Blue bonds : la nouvelle vague d'émissions obligataires ?
Si les green bonds font les gros titres de la finance durable, les blue bonds ou émissions obligataires bleues liées à la préservation de l'eau sont encore peu connues des daf. Définition mal cadrée ou projets encore trop peu nombreux, ce type d'émissions pourrait cependant avoir un bel avenir. Explications.
Le "One Ocean Summit", sommet mondial qui s'est tenu à Brest, du 8 au 11 février dernier, pour la sauvegarde des océans a remis en lumière les enjeux environnementaux lié à l'eau. Des problématiques dont la finance durable n'est pas exempte. Et si les green bonds font les gros titres, « Dans la catégorie des sustainability bonds, encore trop peu connaissent les blue bonds », souligne Brice Javaux,Senior Manager, ESG & Finance Durable chez KPMG France. S'il n'existe pas de « définition très précise », on appelle blue bonds ou obligations bleues, les émissions obligataires qui fonctionnent sur le même modèle que les green bonds mais qui concernent des projets marins et océaniques et ont des retombées positives pour l'environnement, l'économie et le climat. « Dès lors, on peut imaginer un grand nombre de déclinaisons de termes liés au « green » comme les climate bonds, les transition bonds, pourquoi pas dans un avenir très proche les biodiversity bonds, ... », souligne Brice Javaux.
Des projets encore peu nombreux
Pour rappel, il existe des cadres pour les émissions obligataires. Les principes de l'ICMA (International Capital Market Association) pour la transparence et le reporting dans un souci de traçabilité des émissions mais également les critères sur les caractéristiques des projets financés détaillés par la CBI (Climate Bonds Initiative) qui pour certains d'entre eux « pourraient caractériser un projet blue ». D'une façon générale, les projets qui peuvent faire l'objet de blue bonds et liés à la préservation de l'eau peuvent concerner « les pays impactés par la hausse des océans, des projets liés à la dépollution de l'eau ou de préservation de la biodiversité marine, ..., énumère Brice Javaux de KPMG. Cependant cela reste un marché de niche car le nombre des projets sont restreints et la définition qui mériterait d'être plus cadrée. On pourrait imaginer des associations professionnelles de chalutiers qui souhaiteraient financer des moteurs électriques pour équiper leurs bateaux par exemple - attention cependant aux risques de bluewashing, ... » Sur le principe, les entreprises dont le métier est lié à l'eau peuvent être intéressées pour lever des fonds de ce type comme Séché Environnement, Veolia, Suez, ...
3 milliards de « water bonds » levés par la Banque Mondiale
Les « blue bonds » ne datent pas d'hier. Les premiers blue bonds ont ainsi émergé dès 2018 (Seychelles Blue Bond, Nordic Sea Blue Bond). De même, dès 2018, la Banque Mondiale a lancé une série d'émissions obligataires afin « d'éveiller les consciences » dans la préservation des océans avec un objectif final de 3 milliards de dollars de « water bonds » afin de répondre aux objectifs de développement durable adopté en 2015 par l'Organisation des Nations Unies. Enfin, Bank of China a émis la première obligation bleue ou « blue bond » en 2020 dans le but de financer 25 projets essentiellement sur de l'éolien off shore afin de préserver les océans. Cette obligation à double monnaie devrait permettre de lever l'équivalent de 942 millions de dollars US pour la protection des océans.
« Les Daf commencent à s'intéresser à ce type d'obligations, compte tenu de leurs projets mais également de la taxonomie européenne qui fixe, parmi ses 6 objectifs, la préservation du climat mais également de la biodiversité », précise Brice Javaux. Et si d'une manière globale, les mécanismes d'obligations sont assez lourds, avec une durée (de maturité) de 6 à 8 ans et supérieurs en général à 50-60 millions d'euros. « C'est aux Daf de chercher et de creuser le type d'émissions qui pourrait leur convenir », conclut Brice Javaux.
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