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La CSRD va inévitablement rapprocher la fonction RSE et la fonction finance

Si l'année 2023 a été l'année de l'adoption de la nouvelle réglementation européenne CSRD relative à la durabilité, 2024 sera définitivement celle de sa mise en oeuvre avec ses premiers impacts sur la gouvernance, l'organisation et les outils.

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La CSRD va inévitablement rapprocher la fonction RSE et la fonction finance

La CSRD doit permettre de rendre le reporting extra-financier aussi essentiel et robuste que le reporting financier. Ces nouveaux enjeux de reporting de durabilité vont donc naturellement rapprocher la fonction financière accoutumée à la production « industrielle » de reporting et la fonction RSE qui va devoir développer son reporting au regard des nouveaux risques extra-financiers directement liés au réchauffement climatique et à l'atteinte des limites planétaires.

Le reporting extra-financier actuel issu de la réglementation NFRD-DPEF met l'accent sur les actions engagées et leurs résultats où les chiffres servent d'illustration. La CSRD, au travers des ESRS, impose plus de rigueur. On peut donc s'attendre à ce que les chiffres constituent le point de départ de l'analyse de la performance extra-financière et que les explications illustrent les résultats chiffrés et non l'inverse comme aujourd'hui. Le reporting extra-financier se rapprochera donc du reporting produit par la direction financière.

À la différence du reporting financier principalement monétaire, le reporting extra-financier se caractérise par une plus grande complexité du fait d'une multitude d'unités de reporting telles que des tonnes de CO2, des m3 d'eau, des kg de déchets, des GW d'électricité renouvelable ou des km parcourus... La prise en compte de cette complexité ainsi que des nouvelles attentes de la CSRD va nécessiter un accroissement des ressources de reporting, une évolution des profils recrutés mais aussi une adaptation des outils de reporting extra-financiers.

Pour faire face à cette transformation, certaines sociétés ont déjà fait le choix de constituer une équipe « finance durable » pour prendre en charge ce nouveau reporting. Au-delà de la consolidation des données, cette équipe doit assurer la cohérence des données collectées afin qu'elles puissent être auditées avec autant de rigueur que les données financières. En effet, ces données auront vocation à être discutées lors des réunions du conseil d'administration et certifiées par les organismes tiers indépendants (OTI).

Si la CSRD est aujourd'hui perçue comme un exercice de reporting, c'est avant tout la redéfinition de la ligne de départ qui est en jeu et non la définition de la ligne d'arrivée. Au cours de l'année 2024, ce reporting de durabilité va mettre en exergue de nouveaux enjeux qui vont nécessiter de nouvelles initiatives de la part de la direction RSE. Ces projets auront pour objectif d'adapter le modèle d'affaires de l'entreprise et minimiser ainsi les impacts financiers issus des risques extra-financiers mis en lumière. La direction financière va donc être amenée à se positionner sur le financement de ces projets « extra-financiers ».

La dynamique lancée par la réglementation CSRD va donc amener les équipes finance et RSE à se rassembler sur les sujets extra-financiers. Qu'il s'agisse de la production du reporting extra-financier à court terme ou pour le lancement des initiatives RSE visant à modifier le modèle d'affaires à long terme, les interactions entre les deux fonctions seront plus nombreuses. Elles répondront ainsi aux besoins de transformation attendus par les clients, les régulateurs, les investisseurs et les employés compte tenu du nouveau champ de contraintes imposé par la CSRD.

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