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[Tribune] Déploiement de l'IA dans les entreprises: quels défis pour les services financiers?

Un robot au conseil d'administration, des dépêches générées automatiquement... Les exemples d'applications de l'intelligence artificielle se multiplient, toujours plus impressionnants. Comment la direction financière peut-elle accompagner cette transformation? L'avis d'Emmanuelle Brun Neckebrock.

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[Tribune] Déploiement de l'IA dans les entreprises: quels défis pour les services financiers?

En 2014, la société de capital-risque japonaise Deep Knowledge a été la première entreprise du monde à nommer un robot à son conseil d'administration. La machine a "obtenu" ce poste sur la base de capacités d'analyse et de prédictions des tendances du marché grâce à l'IA (intelligence artificielle) beaucoup plus rapides que les humains, et, avec le temps, elle obtiendra une voix à part entière dans les décisions financières prises par l'entreprise.

Depuis quelque mois, Associated Press utilise une IA sur 4000 ordinateurs de son réseau pour générer de nouvelles dépêches sur les bénéfices des entreprises. À partir de données brutes, ce système écrit des communiqués de presse qui semblent rédigés par un humain. Dans ce contexte, on en arriverait même à se demander si le travail humain a un avenir.

La fin du travail humain?

Nuançons tout de suite ces propos, car cette issue pour les "salariés humains" n'est pas pour demain. Si dans de nombreux secteurs d'activités, l'homme se fait rattraper, voire dépasser par des technologies de type IA, il ne s'agit pour l'essentiel que de quelques cas d'usage limités au traitement de certaines tâches verticales techniques. L'impact est donc minime et le machine learning et l'IA n'ont alors qu'une vocation d'outil d'amélioration du quotidien proposant des alternatives novatrices ou uniques, ou aidant à trouver de meilleurs processus et modes de fonctionnement pour atteindre les objectifs.

50% des compétences seront obsolètes d'ici deux ans

À titre d'exemple, les machines "écument" les bases de données de CV pour identifier les compétences correspondant à une fiche de poste, ou pour associer bons de commande et factures de façon beaucoup plus rapide et précise que ne le ferait un être humain. C'est un sujet auquel sont confrontées une majorité d'entreprises aujourd'hui. Le rôle de la technologie est de nous rendre tous plus efficaces; la responsabilité des employeurs est de développer et d'adapter les compétences de leur masse salariale au contexte de ce nouvel environnement amélioré.

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Comment mesurer l'impact de ces évolutions?

La conduite du changement en France passe souvent par des démarches pionnières. Si je prends notre exemple au sein du service finance, il a fallu tout d'abord commencer par cartographier l'ensemble des diverses catégories de postes qui pourraient être affectées par ces évolutions. Un travail prédictif a été réalisé sur les réductions d'effectifs prévisibles en raison de ces nouvelles automatisations. Les efforts de formation et de développement personnel nécessaires ont ainsi pu être anticipés de même que les actions à mettre en oeuvre côté employeur.

Un autre exemple illustre bien lui aussi ce propos, celui de la coopération avec l'Essec Business School pour la mise en place d'une initiative de développement RH, conçue pour être utile en entreprise. Axé sur la formation, les objectifs personnels et l'élargissement des compétences dans un environnement de travail marqué par le machine learning et l'avènement de l'IA, le programme, une fois achevé, délivre une certification qui démontre les connaissances du salarié et qui lui bénéficie à long-terme au sein de son entreprise.

60% des postes pour lesquels les recrutements sont à venir d'ici 2030 n'existent pas encore

D'après une étude récente menée par The Boson Project, 50% des compétences seront obsolètes d'ici deux ans, et 60% des postes pour lesquels les recrutements sont à venir d'ici 2030 n'existent pas encore. Cela constitue tout à la fois une opportunité et une responsabilité immenses.

Les services financiers doivent absolument participer à la promotion de ce type d'initiatives auprès des comités de direction pour aider à réduire l'incertitude, néfaste à tout business, et à fournir un leadership clair. Cela est également indispensable pour montrer comment les entreprises peuvent adopter les technologies d'IA - dans un mode de cofonctionnement avec le salarié - et ainsi faciliter les tâches transactionnelles, tout en améliorant le processus.

Le développement de l'IA présente un tel potentiel qu'il est aujourd'hui illusoire d'imaginer l'avenir sans elle. Chaque entreprise possède, certes, son propre rythme de croissance; et si les technologies en matière d'IA évoluent continuellement, certains secteurs seront plus impactés que d'autres. Mais au final, la transition doit absolument être menée. L'impact positif sur les entreprises, et plus largement sur la société, est immense. Le postulat de l'IA est sa capacité à l'apprentissage continu à partir des données qu'elle collecte. Nous, les humains, serions bien avisés d'en faire autant pour développer nos compétences et construire le travail de demain, au sein duquel l'IA occupera une place conséquente.

L'auteur

Emmanuelle Brun Neckebrock, directrice financière SAP France

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