bien à un autre fonds. Les sociétés actuellement sous LBO ont quant à elles pris l'habitude de rembourser de la dette, d'autant que le management sous LBO préfère souvent être associé au capital à des conditions probablement plus intéressantes pour lui ». Difficile donc pour ces entreprises de prendre le chemin de la Bourse pour y trouver des liquidités.


Mais au fait...

Qu'est-ce que le private equity ?

Les formes les plus répandues de private equity sont d'une part le capital-risque, également appelé venture capital, désignant des investissements dans la création et le développement de start-ups innovantes et d'autre part les LBO (Leveraged Buy-Out). Un fonds de private equity va ici s'associer à des managers ou à des dirigeants externes en vue de prendre le contrôle majoritaire d'une société plus grande et plus mature via un financement par de la dette.


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