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54% des entreprises utilisent encore et seulement Excel dans les processus financiers !

Process, KPI, défis, où en est le contrôle de gestion? Cécile Falchier, CFO Entreprise Market Europe de Sage, nous livre les tendances de l'Observatoire du contrôle de gestion 2015. Au menu? Excel toujours présent, maigre place de l'IT, fort intérêt pour le real time.

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Les Daf sont-ils prêts à abandonner leurs bons vieux fichiers Excel?
Les Daf sont-ils prêts à abandonner leurs bons vieux fichiers Excel?

Vous avez présenté au 45e Congrès mondial de l'International Association of Financial Executives Institutes (IAFEI) les grands enseignements du 5e Observatoire International du contrôle de gestion. Commençons par le positif...

Cécile Falchier, CFO Entreprise Market Europe de Sage

La bonne nouvelle c'est que les financiers passent moins de temps qu'en 2014 sur la production de données, une tâche chronophage et à peu de valeur ajoutée. Cette décélération est une tendance forte(1). L'autre tendance(1), positive, c'est que les contrôleurs de gestion ont une perception de leur valeur ajoutée dans les processus budgétaires et prévisionnels comme plus conséquente que l'année précédente. Mais en négatif, l'activité IT system ne prend guère de place dans le contrôle de gestion, que ce soit en terme de temps ou de valeur ajouté.

Ce peu d'intérêt pour l'IT vous interpelle ou vous inquiète ?

Il est inquiétant, selon moi. Si l'on veut bien admettre que management control équivaut au contrôle de gestion, les résultats de l'Observatoire font apparaître que le financier n'est pas suffisamment impliqué dans les choix des systèmes d'information, ce qui peut entraîner des problèmes sur la restitution de l'information, dans sa structure ou sur la qualité des données.

Le financier travaille-t-il suffisamment avec la fonction SI? Il semble que non, surtout si l'on tient compte d'un autre élément: 54% des répondants utilisent encore et seulement excel dans les processus financiers (2) (à ce propos lire aussi: Tuer la circulation des fichiers Excel dans le processus budgétaire, c'est possible!)! Ces deux éléments combinés m'interpellent parce que le challenge de la direction administrative et financière, c'est le management de l'information. Le digital, le big data, et le real time devraient donc être au coeur des préoccupations des financiers. Et ce n'est pas le cas au vu de l'observatoire 2015.


En page suivante: les financiers et le big data, le real time...


(1) Les chiffres précis seront publiés dans un prochain numéro des Cahiers Techniques de la DFCG, laquelle a réalisé pour la 5e année cet observatoire, en partenariat avec l'IAFEI et Décision Performance Conseil.
(2) 47% des répondants du panel exercent au sein d'entreprises réalisant moins de 50 millions de CA.

Le big data n'intéresse pas les financiers? Pourquoi?

À la question "avez-vous déjà entendu parler de problématiques big data au sein de votre entreprise?", seuls 27% des financiers exerçant dans des entreprises de moins de 100 salariés ont répondu "oui", 45% pour les sociétés comptant entre 100 et 999 salariés et 54% pour celles de plus de 1000 et de moins de 25000 salariés. Retard de l'entreprise en la matière, manque d'intérêt du Daf, complexité du sujet, les raisons sont sans doute multiples. Le big data oblige à reprendre les KPI pour intégrer les données dans le système de la performance de l'entreprise. Prédictibilité et support à la stratégie relèvent du périmètre du financier, qui doit donc se saisir du big data.

À défaut, c'est le positionnement même de la fonction finance dans l'entreprise qui sera remis en cause, au profit d'autres fonctions émergentes. Ceci posé, il est indéniable que le big data est pour l'heure surtout exploité côté ventes et marketing, mais il peut aussi être pertinent en terme de régulation, de compliance...

Et concernant le real time, comment le contrôle de gestion l'appréhende-t-il?

De manière assez paradoxale: il apparaît comme le prochain grand défi de la fonction finance dans l'observatoire 2015, mais cela ne cadre pas avec le manque d'intérêt manifesté pour le digital par cette même fonction. Par exemple, la mise à disposition des vendeurs de l'encours client, sur tablette ou smartphone, du real time très bien perçu par les contrôleurs de gestion, requiert que les processus financiers soient sans défaut, parfaitement fluides... et cela le digital le permet.

En vous projetant un peu et sur la bases des éléments de l'Observatoire, quels métiers sont susceptibles d'apparaître dans la fonction finance? Des data scientist ? Des ingénieurs?

Tous les métiers de la finance vont évoluer, j'en suis convaincue car l'exécution pure est amenée si ce n'est à disparaître, du moins à fortement diminuer. Ainsi les solutions de transfert de données dans le processus d'achats vont réduire les activités de la comptabilité.

Côté émergence de compétences, j'en vois deux: la gestion de la transformation dans le cadre du digital et la modélisation de données. Quant à savoir quels intitulés prendront les postes dédiés à ces compétences, c'est par trop difficile. Mais les Daf en poste doivent démontrer une vraie sensibilité digitale et une forte compétence managériale pour accompagner cette évolution.

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