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Dématérialisation, cloud, automatisation, robot, IA: le Daf opère sa mue!

La transformation numérique bouleverse les entreprises... et touche aussi les Daf, qui doivent se mettre au goût du jour! Sans devenir des spécialistes du digital, ils doivent au moins comprendre de quoi il s'agit. Une évolution en douceur mais qui se révèle être une vraie tendance de fond.

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
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Dématérialisation, cloud, automatisation, robot, IA: le Daf opère sa mue!

Après le Daf "business partner" le Daf "data scientist"? La transformation numérique des entreprises ne va pas se faire sans une transformation de la fonction finance. Ce sont les Daf eux-mêmes qui le disent: 70% des Daf interrogés pour une étude PwC (septembre 2016) pensent que la transformation numérique va changer leur fonction. "Et seuls 13% pensent être prêts", ajoute Arnaud Rémy, directeur de PwC Consulting Finance.

Car avec la dématérialisation, le cloud, l'automatisation et même la robotisation, les directions financières vont se délester de certaines tâches. Mais pour se concentrer sur de nouvelles: analyse de données, finance prédictive, etc. Ce qui veut dire que de nouvelles compétences vont devoir être acquises, par les équipes de la direction financière, mais aussi par les Daf eux-mêmes. Le Daf de demain sera digital ou ne sera pas.

Comprendre les enjeux sans devenir un technicien

Fabien Dawidowicz, Daf groupe de John Paul, le reconnaît: "Nous sommes obligés, en tant que Daf, d'aller chercher des solutions plus numériques." Et de préciser: "Chez John Paul, nous avons mis en place la dématérialisation des achats, l'année dernière, et nous sommes en train d'automatiser des tâches récurrentes. Et nous travaillons avec des fintech, notamment pour la dématérialisation de la carte bancaire." Par ailleurs, tous les outils comptables étant en mode SaaS, Fabien Dawidowicz peut travailler à distance, et le système de reporting a délaissé Excel pour un outil dédié. "Je me verrais mal, aujourd'hui, continuer mon métier sans le digital", résume Fabien Dawidowicz.

L'exemple du Daf de John Paul est emblématique de ce que sont en train de vivre les Daf: le numérique s'installe petit à petit dans leur quotidien. "La transformation de la direction financière a commencé avec des choses basiques, comme le traitement des factures. Aujourd'hui, le cloud est en plein essor. Le Daf doit donc être à l'aise avec les solutions informatiques", conseille Axel de Schietere, principal au sein de la practice services financiers d'Heidrick & Struggles.

En effet, qui dit évolution de la fonction finance et apparition de nouveaux outils, dit nouvelles compétences à acquérir. "Le Daf doit être au fait de la gestion et de l'utilisation du big data dans l'objectif de fournir une information de plus en plus pointue, souligne Jerry Knock, directeur associé chez OasYs Consultants. Il doit réussir à incorporer ces données dans l'analyse financière afin de nourrir une stratégie de long terme."

Quelles formations pour devenir un pro du digital ?

"Il faut comprendre qu'il est essentiel d'intégrer une dimension formation dans sa carrière, sous forme de formation continue ou d'échanges avec des personnes qui possèdent les compétences que l'on n'a pas", déclare Philippe Denery, dga finances achats de TF1.

En effet, avec la transformation numérique, une formation est bien souvent indispensable. Mais laquelle choisir? "Des formations "institutionnelles" existent déjà sur la gestion de communautés, la data science ou le digital au sens large", rapporte Arnaud Rémy, directeur de PwC Consulting Finance. Côté formation initiale, également, les futurs financiers sont formés aux notions du digital.

À l'Essca, par exemple, les deux masters finance ont intégré un module sur l'aspect fintech.

"Nous avons souhaité former des financiers pour qu'ils puissent dialoguer avec des gens qui savent coder", explique Jean-Louis Bertrand, responsable du master innovation financière et fintech de l'Essca. Des cours de data mining et de datavisualisation sont également dispensés.

Il est aussi possible de se former auprès de cabinets de conseil ou d'éditeurs. " Les cabinets d'audit proposent des formations spécifiques aux nouveaux outils ", rapporte Hubert Demaison, associé Adven Transition. Philippe Denery dit, quant à lui, suivre le sujet des nouvelles technologies à travers les parties prenantes telles que les commissaires aux comptes, les fournisseurs, etc. : " Je suis réactif par rapport à ce qu'ils anticipent et mettent en oeuvre. " Les Daf soucieux de se former à ces questions peuvent également suivre des Moocs, regarder des vidéos YouTube, lire la presse spécialisée ou encore assister à des conférences. " Je n'ai pas suivi de formation spécifique à l'IT mais je regarde ce qui se fait ailleurs ", témoigne Fabien Dawidowicz, Daf de John Paul.

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Un Daf "data scientist" serait donc en train de voir le jour? Ce n'est pas tout à fait ce que pense Sabine Bechelani, associée chez EY: "Le Daf doit être en mesure de comprendre l'ensemble de ces sujets mais ne doit pas pour autant devenir un expert, selon elle. Il doit comprendre les enjeux, se préparer à cette évolution en s'informant et savoir bien s'entourer." Même observation du côté de Bruno Fadda, directeur associé de Robert Half International France: "Le digital est de plus en plus présent au sein des entreprises mais les compétences demandées au sein des directions financières restent classiques. La direction financière est bien cliente de la digitalisation, mais les personnes de la DSI sont là pour les guider."

Le Daf doit donc conserver son rôle de "business partner" sans obligatoirement se muer en "data scientist". Mais il ne peut pas pour autant ignorer le digital. "Le Daf doit désormais être en mesure de comprendre les enjeux autour de la "process intelligence", des "data sciences", de la robotisation ou de la blockchain. Et si besoin, il doit savoir sponsoriser leur mise en oeuvre auprès de son comité de direction ou des actionnaires", pense Arnaud Rémy. Et ce, ­d'autant plus si le modèle économique de l'entreprise est impacté par le digital.

Cap sur l'agilité

Si le Daf doit acquérir des connaissances techniques pour accompagner la transformation numérique de son entreprise, il doit aussi et surtout savoir s'adapter au changement. En effet, un des aspects du digital est son caractère évolutif: on ne sait pas encore quelle sera l'innovation de demain et encore moins celle d'après-demain.

Le Daf doit donc être agile. "Plus qu'une compétence spécifique, c'est l'agilité qui est recherchée, approuve Bruno Fadda. Les entreprises souhaitent que les Daf puissent intervenir sur des sujets pas forcément définis au départ, qu'ils soient capables de faire le grand écart."

L'agilité est donc la nouvelle compétence-clé de tout bon Daf. "Sont désormais recherchés des gens qui sauront faire plutôt que des gens qui ont déjà fait", ­rapporte Mikaël Deiller, directeur finance et comptabilité pour Michael Page Interim Management.

Cette capacité d'adaptation, de proactivité, le Daf doit pouvoir la démontrer au travers de ses différentes expériences. "Un Daf qui reste tout le temps au même endroit cultivera moins bien ses savoir être, qui sont désormais la clé. Il faut donc bouger, saisir les opportunités à l'international, changer d'entreprise, etc., conseille Jerry Knock. L'international, surtout, est une bonne école, car on y développe agilité et capacité d'adaptation à une autre culture."

Finalement, le Daf d'aujourd'hui doit être avant tout curieux, ouvert aux nouvelles expériences, proactif... Les Daf talentueux d'hier devraient donc continuer à être ceux de demain.

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