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Hoffmann Green se tourne vers la notation extra-financière pour rassurer les investisseurs

Pour séduire ses partenaires financiers et ses investisseurs, l'entreprise industrielle Hoffmann Green, qui produit des ciments décarbonés, s'est tournée vers la notation extra-financière. Une évaluation qui lui permet de faire évoluer son positionnement en matière de gouvernance, de responsabilité sociale et qui peut devenir un outil de communication très efficace.

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Hoffmann Green se tourne vers la notation extra-financière pour rassurer les investisseurs

Devenir les champions internationaux des ciments décarbonés : fondée en 2015 par David Hoffmann et Julien Blanchard, Hoffmann Green, une jeune entreprise industrielle basée en Vendée, ne cache pas ses ambitions. « La production de ciment génère entre 7 et 8 % des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. Ces émissions sont dues aux process de production très émissifs qui reposent sur la cuisson à très haute température (1 500 degrés) et à très longue durée (18 heures) du calcaire pour produire du clinker, base du ciment ordinaire. La production d'une tonne de ciment ordinaire émet près d'une tonne de CO2 dans l'atmosphère, explique Jérôme Caron, directeur administratif et financier d'Hoffmann Green. Notre modèle repose sur l'économie circulaire. Nous produisons des ciments décarbonés sans clinker à partir de déchets industriels (boues d'argile, laitiers de hauts fourneaux, gypses...) activés à froid avec nos systèmes d'activation brevetés. » Des ciments dont l'empreinte carbone est divisée par 4, voire par 5, en regard d'un produit ordinaire.

Un besoin de légitimer sa maturité financière

Pour financer son développement industriel, cette PME de 60 salariés, qui a réalisé 2,5 millions d'euros de chiffre d'affai­res en 2022, s'est tournée vers la notation extra-finan­cière quelques mois avant son introduction en Bourse en 2019. « La notation extra-financière n'est pas une obligation lorsqu'on est coté en Bourse, mais c'est un must have qui nous a permis d'établir le point zéro de notre maturité en matière d'ESG, d'échanger avec nos investisseurs et d'établir un plan d'action pour nous améliorer », ajoute Jérôme Caron, dont l'objectif est d'atteindre un CA de 120 millions d'euros en France d'ici à trois ans. Une démarche indispensable, selon le Daf, pour lever des fonds en Bourse ou de la dette auprès de banques traditionnelles. « Cette démarche a clairement permis de légitimer et objectiver notre maturité et notre scoring extra-financier auprès de nos banques et de nos investisseurs. Il est important d'avoir ce regard et ce "tampon" extérieurs qui valident les dires de la société et renforcent notre message. Les critères extra-financiers sont aujourd'hui regardés par tous les acteurs institutionnels. Il y a systématiquement des échanges et des questions des banques et des investisseurs sur ces indicateurs », ajoute Jérôme Caron, qui a récemment souscrit un emprunt « vert » dont les taux d'intérêt sont indexés sur la performance extra-financière de la société.

Structurer une démarche

Les performances ESG de la société sont évaluées tous les ans par deux acteurs indépendants, spécialisés dans la notation extra-financière. Hoffmann Green a ainsi obtenu en 2022 la note de 63 de la part du cabinet Ethifinance, en progression de neuf points en deux ans. Cette évaluation positionne la PME à la 131e place du panel ESG 230 de Gaïa Rating et en 23e position parmi les 78 entreprises du panel réalisant moins de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires. En parallèle, la société a reçu la note de 20,8 de la part du cabinet international Sustainalytics, se positionnant au 3e rang parmi les 115 entreprises évaluées produisant des matériaux de construction. Une démarche menée par deux agences de notation de la performance extra-financière qui permet à Hoffmann Green d'analyser avec le plus de justesse possible sa performance extra-finan­cière. « Au-delà de la note, cette notation multicritère nous permet d'avoir des conseils, de structurer notre démarche et de nous mesurer à nos pairs », confesse le Daf, qui a déboursé la somme d'environ 10 000 euros pour la réalisation d'un audit extra-financier.

Cette démarche a notamment abouti, après la mise en oeuvre d'un audit, à la publication annuelle d'un bilan carbone intégrant les émissions directes (scope 1), indirectes liées aux consommations d'énergie (scope 2) et les émissions induites par l'activité de l'entreprise (scope 3), à savoir les immobilisations, intrants, l'achat de matières premières, de services, les déplacements des salariés, ou encore le transport amont et aval des marchandises. Cette démarche a également permis d'identifier des points forts, en matière de critères environnementaux et des axes d'amélioration sur les volets sociaux et de gouvernance. « Nous avons structuré la démarche vis-à-vis des salariés et l'avons rendue très incitative. Tous les collaborateurs sont désormais actionnaires de la société et ont reçu l'équivalent de 6 mois de salaire en actions gratuites », détaille Jérôme Caron, qui a par ailleurs récemment mis en place une charte éthique et des entretiens individuels sur la qualité de vie au travail.

Sur la partie gouvernance, la PME a fait le choix d'une organisation duale à conseil de surveillance et directoire afin de séparer les fonctions de l'exécutif et les fonctions de contrôle. « C'est important pour les investisseurs de s'assurer que nous avons une dissociation dans les prises de décisions, que le pouvoir exécutif est porté par les fondateurs au sein du directoire et que le pouvoir de contrôle reste entre les mains d'un conseil de surveillance formé d'actionnaires et d'indépe­ndants, qui sont là pour superviser et conseiller le directoire », assure Jérôme Caron.

S'intégrer dans une démarche managériale globale

Ces notes, qui sont mises à jour chaque année par les agences de notation après avoir évalué les comportements sociaux et environnementaux de la société, ont également permis à la jeune entreprise de renforcer sa visibilité auprès d'acteurs économiques. « C'est un ensemble de critères. Je pense que cette notation extra-financière a participé à rassurer notre écosystème et nous a permis d'obtenir des aides de la région Pays de la Loire, de la BPI, de l'Ademe, de France 2030 et de l'Europe, et d'intégrer la promotion 2023 de la French Tech 2030 », confesse le Daf.

Une notation qui rapporterait donc beaucoup, à condition d'intégrer cette démarche dans tous les services de la société. « Des indicateurs qui, il y a encore trois ans, n'étaient pas structurés et remontés dans nos systèmes d'information doivent l'être. Tout ce qui est communiqué au marché est présenté en comité de direction, aux collaborateurs et à notre gouvernance. Nous avons un renchérissement de la communication extra-finan­cière à tous les niveaux de l'entreprise. Ces indicateurs extra-finan­ciers ne doivent pas faire l'objet d'un reporting pur pour le marché, mais doivent servir l'entreprise et être intégrés dans une démarche managériale globale », conclut Jérôme Caron.

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