Comment les données comptables ont été discréditées par la crise
La crise sanitaire aurait entraîné une baisse de la fiabilité des données comptables ! C'est bien ce que suggère la dernière étude de BlackLine, selon laquelle les incertitudes et l'imprévisibilité engendrées par la crise auraient amené Daf et cadres dirigeants à remettre leurs chiffres en question.
L'instabilité qui a découlé de la crise a limité la capacité des Daf et cadres dirigeants à réagir vite face aux fluctuations des marchés. Souffrant d'un manque de visibilité, leur confiance dans leurs données financières a baissé. En effet, selon la dernière étude* de BlackLine, qui a analysé l'impact de la crise sanitaire sur la fiabilité des données financières, seulement 57% des cadres dirigeants étaient confiants quant à la précision de leurs données en 2020, alors que ce pourcentage s'élevait à 95% en 2018 !
En France, ces chiffres sont encore plus bas ! seulement 26% des professionnels seraient confiants quant à la précision des informations utilisées pour leurs analyses et prévisions financières. Encore plus décourageant, 11% des dirigeants français, souvent très sollicités par les conseils d'administration lors de la planification de scénarios financiers et tests de résistance, admettent n'avoir eu aucune visibilité sur ces planifications, pourtant un facteur essentiel dans la gestion de la crise.
Le télétravail remis en cause
Pourquoi cette méfiance ? Selon le sondage, les dirigeants attribuent leur manque de confiance à 3 raisons principales: la première serait la provenance des données d'un grand nombre de sources. Selon Lucie Bordelais, VP régionale EMEA de BlackLine, "la multitude de sources et de systèmes a complexifié la construction de la donnée financière, surtout dans un contexte de crise, qui a vu les responsables financiers être mis sous pression pour présenter des chiffres à jour très régulièrement".
En deuxième lieu, le télétravail aurait joué un rôle, le travail à distance aurait laissé des doutes sur la fiabilité des données financières fournies par les équipes. Lucie Bordelais explique"Beaucoup de DAF ont mis en place des outils de contrôle leur permettant d'obtenir davantage de visibilité sur la construction et la conformité des états financiers, facteur essentiel pour prendre les bonnes décisions".
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En troisième lieu, les dirigeants citent les tableurs lourds et processus obsolètes, n'offrant aucune visibilité avant la fin du mois.
La transformation numérique en premier plan
Pour face à la pression accrue d'avoir des informations en temps quasi-réel sur leur performance, les entreprises ont accéléré leurs projets de transformation numérique : 28% ont investi dans les nouvelles technologies, déployant des solutions d'automatisation comme la robotique et le ''machine-learning'', dont les capacités analytiques leur permettent d'obtenir davantage de précision, de visibilité, et de fiabilité sur leurs données financières.
Selon Lucie Bordelais, la numérisation des entreprises est bien une conséquence directe de la crise : "Bien qu'au début de la crise beaucoup de projets se soient arrêtés, les investissements dans des projets d'accélération et de transformation numérique sont repartis à la hausse depuis la fin de l'année. Les dirigeants sont conscients de l'importance d'avoir accès à des informations financières précises et complètes pour prendre des décisions rapides et intelligentes, et sont prêts à agir en vue de garantir l'intégrité de leurs bilans comptables et la fiabilité de leurs rapports financiers à leur organisation".
En phase de sortie de crise, pour les entreprises cherchant à se préparer au mieux pour entamer la phase de relance, les informations financières demeurent un enjeu crucial. Pour près de 30% des DAF et cadres dirigeants, il est désormais plus urgent que jamais de s'y appuyer pour revoir leurs processus stratégiques, financiers, et de planification.
Pour Lucie Bordelais, cela constitue une étape essentielle pour les prochains mois: "les entreprises doivent revoir et transformer leurs modes de fonctionnement pour assurer une planification minutieuse et anticiper les différents scénarios possibles. Celles qui y parviendront seront en bonne position pour survivre, ou prospérer dans les mois à venir'' et de conclure " je pense qu'on va observer un retour de la confiance dans les chiffres dans les mois qui viennent, une fois que le niveau de confiance général augmenté".
*Enquête menée en ligne en novembre 2020 par Censuswide, auprès de 1300 cadres dirigeants et professionnels de la finance d'entreprises dont le CA annuel est supérieur ou égal à 50 millions d'euros, dans 7 pays.
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