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La puissance financière au service de l'ambition RSE

A l'occasion d'un webcast organisé par PwC, Christophe Babule, CFO groupe de L'Oréal, a décrit la façon dont sa direction financière intègre les enjeux RSE. L'enjeu consiste à trouver le meilleur chemin pour que la puissance financière du groupe soit au service de l'ambition RSE tout en continuant à créer de la valeur.

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
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La puissance financière au service de l'ambition RSE

D'après l'étude de PwC sur les priorités 2023 des directions financières, 73% des directions financières prévoient de faire évoluer d'ici 3 ans leur modèle de pilotage pour intégrer les dimensions RSE. Mais qu'est-ce que cela veut dire concrètement ? Comment la direction financière doit-elle évoluer pour intégrer les dimensions RSE ? Eléments de réponse avec Christophe Babule, Group Chief Financial Officer de L'Oréal, qui a livré son expérience à l'occasion d'un webcast PwC consacré à l'intégration des enjeux RSE dans les directions financières.

Financer la RSE

Mieux intégrer la RSE au sein de la direction financière est, aux yeux de Christophe Babule extrêmement important. Ne serait-ce que pour financer les objectifs ambitieux du groupe en matière d'émissions carbone, de consommation d'eau. « Nous devons trouver le meilleur chemin de crête pour que la puissance financière du groupe soit au service de cette ambition tout en continuant à créer de la valeur », avance le CFO.

Cela veut dire définir, au niveau de la direction financière, des objectifs au niveau environnemental et social en partant des objectifs groupe. « On décline des objectifs groupe vers des business units en les rendant plus opérationnels. Aujourd'hui l'ensemble de nos pays et de nos marques ont des objectifs en matière de RSE et ils rentrent dans le calcul des bonus des managers. La RSE fait partie du quotidien des employés de L'Oréal », raconte Christophe Babule.

La RSE fait partie de la communication financière

Le CFO se dit par ailleurs de plus en plus questionné sur ce volet ESG par les investisseurs et financeurs. « Les investisseurs sont soucieux de savoir quelle est la performance extrafinacière des groupes et il faut savoir répondre à leurs questions. Cela fait désormais partie de l'agenda de la communication financière », observe-t-il.

Les consommateurs, aussi, qui deviennent plus militants dans leurs actes de consommation, sont sensibles aux questions sociales et environnementales. « J'inclus toujours dans ma communication des éléments de performance extrafinacière. Il s'agit d'être particulièrement précis et honnête sur ces sujets, au risque d'être sinon attaqué par des ONG et de voir la réputation du groupe en pâtir », rapporte Christophe Babule.

Organisation et data

Pour mieux intégrer les enjeux RSE, Christophe Babule a tout d'abord fait évoluer l'organisation et a créé une direction de la « sustainable finance » afin de mieux coordonner les différents métiers qui travaillent sur la RSE. « Dans un groupe comme le nôtre, on a d'une part une direction RSE et d'une part une direction financière », a-t-il rappelé. Cette nouvelle organisation permet donc de mieux répondre aux objectifs fixés en matière de RSE en faisant davantage collaborer les équipes», avance-t-il.

Le CFO parle aussi d'un véritable enjeu sur la data. « Il faut pouvoir la repérer dans la société, savoir qui en est dépositaire, définir sa qualité, etc », explique-t-il. Pour pouvoir l'inclure ensuite dans la communication à destination des investisseurs mais aussi du grand public. Mais aussi réussir à construire des reportings extra-financiers de qualité.

Le reporting, métier de la finance

Car le reporting extra financier est moins centralisé qu'un reporting financier, il est plus capillaire, des données pouvant venir de toute l'entreprise, des fonctions support jusqu'aux usines. « Nous sommes en train de définir qui va piloter ce reporting », indique Christophe Babule, insistant sur le fait que le reporting extrafinancier doit avoir le même niveau de qualité que le reporting financier.

Si le groupe n'est pas encore complètement arrêté sur la personne exacte qui va prendre en main cet exercice, elle émanera forcément de la direction financière. « Le reporting est un métier et la finance le fait déjà pour l'ensemble des métiers. C'est elle qui a la maîtrise des outils, qui sait animer, qui a les réseaux, etc », met en avant Christophe Babule. Cela permet aussi de proposer au comité d'audit, qui sera garant de l'intégrité du processus d'élaboration du reporting extra-financier à partir de la mise en application de la CSRD, un interlocuteur unique. La direction financière a donc plus que jamais un rôle à jouer dans le domaine de la RSE.

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