CSRD : comment les DAF relèvent le défi du reporting de durabilité
Les directeurs financiers jouent un rôle majeur dans la mise en oeuvre et le pilotage de la CSRD, en particulier dans les entreprises nouvellement soumises à cette directive. Comment leur métier va-t-il évoluer face à ce nouveau défi ? Comment perçoivent-ils les changements à venir ? La société Tennaxia vient de publier une étude qualitative sur le sujet, menée auprès de DAF de grands groupes français et allemands au dernier semestre 2023.
Profond impact sur la fonction finance
Le sujet CSRD est à la fois nouveau et complexe pour les DAF. Le planning impose notamment une montée en compétences rapide. Rappelons que ce texte, particulièrement exigeant, comprend 12 ESRS (european sustainability reporting standards) qui regroupent près de 1 100 points de données, à la fois quantitatifs et qualitatifs. La directive nécessitera d'appréhender la conformité à la fois en termes de publication, mais aussi de changements financiers et organisationnels à opérer.
« Alors que le reporting sur la performance financière est bien établi et compris, la CSRD introduit un environnement complètement nouveau qui suppose de développer une expertise complémentaire en interne et de créer de nouveaux outils et configurations de reporting pour répondre aux nouvelles obligations », témoigne ainsi un répondant de l'enquête.
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Les professionnels interrogés anticipent, voire ressentent déjà pour ceux qui ont démarré, une charge de travail accrue, des compétences nouvelles à acquérir et des équipes à restructurer : « Le processus d'audit nécessite des ressources supplémentaires, car nous devons collecter une quantité importante de données auprès de différents services, impactant non seulement le service financier mais l'ensemble de l'entreprise. Cela ajoute environ 20 % de charge de travail supplémentaire pour collecter les données nécessaires au rapport final. »
Le défi de la collecte des données extra-financières
La première étape de la démarche induite par la CSRD consiste à déterminer où sont les données, qui les détient, dans quel format, etc. Un effort de gouvernance de la data qui s'avère d'autant plus difficile pour les informations concernant toute la supply chain. Les DSI seront également impliqués sur ce point.
« La collecte de données sur le développement durable et les critères ESG constitue un défi de taille. Le problème clé est que ces données sont actuellement dispersées », explique un répondant. « Le défi ne consiste pas seulement à mettre en place des systèmes, cette partie est relativement simple. Le véritable obstacle pour ce projet est d'obtenir ces points de données. Ils ne font pas partie d'un seul système. Au lieu de cela, ils sont répartis dans toute l'organisation, souvent sous différents formats et à différents endroits. »
Rapprochement avec les équipes RSE
Enfin, la directive CSRD implique une collaboration accrue entre les fonctions finance et RSE. Ce désilotage produit des effets bienvenus pour l'entreprise : « Cette collaboration a permis de développer des expertises complémentaires au sein des équipes financières. Ils s'efforcent d'intégrer les facteurs de performance ESG dans leurs systèmes globaux de reporting. Il en résulte un niveau de dialogue interne plus élevé et une intégration croissante des actions entre ces équipes. »
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Les changements induits par la CSRD sont globalement perçus comme positifs par les directions financières, même si la dimension de contrainte est souvent relevée. Les DAF interrogés dans le cadre de l'enquête Tennexia ont bien conscience, par ailleurs, des enjeux et des risques inhérents à ce texte, principalement réputationnels et financiers, en termes notamment de perte de chiffre d'affaires ou de financements auprès des banques et investisseurs.
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