Impacts des évolutions des grands ERP sur les DAF
L'avènement du numérique n'a pas été sans conséquence pour les entreprises. Outre la nécessité d'évoluer dans un environnement multi-connecté, chaque entité a dû prendre le pas sur la globalisation des données tout en tirant profit d'une utilisation adaptée du big data.
Après un passage à la DAF 2.0, caractérisée par un environnement plus connecté et plus automatisé, la nouvelle tendance est cette fois-ci à la DAF 3.0. Véritable chef d'orchestre de l'entreprise, la DAF tend à jouer un rôle central dans le cadrage ainsi que le suivi de la stratégie.
État du marché des ERP
La volumétrie des données implique nécessairement une grande disparité dans les flux d'informations. Pour continuer à maitriser la richesse des flux et maintenir sa contribution à la stratégie globale, la DAF doit sans cesse veiller à aligner ses besoins avec son ERP (Progiciel de Gestion Intégré). Bien que ces solutions soient multiples sur le marché, avec une large palette de modules, quelques éditeurs occupent une place prépondérante tels que SAP (75% des entreprises du CAC 40), ORACLE et CEGID.
Le marché actuel des ERP est la résultante d'une succession d'achats, de fusions acquisitions et d'absorptions des plus petits acteurs par les plus grands. Cette typologie de croissance amène à un véritable dédale de logiciels et d'applicatifs modulaires répondant aux besoins spécifiques. L'architecture s'est, de ce fait, construite autour de développements par besoins et non par groupes d'utilisateurs.
L'intégration des évolutions doit nécessairement être réfléchie et anticipée afin de garantir l'adaptation de la structure de la DAF. Ainsi, quels impacts ont les évolutions des grands ERP sur les DAF ? Ce sujet doit être traité au moyen d'une analyse fine de la culture, de l'environnement métier et du système d'information de la fonction Finance.
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Des évolutions au service de la DAF
La complexité du maillage ainsi constitué mène bien souvent à des doublons et des redondances dans le traitement des données ainsi que des besoins. Les évolutions des ERP permettent en partie de répondre à cela avec une simplification horizontale et verticale des processus et modules existants. Outre une utilisation intuitive et plus rapide pour l'utilisateur, l'introduction d'agilité dans son fonctionnement permet à la DAF de centraliser les informations primordiales de l'entreprise. Elle réduit par la même occasion ses délais pour obtenir une information qualifiée et fiable, lui permettant de pouvoir réallouer ce temps sur des actions à plus forte valeur ajoutée tout en limitant les risques d'erreurs.
En marge de la simplification des processus, l'automatisation de certaines tâches chronophages dans le passé permet à la DAF de se réorganiser pour ne plus être en réaction, mais d'avantage dans l'anticipation. L'évolution des ERP vers un système hydride, alliant d'un côté une collecte et un traitement qualitatif des données pertinentes, et de l'autre une visualisation en temps réel des KPI stratégiques, renforce la DAF dans son rôle de coordinateur. Ceci est rendu notamment possible par les nouvelles technologies intégrées telles que la Business Intelligence, le Machine Learning via les chatbots et les interactions vocales avec l'outil. Ainsi, les données sont traitées et pré analysées afin de favoriser une prise de décision précise et éclairée en temps réel tout en raccourcissant considérablement les temps de traitement et la volumétrie de ressources utilisées.
Mobilité et multi-devices : un autre atout pour la DAF
Un autre facteur clé de succès pour favoriser une meilleure synergie avec l'éco système de la DAF est la mobilité et le multi-devices. En effet, les utilisateurs n'ont plus comme utilisation exclusive un ordinateur pour le travail et le suivi de la performance. Sauf rares exceptions, chaque utilisateur et preneur de décisions possède un smartphone et/ou une tablette. Cette démocratisation du cloud sur ces dernières années et la démonstration de sa praticité ont été conjointement soulignées par éditeurs et dirigeants. Dans le cas des évolutions des ERP, il s'agit d'une véritable avancée. Coutant moins chère en infrastructure et étant plus simple à déployer, le cloud permet un accès partout aux données de l'ERP.
Le ROI : premier frein à la migration
Les ERP sont de plus en plus flexibles et agiles afin de permettre à chaque entreprise de taille critique de pouvoir intégrer le plus facilement possible les solutions proposées. Cependant, les directions financières sont encore plus diverses et la question du retour sur investissement est le premier frein à la migration. Les apports d'un ERP doivent être alignés avec l'activité, la culture et le fonctionnement d'une DAF et non l'inverse. Ainsi, l'évolution d'une solution doit, dans le meilleur des cas, être en adéquation avec la trajectoire stratégique de l'entreprise pour continuer à l'accompagner au mieux dans ses besoins. L'ajout de nouvelles fonctionnalités ne doivent pas éclipser la perte ou la modification de certains modules primordiaux au fonctionnement de la DAF et de ses interactions.
De plus, certaines évolutions peuvent être mineures dans l'impact financier tel qu'une update de la solution, mais majeur dans la réorganisation de l'entreprise pour intégrer au mieux les changements au sein de sa structure. C'est le cas, par exemple, de la mise en place du cloud pour les ERP. Plus pratique et plus mobile, cette action nécessite inévitablement un effort du côté de la DSI et une restructuration de cette dernière. L'allègement de charge concernant la maintenance des infrastructures peut s'avérer bien plus coûteuse pour l'entreprise avec une orientation client/utilisateur.
Attention à la sécurisation des données
Comme chaque évolution, que ce soit dans le domaine de la finance ou dans d'autres domaines, l'une des principales actions est de garantir la sécurité des nouveaux processus et d'adapter son mode de fonctionnement aux nouveaux enjeux ainsi créés. La question de la sécurité ainsi que la cybersécurité, revêtent une importance capitale tant pour les données financières que pour les données stratégiques qui transitent dans le SI.
Les évolutions des ERP sur les DAF s'inscrivent dans une logique de modernisation des processus et accompagnent la transformation numérique de chaque utilisateur. Si elles sont une véritable source de performance à venir pour l'entreprise, et quelles confortent la DAF comme un pilier de la stratégie, elles nécessitent tout de même une analyse minutieuse des changements à opérer pour intégrer au mieux les nouvelles fonctionnalités. La modernité et l'agilité ne doivent pas se faire au détriment de l'efficacité et du fonctionnel.
Valentin PRIEUR est Consultant Offer Manager Finance, Immobilier et Achats pour le cabinet mc²i Groupe. Il intervient auprès des entreprises sur des projets de transformation numérique en lien avec les thématiques financières et bancaires.
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