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Daf et RSE : les témoignages des Daf de L'Oréal et Legrand

A l'occasion d'un webinaire organisé par PMP et l'Essec, les Daf de Legrand et L'Oréal sont revenus sur leur contribution à la politique RSE de leur entreprise. Un rôle important que les Daf devront endosser de plus en plus souvent à l'avenir.

Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
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Daf et RSE : les témoignages des Daf de L'Oréal et Legrand

Malgré la crise sanitaire que nous traversons, les entreprises n'ont pas oublié leurs engagements RSE. Ce sujet devient même de plus en plus stratégique et, à ce titre, intéresse davantage les Daf. A l'occasion d'un webinaire organisé par PMP en partenariat avec l'Essec sur le rôle de la direction financière en termes d'engagement RSE, deux Daf sont venus présenter de quelle manière ils s'investissent dans les sujets RSE au sein de leur entreprise : Christophe Babule, directeur général administration et finance de L'Oréal, et Franck Lemery, directeur financier de Legrand. Deux expériences qui montrent que le rôle du Daf en matière de RSE deviendra de plus en plus important à l'avenir.

Demande des investisseurs

"En cette période de crise, l'engagement RSE des entreprises devient encore plus important. Et notamment pour les Daf qui sont en recherche de performance économique : il est important qu'ils confirment leur attachement à la performance extra-financière", a souligné Franck Lemery, à l'occasion de ce webinaire. Christophe Babule ne l'a pas contredit : "Chez L'Oréal nous pensons que pour exister sur le long terme, la performance économique doit aller de pair avec la performance sociale et environnementale. La finance doit donc être au coeur de cette transformation".

Les deux Daf observent par ailleurs qu'ils ne sont pas les seuls à se soucier du sujet RSE, mais que leurs parties prenantes aussi s'y intéressent fortement. "Dans les échanges que nous avons avec les investisseurs mais aussi les analystes financiers et les banquiers, la thématique RSE prend une part de plus en plus importante. Il nous est demandé d'apporter des éléments de performance financière et extra-financière de plus en plus détaillés", raconte Christophe Babule.

Adapter les process financiers à la RSE

Au-delà de l'aspect communication financière, de quelle manière le Daf peut-il contribuer aux sujets RSE ? Franck Lemery situe le rôle du Daf en matière de RSE à deux niveaux. Tout d'abord, au niveau de sa position de directeur financier. "Le Daf est devenu un business partner et est à ce titre très écouté. Il doit faire preuve d'exemplarité et de conviction de manière à ce que l'entreprise honore ses engagements", estime-t-il.

Deuxième niveau d'engagement : mettre au service de la RSE et de la performance extra-financière les process ?qui servent historiquement à pousser la performance financière. "Il faut adapter les modèles décisionnels pour embarquer les objectifs RSE. Les investissements environnementaux doivent par exemple bénéficier de critères plus souples que les investissements classiques", ajoute Franck Lemery. Le CFO parle également de politique fiscale, de compliance, d'éthique des affaires... Autant de sujets sur lesquels le Daf peut intervenir.

Christophe Babule cite par ailleurs l'aspect normatif : "Le Daf peut définir des indicateurs de suivi, faire évoluer la grammaire", note-t-il. Il évoque également le sujet de l'impact investing, que les Daf sont tout à fait en mesure d'adresser. Chez L'Oréal, une enveloppe de 150 millions d'euros a été débloquée en 2020 à destination de programmes RSE : 100 millions ont justement été dédiés à de l'impact investing et 50 millions au soutien aux femmes en situation de grande vulnérabilité.

Intégrer l'extra-financier dans les comptes

Christophe Babule pense cependant qu'il est possible d'aller plus loin. Son prochain défi : faire en sorte d'intégrer la performance financière et extra-financière dans la lecture des comptes au quotidien. "Nous aimerions faire en sorte d'avoir un compte d'exploitation carboné de manière à ce que demain l'ensemble des décideurs du groupe aient une vision économique complémentée d'une vision extra-financière afin de les guider dans leurs décisions", explique-t-il.

Le CFO regarde de près des sujets émergents comme la comptabilité environnementale. "Nous souhaitons tester plusieurs solutions en interne car l'heure est à l'action et non plus à la réflexion", insiste-t-il. En effet, le sujet environnemental devient urgent et la finance, le nerf de la guerre, peut certainement contribuer à accélérer les choses.

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